En meeting à Anvers, l'extrême droite flamande parie sur un vote "historique" le 9 juin

Des sympathisants du parti d'extrême droite flamand Vlaams Belang lors d'un meeting, le 2 juin 2024 à Anvers (Simon Wohlfahrt)
Des sympathisants du parti d'extrême droite flamand Vlaams Belang lors d'un meeting, le 2 juin 2024 à Anvers (Simon Wohlfahrt)

"Le 9 juin on a rendez-vous avec l'histoire": le parti d'extrême droite flamand Vlaams Belang a promis dimanche d'être la surprise des élections, et de devenir la première force politique du nord néerlandophone de la Belgique pour y imposer son agenda indépendantiste et anti-immigration.

Cette formation, qui est l'alliée en Europe du Rassemblement national (RN) français et du Parti pour la liberté (PVV) du Néerlandais Geert Wilders, tenait dimanche à Anvers (nord) son grand meeting de fin de campagne, devant quelque 2.500 sympathisants, cadres et élus chauffés à blanc.

Le 9 juin, les Belges renouvellent tous les Parlements du pays, le national et ceux des régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles), en même temps qu'ils élisent leurs eurodéputés.

Le Vlaams Belang (VB), en tête des sondages en Flandre, crédité de 27% des intentions de vote, pourrait détrôner l'Alliance néo-flamande (N-VA, droite conservatrice) comme premier parti de la région belge la plus peuplée.

Ce parti espère ainsi contraindre la N-VA, à la tête du gouvernement régional depuis dix ans, à former une coalition qui emprunterait enfin le chemin de l'indépendance de la Flandre, selon les ambitions exprimées dimanche. Un scénario jugé très incertain par les politologues.

"La Flandre est à nous et doit toujours le rester", lance depuis le pupitre Britt Huybrechts, tête de liste du parti en province du Brabant flamand.

Incarnation d'une jeune génération séduite par le discours de l'extrême droite --elle a 24 ans--, cette ancienne responsable d'une organisation étudiante identitaire est très applaudie en assimilant immigration et insécurité.

Dans les travées, certains supporters du Vlaams Belang citent volontiers en exemple la "belle victoire" électorale de Geert Wilders fin 2023 dans les Pays-Bas voisins.

- "Un véritable changement" -

C'est clairement un motif d'espoir, selon Joris Ywein, 28 ans, assistant du groupe VB au Parlement flamand.

"Aux Pays-Bas tout le monde disait qu'il était trop radical pour parvenir au pouvoir. Vous voyez qu'il a finalement conclu un accord de gouvernement", ajoute ce candidat à un siège de député régional. "Dans toute l'Europe les gens se tournent vers les partis patriotes qui proposent un véritable changement".

Le président du VB, Tom Van Grieken, dernier à monter à la tribune, a été acclamé dans une ovation debout en se présentant comme le leader "incontournable" au soir du 9 juin.

"Si on frôle les 30% et qu'eux (la N-VA, ndlr) ont 20-22%, ils seront bien obligés de faire alliance, parce que leurs électeurs y sont majoritairement favorables", croit savoir Filip De Man, un des trois eurodéputés sortants du VB, candidat à sa réélection.

"Le niveau fédéral ne fonctionne plus du tout", ajoute cet élu à l'AFP. "Dans les cinq ans à venir, il faut des pourparlers entre les gouvernements flamand et wallon pour voir comment on va scinder le pays en deux de façon diplomatique et convenable".

Filip De Man souligne son souhait de voir les régions prendre le contrôle, entre autres, de la Sécurité sociale.

Un des arguments favoris du Vlaams Belang, qui se présente comme "le parti du peuple flamand", anti-élites et anti-mondialisation, est que les aides sociales doivent revenir d'abord aux nationaux.

Dans l'assistance, deux types de pancartes sont brandies: l'une appelle à "davantage de pouvoir d'achat", l'autre à "moins d'immigration", deux thématiques indissociables selon le VB.

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