Sébastien Chenu évoque une liste de 50 emplois "sensibles" que le RN veut interdire aux binationaux
La proposition du Rassemblement national d'interdiction de certains emplois "sensibles" aux binationaux concerne environ 50 postes en France, a affirmé le député RN sortant Sébastien Chenu sur RMC-BFMTV ce jeudi 27 juin.
Si le RN remporte les élections législatives du 30 juin et du 7 juillet et accède au gouvernement, il souhaite créer "une liste des emplois, il y en peut-être 50, qui sont des emplois extrêmement sensibles de direction de services de renseignement, etc.", que les personnes avec une double nationalité ne pourront pas occuper.
Sébastien Chenu a évoqué de possibles "pressions, même peut-être affectives, familiales", pour des postes "dans la sécurité et le renseignement".
"On n'a pas envie de voir arriver un Franco-Chinois, un Franco-Russe, un Franco-Américain (à ces postes, NDLR), parce qu'on considère que sa vie personnelle (...) ou sa binationalité peuvent le mettre dans une situation, à un moment, qui soit difficilement compatible avec cette exigence, avec cette sensibilité sur les affaires de la France", a développé le vice-président du Rassemblement national.
Attal fustige une "humiliation" pour les Français binationaux
Mardi, lors d'un débat sur TF1, Gabriel Attal a fustigé cette proposition du RN, jugeant que "3,5 millions de Français binationaux se sont sentis injuriés et humiliés". "Le message que vous faites passer, c'est que quand on est binational, on est demi-national, on serait en fait pas des vrais Français et on ne serait pas digne de confiance pour occuper des postes à responsabilité", a déclaré le Premier ministre au président du RN, Jordan Bardella.
Gabriel Attal a également rappelé que le groupe de Jordan Bardella au Parlement européen avait pour conseillère une Franco-Russe "qui assiste à des réunions" où sont discutées "des informations confidentielles sur la guerre en Ukraine".
Un Français binational a tous les droits et obligations attachés à la nationalité française. À l'heure actuelle, la binationalité n'empêche pas l'accès aux emplois de la fonction publique.
Certains métiers, dits "de souveraineté" car liés aux fonctions régaliennes de l'État (défense, budget, sécurité, diplomatie), sont réservés aux Français, y compris les binationaux. La décision de classer un poste parmi les emplois de souveraineté est laissée à l'appréciation de l'employeur, le plus souvent un ministère.
Pour le reste, les ressortissants européens peuvent passer des concours et devenir fonctionnaires. Les étrangers non européens peuvent aussi être recrutés dans la fonction publique, mais uniquement en qualité de contractuels, un statut moins protecteur que celui de fonctionnaire.
Le RN assure ne plus vouloir remettre en cause la double nationalité
Le parti d'extrême droite a détaillé lundi sa mesure d'interdiction des "emplois sensibles" aux binationaux, sans remettre en cause la "double nationalité" comme il le proposait encore en 2022 et comme Sébastien Chenu l'a évoqué mi-juin, avant de faire marche arrière.
Ce jeudi sur RMC-BFMTV, Sébastien Chenu a par ailleurs assuré qu'"il n'y a aucun problème pour les agents de la fonction publique dans notre pays, qu'ils soient nationaux ou binationaux".
En janvier, le parti avait toutefois déposé une proposition de loi qui prévoyait la possibilité d'interdire l'accès à des emplois dans les administrations et entreprises publiques aux Français possédant une nationalité d'un autre État. "3,3 millions de Français pourraient demain se voir interdire l'accès à un emploi", selon les estimations de la CFDT.