La Tunisie “en avance” sur Le Pen et Bardella : des discours haineux bien implantés

Depuis la bombe de la dissolution lâchée par un Emmanuel Macron flambeur, la scène politique française ressemble à un champ de bataille. Déconfit aux européennes avec la montée de l’extrême droite, le président français a parié gros. Au vu des sondages, c’est toujours le Rassemblement national (RN), héritier direct du Front national de Jean-Marie Le Pen, qui caracole en tête. Jamais l’extrême droite n’a été aussi proche de Matignon.

Du côté de la Tunisie, il est bien intéressant de suivre ce qui se passe en France, surtout avec les débats et les polémiques suscités par les propositions du RN concernant notamment la migration et les binationaux.

La France fait comme nous

À certains égards, la Tunisie de Kaïs Saïed est bien “en avance” sur les Le Pen et Bardella à propos de ces sujets, et ce ne sont pas les fans du “processus du 25 juillet” [le référendum sur la Constitution de 2022 porté par le président Kaïs Saïed] qui viendraient démentir cette affirmation. Ils sont là à applaudir les mesures annoncées par le RN. Ils sont là à justifier les démarches entreprises par le régime actuel en nous disant : “Regardez, on n’est pas les seuls, les Français aussi se réveillent et font comme nous.”

Dans leur logique populiste et fascisante, ils ont trouvé dans le RN leur pendant français et ils s’en réjouissent, tout en narguant ces libéraux et ces gauchistes, des deux rives de la Méditerranée, traîtres à leur nation.

Parmi les propositions du RN, c’est celle d’exclure les binationaux de certains emplois publics et sensibles qui a mis le feu aux poudres. Cette idée n’est pas nouvelle. Elle était portée depuis longtemps, sous une forme plus poussée, par la figure historique du Front national, Jean-Marie Le Pen, et s’est retrouvée par la suite dans le programme de sa fille, fidèle à ce legs.

Marine Le Pen, lors de son opération d’édulcoration du parti paternel, avait renoncé à interdire catégoriquement la double nationalité. Néanmoins, elle a maintenu la volonté d’empêcher les binationaux d’accéder à certains emplois. Jordan Bardella a affirmé cette semaine que la liste de ces emplois sera définie par décret. Entre-temps, des figures du RN ont évoqué dans les médias les secteurs liés à la sécurité ou à la défense et même les postes ministériels, qui doivent être détenus par des Franco-Français.

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