Législatives 2024 : Jordan Bardella met désormais une condition pour accepter d’être Premier ministre

Jordan Bardella, ici au Dôme de Paris, le 2 juin 2024.
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Jordan Bardella, ici au Dôme de Paris, le 2 juin 2024.

POLITIQUE - « Je ne serai pas le collaborateur du président. » À moins de deux semaines du premier tour des élections législatives, le président du Rassemblement national met une condition à son entrée à Matignon après le scrutin. Une victoire, selon lui, ne suffirait pas.

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Jordan Bardella veut une majorité absolue à l’Assemblée nationale (soit 289 députés) pour avoir les mains libres. « Si demain les Français plaçaient le pays dans une situation de majorité relative, donc de blocage, alors on ne pourrait pas changer les choses », s’est-il justifié ce mardi 18 juin sur Cnews, avant d’ajouter : « il y a une occasion historique, mais pour cela j’ai besoin d’une majorité absolue, je ne serai pas le collaborateur du président. »

Une façon pour le chef de file de l’extrême droite pour ces législatives, qui affirme dire « la vérité » pour ne pas décevoir ses partisans, de mettre la pression sur ses électeurs pour rééditer le succès des élections européennes.

« Avec une majorité absolue, nous aurons des leviers »

« À Matignon, avec l’hypothèse d’une majorité absolue, nous aurons des leviers importants pour agir », expliquait-il la veille dans les colonnes du Parisien, refusant d’être « dans l’impuissance » en cas de majorité relative.

En parallèle, le Rassemblement national cherche à rassurer en détricotant plusieurs mesures de son propre programme et en entretenant le flou sur le reste. En ce sens, les approximations entretenues autour de l’abrogation de la fameuse réforme des retraites sont éloquentes. Jordan Bardella explique, par exemple, que l’état des finances du pays ne permettra sans doute pas de revenir sur ce texte (comme promis) dans les premières semaines d’action à Matignon.

« La réforme des retraites sera abrogée à partir de l’automne », a ainsi tranché Jordan Bardella lundi dans son entretien au Parisien, après plusieurs jours de flottement. « Nous verrons », éludait-il encore la semaine dernière, en jugeant le sujet « important » mais pas « prioritaire », le reléguant à « un second temps » d’un éventuel exercice gouvernemental.

Un zigzag qui illustre les contorsions du parti à la flamme, désormais allié avec le président de LR Éric Ciotti, et qui a opéré un rapprochement avec l’ex-zemmouriste Marion Maréchal. Ces deux figures s’étaient prononcées en faveur de la réforme menée par le gouvernement Borne et dont les accents libéraux tranchent avec la ligne économique du Rassemblement national.

Lundi soir, Éric Ciotti a d’ailleurs estimé aux 20-Heures de France 2 qu’« il (n’était) pas dit que la réforme des retraites sera abrogée », en renvoyant aux « marges de manœuvre qui seront données » par un audit des finances publiques.

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