Législatives: les associations féministes inquiètes d'un recul des droits des femmes en cas de victoire du RN

À une semaine du premier tour des élections législatives, associations féministes et syndicats appellent à la mobilisation générale ce dimanche 23 juin face à l'extrême droite, dénonçant le danger qu'elle représente pour les droits des femmes.

Un cortège doit s'élancer à 14h30 à Paris, de République pour rejoindre Nation, à l'appel de plus de 200 associations (Fondation des femmes, Planning familial, #Noustoutes...), d'ONG (Oxfam, France Terre d'Asile...) et de syndicats (CGT, CFDT...), qui veulent sonner une "alerte féministe".

Des manifestations similaires sont annoncées dans des dizaines d'autres villes, comme à Bordeaux, Clermont-Ferrand, Poitiers ou Nice. Au centre de cette mobilisation: l'inquiétude pour les droits des femmes en cas de victoire du Rassemblement national aux élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.

"Un sombre tableau"

"C'est un sombre tableau qui s'offre à nous: si le Rassemblement national l'emporte, nous allons être les premières attaquées, avec les personnes LGBTQ+ et les immigrés", a estimé auprès de l'AFP, Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF).

"C'est très flagrant en Europe: là où l'extrême droite est passée, les droits des femmes ont régressé d'une manière ou d'une autre", ajoute-t-elle, citant l'Italie de la Première ministre Giorgia Meloni ou l'ancien gouvernement du parti nationaliste populiste Droit et Justice (PiS) en Pologne.

En Italie, le gouvernement Meloni a porté une loi pour autoriser l'intervention d'associations anti-IVG dans les structures organisant l'accès à l'avortement. La Pologne a connu un profond recul des droits des femmes pendant les huit années au pouvoir du PiS qui ont conduit à l'interdiction quasi-totale de l'avortement. Plus récemment, l'absence du droit à l'avortement dans les engagements du G7 a été imputée par Emmanuel Macron à l'Italie, pays hôte.

La crainte de coupes dans les subventions

En France, la perspective d'une majorité, absolue ou relative, du RN à l'Assemblée nationale, fait notamment craindre aux associations des coupes dans les subventions publiques. Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche publié samedi, le RN part favori pour ces élections législatives.

Clémence Pajot, de la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), redoute des moyens revus à la baisse "pour des projets essentiels comme la lutte contre les violences sexuelles, l'insertion ou encore l'égalité professionnelle". "Cela veut dire plusieurs centaines de milliers de femmes que nous ne pourrons plus aider", selon elle.

Dans une vidéo adressée à "toutes les femmes de France", diffusée sur les réseaux sociaux, son président Jordan Bardella a accusé mardi "l'extrême gauche" de "s'arroger le monopole des droits des femmes".

Le possible futur Premier ministre, en cas de majorité absolue du RN aux législatives, a promis de garantir "les droits et les libertés" de toutes "les femmes et filles de France" et fait de "l'égalité entre les femmes et hommes, la liberté de s'habiller comme on l'entend et le droit fondamental à disposer de son corps" des "principes non négociables". Il s'est engagé à "lutter contre les déserts médicaux et particulièrement gynécologiques" et a promis un renforcement des sanctions contre les violences faites aux femmes.

Les associations pointent les votes du RN

Ces promesses font bondir les associations. Oxfam dénonce ainsi une "arnaque". Les associations citent pour exemple plusieurs votes, dont celui sur une directive européenne sur l'égalité des salaires femmes-hommes en 2023 marqué par une forte abstention des eurodéputés RN. Ou celui pour l'inscription de la "liberté garantie" de recourir à l'IVG dans la Constitution: 46 députés RN ont voté en sa faveur, 11 contre et 20 se sont abstenus, lors du dernier scrutin.

"C'est un révélateur que fondamentalement, le Rassemblement national n'est pas un allié sur les questions d'avortement", estime auprès de BFMTV Sarah Durocher, la présidente du Planning familial.

"Le RN se dit quasi féministe, mais on n'est pas dupes", lance Suzy Rojtman. "Le seul discours qu'ils tiennent sur les violences faites aux femmes, c'est quand les agresseurs sont des étrangers alors qu'on sait très bien que la grande majorité des violences se fait dans la sphère familiale."

Selon une enquête de victimation du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, la moitié des victimes de violences sexuelles physiques en 2022 connaissaient leur agresseur - dans 21 % des cas, l’auteur des violences était le conjoint ou l’ex-conjoint de la victime.

Article original publié sur BFMTV.com