Législatives 2024 : ces propos de David Pujadas et Apolline de Malherbe sur les partis « extrêmes » ne passent pas

David Pujadas et Apolline de Malherbe sur le plateau de Quotidien, le 28 juin 2024.
Capture d’écran TMC David Pujadas et Apolline de Malherbe sur le plateau de Quotidien, le 28 juin 2024.

MÉDIAS - Le poids des mots se fait encore plus lourd en période électorale. Les journalistes David Pujadas et Apolline de Malherbe étaient invités sur le plateau de l’émission Quotidien ce vendredi 28 juin, à l’avant-veille du premier tour des élections législatives. L’occasion de questionner leurs pratiques pendant cette période si sensible, respectivement sur les chaînes LCI et BFM/RMC.

Législatives 2024 : les programmes du RN, du Nouveau front populaire et du camp présidentiel

Ainsi, le présentateur du « 24 heures Pujadas » et anciennement du journal télévisé de France 2, a expliqué ne plus employer directement le qualificatif « extrême droite » pour désigner le Rassemblement National au moment d’animer le débat en amont des élections européennes.

« Étudiant les extrêmes droites en Europe, j’ai vu ce que proposait Geert Wilders aux Pays-Bas, ce que proposait l’AFD en Allemagne… Et j’ai vu le fossé qui séparait ces partis du RN », explique-t-il face à Yann Barthès. « Chez nous c’est l’extrême droite, ailleurs c’est l’extrême extrême droite ? », questionne-t-il ensuite, pour finalement justifier d’employer la formule « ce qu’on appelle extrême droite » plutôt que le qualificatif directement.

La présentatrice de la matinale de RMC, Apolline de Malherbe renchérit : « moi je n’ai aucun problème avec ça, mais à ce moment-là il faut parler de l’extrême droite et de l’extrême gauche », explique-t-elle. Pour sa part la journaliste préfère désigner les partis par leurs noms, sans les qualifier volontairement. Deux positions qui ont fait bondir bon nombre de leurs confrères journalistes, ce samedi 29 juin.

La séquence a déclenché une vague d’indignation

« La honte est totale », lâche ainsi sur X (ex-Twitter) Twitter Nassira El Moaddem, journaliste pour le média spécialisé Arrêts sur images, déplorant « la normalisation des fachos en direct, sous nos yeux, expliquée tranquillement avec le confort de ceux qui pensent ne rien craindre d’une politique raciste et discriminatoire ». La journaliste Salhia Braklhia, visage de la matinale de France Info, met également en garde, avec une citation d’Albert Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. »

« C’est symptomatique d’une pratique du journalisme qui se contente du commentaire et de la réaction à chaud plutôt que du travail de fond sur les histoires et projets des partis », commente à son tour Abel Mestre, journaliste au Monde.

Le journaliste fondateur de la newsletter politique de Libération, Sylvain Chazot tacle enfin : « être encore étonné en 2024 de la déchéance morale et journalistique de ces deux clowns, c’est peut-être ça le plus surprenant ».

Une troisième journaliste s’appuie… sur le Conseil d’État

Mais quel mot faut-il employer alors pour désigner factuellement le Rassemblement national et le Nouveau Front Populaire (NFP), qui regroupe le PS, le PCF, EELV et LFI ? La réponse n’est pas si complexe, si l’on s’en tient aux sources les plus officielles.

Ainsi, comme Le HuffPost l’expliquait dans un précédent article, la stratégie du Nouveau Front Populaire (NFP), ses valeurs et son programme en font une formation de gauche radicale.

Au sein de cette alliance - rééquilibrée en faveur du Parti socialiste par rapport à la Nupes - la France insoumise reste sans conteste la composante la plus crispante, en raison notamment de sa « brutalité » dans le débat public. Cependant le parti de Jean-Luc Mélenchon n’est pas classé dans la catégorie « extrême gauche » par le ministère de l’Intérieur lors des différentes élections, même si son ministre de tutelle Gérald Darmanin a plusieurs fois employé ce qualificatif au sujet de LFI dans ses déclarations publiques.

Plus encore, le Conseil d’État a rendu un avis sur la question très récemment, en mars 2024, qui fait référence. Saisie par le Rassemblement national, la plus haute juridiction de l’ordre administratif avait alors confirmé le classement du parti sous l’étiquette « extrême droite », et rappelé par la même occasion que LFI et le PCF se classent « à gauche », et donc non pas à l’extrême gauche.

C’est justement sur cette décision que le journaliste Yaël Goosz, également invité sur le plateau de Quotidien, a expliqué s’appuyer pour faire son travail. « Tout simplement je m’appuie sur le Conseil d’État, qui a rangé le RN dans l’extrême droite mais pas LFI dans l’extrême gauche », a indiqué le chef du service politique de France Inter. En réaction à la réponse de Yaël Goosz, Apolline de Malherbe a souhaité, sur X, prolonger ce débat en expliquant son point de vue et la raison pour laquelle elle a « l’habitude d’appeler les partis par leurs noms ».

Enfin, il reste à préciser que NFP a bien fait une place à l’extrême gauche dans son alliance, en intégrant le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et la candidature de Philippe Poutou dans l’Aude. Mais son poids reste résiduel, avec une circonscription sur 577.

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