Législatives : Gabriel Attal, François Ruffin, Marie-Caroline Le Pen... Les 16 circonscriptions à suivre au second tour

Tandis que 76 députés ont réussi à être élus dès le premier tour dimanche 30 juin -dont 39 RN et ses alliés- certains poids lourds, y compris des ministres, remettent en jeu leur place dans l'hémicycle lors au 2e, le 7 juillet. Majorité, extrême droite, Républicains et Insoumis… BFMTV.com vous fait le point sur les duels et les triangulaires à suivre.

Après le premier tour des élections législatives, c'est une vague bleu marine qui devrait déferler dans les travées de la future Assemblée nationale. Le Rassemblement national, allié au LR Éric Ciotti est sorti vainqueur du scrutin du dimanche 30 juin en remportant 33,14% des voix (18,7% en 2022). L’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), obtient 27,99% (25,6% en 2022). Ensemble, la coalition présidentielle, chute à 20,04% (25,7% en 2022).

Pour ce deuxième tour dimanche 7 juillet, rien n'est joué. Et aucun pronostic ne peut prédire précisement l'issue du scrutin. Certains ministres ou ex-ministres, poids lourds de la majorité pourraient ne pas être reconduits. Tout comme certaines figures historiques et médiatiques du Parlement. Voici les 16 circonscriptions à avoir dans le viseur le soir du second tour, BFMTV.com fait le point sur les duels ou triangulaires à suivre.

• Gabriel Attal

Dans la 10e circonscription des Hauts de Seine, il jouit d'une situation relativement confortable mais joue gros. L'actuel Premier ministre, Gabriel Attal, est arrivé en tête du premier tour des législatives dimanche 30 juin avec 43,85% des voix.

Malgré un bon score, il n'est pas aussi à l'aise qu'en 2022 pour le second tour du 7 juillet prochain. Huit points seulement le séparent de la candidate socialiste, Cécile Soubelet. Investie sous la bannière de la gauche unie, baptisée Nouveau Front populaire, cette dernière s'est qualifiée avec 35,53% des suffrages exprimés.

Le candidat RN, en troisième position avec 12,21% des voix, n'est pas qualifié.

Gabriel Attal peut cependant compter sur un des départements où les résultats du camp Macron aux élections européennes de juin ont été meilleurs qu'au niveau national.

• Gérald Darmanin

Le front républicain suffira-t-il à Gérald Darmanin, déjà élu député ici en 2012 et en 2022, pour décrocher une 3e victoire dans la 10e circonscription du Nord? Rien n’est moins sûr. Troisième qualifiée, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) Leslie Mortreux (24,8%), s’est désistée pour faire barrage à l’extrême droite. Mais sans toutefois appeler à voter pour le ministre de l’Intérieur. Les reports de voix de gauche sur sa candidature sont incertains.

Arrivé en tête dans sa circonscription de Tourcoing (36%), il devance de seulement 900 voix le candidat RN Bastien Verbrugghe (34,3%). Ce n’est pas une surprise, alors qu’aux élections européennes, Jordan Bardella a fini largement en tête dans cette circonscription avec 35,5% des voix.

• Élisabeth Borne

Élisabeth Borne en danger. Candidate à sa réélection, l'ex-Première ministre a terminé en deuxième position dans la 6e circonscription du Calvados avec 28,93% des voix à l'issue du premier tour.

Elle se retrouve distancée par l’extrême droite, le candidat RN Nicolas Calbrix ayant récolté 36,26% des voix. Élisabeth Borne peut néanmoins espérer refaire son retard après le désistement de son adversaire de 2022, l’insoumis Noé Gauchard (23,16%), arrivé en troisième position.

• Olivier Véran

Olivier Véran va-t-il perdre son siège de député? Rien n'est fait, mais l'ancien ministre de la Santé semble proche de la sortie. Élu dans cette circonscription depuis 2017 après avoir remplacé l'ancienne députée Geneviève Fioraso entre 2012 et 2015, il est devancé par un insoumis: Hugo Prévost.

Ce candidat de 24 ans a récolté 40,19% des suffrages tandis qu'Olivier Véran en a réuni 33,62% au premier tour. Ils sont suivis par un représentant de l'alliance du RN avec Éric Ciotti, Alexandre Lacroix (18,34%), qualifié pour le second tour.

Preuve de l'ampleur de la tâche d’Olivier Véran: en l’état, il lui faudrait récupérer l’ensemble des voix de la candidate LR arrivée en quatrième position (6,98%) pour passer devant Hugo Prévost. Tout en espérant que ce dernier n’obtienne pas les quelques bulletins qui se sont portés sur le candidat d’extrême gauche (0,86%).

• Éric Ciotti

Pour ce second tour, le suspense ne se trouve pas du côté de la triangulaire dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes. Député Les Républicains du territoire depuis 2007, Éric Ciotti devrait être réélu député, cette fois avec le soutien du Rassemblement national. Le président contesté de la formation conservatrice, artisan de l’alliance LR-RN a rassemblé, 41% des voix, largement devant l’insoumis Olivier Salerno (26,6%). Arrivé en 3e position, Graig Monetti, candidat de la majorité présidentielle (22,8%), a refusé de se retirer pour faire barrage, allant à l’encontre de la consigne donnée par Gabriel Attal.

• Marie-Caroline Le Pen

La benjamine dans le Pas-de-Calais, l'aînée dans la Sarthe? Dans la 4e circonscription de la Sarthe, Marie-Caroline Le Pen, sœur de Marine, parachutée dans le fief de François Fillon est arrivée à la première place du podium du premier tour des élections législatives. La candidate du Rassemblement national, a obtenu 39,26% des voix.

Au second tour elle affronte Élise Leboucher, la députée LFI sortante et candidate investie par le Nouveau Front populaire. Cette dernière est arrivée deuxième avec 25,94% des voix. Sylvie Casenave-Péré, la candidate du camp présidentiel, qui a terminé sur la troisième marche, s'est désistée pour faire barrer la route au parti familial lepéniste.

Marie-Caroline Le Pen bénéficie d'une avance favorable. Si elle fait "tomber cette circo'", comme les militants le lui ont demandé selon elle, c'est deux sœurs Le Pen qui siègeront ensemble au futur Parlement.

• Nicolas Dupont-Aignan

Triangulaire et ballotage défavorable pour Nicolas Dupont-Aignan, député de la 8e circonscription de l'Essonne depuis 1997. Arrivé 2e du premier tour (33%), il est devancé par le candidat du Nouveau Front populaire, Bérenger Cernon (34,4%).

Troisième qualifié, François Durovray, ancien membre des Républicains, avec 27,4%, se maintient au second tour. Pas question pour lui de se désister pour faire barrage au président du parti souverainiste Debout la France. Un rapport de force qui, s’il se reproduit dimanche, priverait l’ancien candidat à l’élection présidentielle d’un 7e mandat.

• Charles de Courson

Élu depuis 1993 dans la 5e circonscription de la Marne, le député Liot est le plus expérimenté du Palais Bourbon. Arrivé en deuxième position lors du second tour des élections législatives avec 42,66% des voix, il pourrait perdre son siège. Il a été devancé par le RN Thierry Besson (46,99%). Distancé, le Nouveau Front populaire n'a obtenu que 9,36% des voix et appelle à voter pour Charles de Courson.

Figure de la lutte contre la réforme des retraites, ce parlementaire historique avait porté la motion de censure contre Élisabeth Borne à l'Assemblée nationale. Pour la première fois depuis son arrivée sur la scène politique en 1993, le député sortant n'est pas assuré de retrouver sa place.

• Olivier Marleix

Olivier Marleix passera-t-il le cap des 12 ans comme député d’Eure-et-Loir? Le chef de file sortant du groupe LR à l’Assemblée est largement devancé au premier tour par l’extrême droite dans la deuxième circonscription du territoire. Il a récolté 25,92% des voix contre 38,33% pour le candidat du RN, Olivier Dubois.

Élu dans ce territoire depuis 2012, Olivier Marleix peut néanmoins compter sur le désistement de la candidate du Nouveau Front populaire pour “faire barrage” à l’extrême droite. Il s’agit de Nadia Faveris, arrivée juste derrière lui avec 25,59% des suffrages. Le candidat Renaissance, qui a fait 7,24%, représente également un réservoir de voix pour Olivier Marleix.

• Laurent Wauquiez

L’affaire est plus délicate que prévu pour Laurent Wauquiez. Certes, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes est arrivé en tête dans la 1ère circonscription de Haute-Loire en réunissant 36,80% des voix. Mais il est talonné par l'extrême droite: le candidat du RN, Alexandre Heuzey, a obtenu 34,18% des suffrages.

Un peu moins de 2 000 voix séparent les deux impétrants. Un écart infime auquel ni Laurent Wauquiez -élu ici en 2004, 2007 et 2012- ni sa successeure et ex-suppléante Isabelle Valentin (2017-2024), n'avaient été confrontés jusqu'ici. Bonne nouvelle néanmoins pour le candidat putatif à la prochaine présidentielle: l'écologiste Celline Gacon, arrivée troisième (18,66%) et qualifiée pour le second tour, a choisi, “en républicaine” de se désister.

• Meyer Habib

Le candidat LR et député sortant de la 8e circonscription des Français établis hors de France a obtenu 35,58 % des voix au premier tour des élections législatives. Au second tour, Meyer Habib affrontera la candidate de la majorité, Caroline Yadan (24,18%). Cette zone comprend les Français d'Israël, de Chypre, de Malte, de Grèce, d'Italie et de Turquie.

Député depuis 2013, Meyer Habib concourt sous l’étiquette LR. S’il a rejeté lors de la campagne le rapprochement d’Éric Ciotti avec le Rassemblement national, le parti de Marine Le Pen a toutefois décidé de ne présenter personne face à lui.

Réputé pour son soutien au gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou, le député a fait beaucoup parler de lui depuis les attentats du 7 octobre contre Israël, notamment en ciblant régulièrement les députés LFI.

• François Hollande

Le second tour s’annonce très serré pour François Hollande. Investi par le Nouveau Front populaire, il est arrivé en tête du premier tour avec 37,6%, devant la candidate du Rassemblement national, Maïté Pouget (30,9%), et le député Les Républicains sortant Francis Dubois (28,6%).

Les qualifiés réunissant plus de 97% des suffrages à eux trois, le second tour s’annonce incertain: il n’a aucune réserve de voix à gauche. D’autant que Francis Dubois refuse de se désister pour faire barrage. Deux variables: les abstentionnistes (26%), et les éventuels électeurs RN ou LR volatiles, qui pourraient se reporter soit sur François Dubois, ou Maïté Pouget.

En retrait de l'arène politique depuis la fin de son mandat en 2017, cette candidature aux législatives de l'ancien président socialiste a signé son retour sur la scène nationale. Il avait déjà été élu député socialiste de Corrèze entre 1988 et 1993, et 1997 et 2012.

• Boris Vallaud

La 3e circonscription des Landes, acquise à la gauche depuis 1978 va-t-elle basculer du côté de l’extrême droite? Boris Vallaud, élu depuis 2017, y subit de plein fouet la vague Rassemblement national (RN). Avec 35,6% des voix, sa candidate Sylvie Franceschini y double son score de 2022. Et, fait inédit, qualifie le RN pour le second tour. Elle talonne le patron des députés socialistes, en tête avec 37,1%.

Son assurance vie: le report des voix de la majorité présidentielle. Tom Gillet Duffrechou (16%), le candidat Modem arrivé 3e, s’est désisté, et a appelé à voter pour son opposant investi par le Nouveau Front populaire.

• Alexis Corbière

Dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, le député sortant et dissident de La France insoumise, Alexis Corbière (DVG) est arrivé en tête du premier tour des élections législatives. Le candidat a obtenu 40,19% des suffrages dimanche 30 juin.

Au second tour, il affrontera Sabrina Ali-Benali, l'investie officielle de LFI pour le Nouveau Front populaire. Elle est arrivée deuxième avec 36,39% des voix. Sur le terrain, les deux se livrent une bataille de tractage sans merci pour lever le flou sur cette double candidature auprès des électeurs et espérer être choisi comme le futur député insoumis de cette zone.

La candidate Horizons soutenue par la majorité présidentielle, Pauline Breteau, a été éliminée avec 10,06% des suffrages exprimés.

• Raphaël Arnault

Raphaël Arnault réussira-t-il à inverser la tendance? Ce militant antifasciste, controversé car fiché S, s’est hissé sur la deuxième marche du podium dans la 1ère circonscription du Vaucluse avec 24,76% des voix. Le candidat insoumis du Nouveau Front populaire est devancé par l’extrême droite, représentée par Catherine Jaouen du RN (34,62%).

Si l’écart est conséquent, Philippe Pascal (DVG), troisième de cette première manche (18,27%), a appelé à voter “pour Raphaël Arnault” afin de “battre le RN”, même s’il s’était présenté en dissidence.

• François Ruffin

Pour le député sortant de la 1re circonscription de la Somme, candidat à un troisième mandat, le second tour s’annonce serré, dans un territoire aujourd’hui très favorable au Rassemblement national. En ballotage défavorable, il a fini deuxième du premier tour avec 33,9%, largement distancé par son opposante Rassemblement national (RN), Nathalie Ribeiro Billet, avec 40,7% des voix. Albane Branlant, candidate investie par le camp présidentiel (22,7%) s’est désistée au profit de l’insoumis pour faire barrage.

En rupture avec le leader Jean-Luc Mélenchon, et critique de la direction du mouvement, le député à l’origine de l’appel aux forces de gauche à s’unir pour les législatives espère bénéficier du report des voix de son opposante macroniste.

Article original publié sur BFMTV.com