Législatives : qui est Clémence Guetté, opposée à Gabriel Attal et Jordan Bardella en débat sur France 2 ce jeudi soir ?

La députée LFI du Val-de-Marne s'est imposée ces dernières semaines comme l'une des figures montantes de la gauche.

Clémence Guetté a été réélue dès le premier tour dans la 2e circonscription du Val-de-Marne (Photo : Sarah Meyssonnier/Reuters)

Une travailleuse de l'ombre propulsée en pleine lumière. Ce jeudi 4 juillet, à trois jours du deuxième tour des élections législatives anticipées, un débat télévisé est programmé sur France 2 entre les représentants des trois principales forces politiques du moment. Une opposition qui risque de donner un coup de vieux à beaucoup de téléspectateurs : trois des participants ont 35 ans ou moins.

Comme ce fut le cas pour de précédents débats, Jordan Bardella (28 ans) représentera le Rassemblement National (RN) et Gabriel Attal (35 ans) le parti Renaissance et le camp présidentiel. David Lisnard représentera LR. Face à eux, le Nouveau Front Populaire sera incarné par Raphaël Glucksmann, mais aussi par Clémence Guetté (33 ans). Un choix tout sauf anodin, compte tenu des états de service de la députée La France Insoumise (LFI) de la 2e circonscription du Val-de-Marne (réélue dès le premier tour) et de son ascension fulgurante ces dernières années.

Originaire du département des Deux-Sèvres et plus précisément, selon Ouest France, du village de Montigny, près de Bressuire, Clémence Guetté a grandi dans un environnement qui a contribué à façonner ses idées politiques. Comme le signale La Croix, ses parents, une professeure d'anglais et un homme au foyer, ont par exemple fait en sorte d'élever leur deux enfants "dans un mode de vie en autosuffisance alimentaire".

"On a eu des parents très cool, ils nous ont laissé une certaine liberté, et ma sœur était une adolescente normale (...) mais elle a vite eu besoin de se confronter au réel", témoigne dans Libération Guillaume, le frère de la députée. "J'ai toujours ressenti une forme de révolte, de colère, complète Clémence Guetté, citée par Madame Figaro. Je viens d'une famille modeste sur le plan financier, j'ai grandi dans un environnement imprégné de discussions politiques, même si mes parents n'étaient pas militants."

"Cela a fait naître en moi une exigence de justice sociale, poursuit la Deux-Sévrienne. Je ne me résous pas à ce que des gens aient des conditions de vie si difficiles quand d'autres accumulent autant de richesses." Les convictions politiques de Clémence Guetté vont encore s'affermir au cours de ses études de lettres à l'Université de Poitiers (après un bac S mention "très bien"), études qu'elle finance grâce à une série de "petits boulots (usine automobile, agroalimentaire, plonge dans une cafétéria, banque...)", selon La Croix.

Au cours de sa licence, elle se rapproche ainsi de l'Union Nationale des étudiants de France (UNEF), mais quitte rapidement ce mouvement considéré comme trop proche du Parti Socialiste et de sa ligne politique qu'elle juge trop centriste. En 2010, elle adhère donc au Parti de Gauche fondé quelques mois plus tôt par Jean-Luc Mélenchon.

Clémence Guetté poursuit ensuite ses études en quittant sa région natale pour intégrer Sciences Po Paris, où elle décroche un master de sociologie politique en 2014. Comme l'indique Le JDD, elle étudie ensuite l'écologie à AgroParisTech et obtient là encore un master. Son activité militante ne diminue pas pour autant et à partir de 2016, Clémence Guetté intègre l'équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon au sein du parti naissant qui deviendra LFI.

Elle est rapidement affectée au programme présidentiel, sous la direction de l'universitaire Charlotte Girard. Au cours de la campagne, sa capacité à connaître sur le bout des doigts "le moindre recoin du programme" impressionne tout le monde, selon Madame Figaro, à commencer par Jean-Luc Mélenchon.

Déjà considérée en interne comme une étoile montante de LFI, Clémence Guetté continue de travailler sur ce sujet capital après l'élection de 2017 et devient même coordinatrice en chef du programme dit de "L'Avenir en commun" après le départ de Charlotte Girard en 2019. C'est sous son égide que sera articulé le projet politique qui réunira plus de 7,7 millions d'électeurs en 2022, autour de la troisième candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

"Elle a pris une place importante très jeune et bien mené sa barque, dit alors d'elle Clémentine Autain dans les colonnes de Libération. Derrière son allure discrète et posée, Clémence Guetté est une bosseuse qui a du tempérament." Ce tempérament s'exprime de plus en plus dans la sphère médiatique, où la Deux-Sévrienne commence à se faire une place au cours de la campagne présidentielle.

Après une première tentative soldée par un échec aux régionales de 2021 en Nouvelle-Aquitaine (5,7% des voix au premier tour), Clémence Guetté se jette définitivement dans le grand bain électoral en s'alignant aux élections législatives de 2022 dans la 2e circonscription du Val-de-Marne, sous les couleurs de la NUPES. Elle s'y impose largement au second tour (environ 64%) face au député macroniste sortant et entre ainsi au Palais Bourbon à 31 ans.

L'ascension fulgurante de Clémence Guetté au sein de LFI ne s'arrête d'ailleurs pas à cette élection. Immédiatement nommée à la vice-présidence du groupe parlementaire, elle siège aussi à la commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire de l'Assemblée nationale. Parallèlement, comme le rappelle La Dépêche, elle participe aussi activement à la création de L'Institut La Boëtie, "think tank" insoumis créé en 2023 qu'elle co-préside avec Jean-Luc Mélenchon.

Au lendemain des élections européennes et de la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, Clémence Guetté s'est donc logiquement retrouvée en première ligne des négociations à gauche, notamment sur la question du programme commun. Investie par le Nouveau Front populaire dans sa circonscription, elle s'est montrée très offensive durant la campagne pour défendre les propositions de son camp.

Finalement réélue dès le premier tour dimanche 30 juin, avec 55% des voix, Clémence Guetté confirme sa son statut de personnalité politique de premier plan à gauche, identifiée comme l'une des héritières politiques de Jean-Luc Mélenchon. Un statut qu'elle défendra donc ce jeudi soir sur l'antenne de France 2.