Comment le couple Marion Maréchal-Éric Zemmour a explosé en deux ans

Entre Marion Maréchal et Éric Zemmour, c'est (déjà) fini. L'eurodéputée a été exclue de Reconquête! par Éric Zemmour ce mercredi 12 juin, le polémiste dénonçant une "trahison". Quelques heures plus tôt, celle qui a été élue au Parlement européen dimanche demandait à ses partisans de voter dès le premier tour des élections législatives du 30 juin pour "les candidats uniques de la coalition des droites" et donc pour le Rassemblement national, le parti de sa tante, Marine Le Pen.

"Je suis à la fois écoeuré et blessé" a répondu sur BFMTV Éric Zemmour mercredi soir. "Les militants ont tracté pour elle, ont donné de l'argent pour elle, et au bout de 48 heures elle les abandonne comme des chiens, comme des vieilles chaussettes".

"Marion Maréchal s'exclut d'elle-même de ce parti qu'elle a toujours méprisé (...) Elle rejoint le camp familial, elle est pour le regroupement familial", a-t-il lancé, clôturant une aventure de deux ans sous fond d'"union des droites" et de "camp national".

• La présidentielle, le ralliement

Début 2022, en pleine campagne présidentielle, Marion Maréchal annonce qu'elle ne soutiendra pas sa tante sur fonds de dissensions sur la stratégie politique ou l'économie. Le 6 mars 2022, elle rallie officiellement Éric Zemmour, parlant d'"une adhésion idéologique". "Je retrouve chez Éric Zemmour beaucoup de positions que je défendais au sein du RN, sans être nécessairement entendue", précisait-elle.

Ils sont acclamés par les partisans de Reconquête! lors d'un meeting à Toulon (Var), prêts à conquérir le pouvoir. Mais une semaine plus tard, Marion Maréchal prévient déjà: "Je suis venue ici en alliée, pas en ralliée (...) Je ne suis ni une caution, ni une bouée de sauvetage". La phrase visait Marine Le Pen, qui jugeait que sa nièce "méritait mieux" qu'une campagne "en train de s'effondrer sur elle-même".

Mais aussi Éric Zemmour, manière de dire qu'elle ne serait pas une simple lieutenante du polémiste. Elle exprime ainsi des divergences sur l'interdiction des prénoms étrangers.

Rapidement, les sondages plafonnent pour Éric Zemmour, quand Marine Le Pen progresse. Le 10 avril, au soir du premier tour, elle se qualifie face à Emmanuel Macron, quand le polémiste ne fait "que" 7%. Malgré cette défaite, Marion Maréchal reste à Reconquête. En tant que vice-présidente, elle défend le parti en septembre 2022 après la débâcle aux élections législatives. "Les faits nous donneront raison", promet-elle même.

• Les européennes, la dispute

Pour les élections européennes, Éric Zemmour nomme Marion Maréchal tête de liste en septembre 2023. L'objectif pour le parti est d'obtenir ses premiers élus à Bruxelles. Mais la campagne ne décolle pas. Marion Maréchal est toujours donnée entre 6 et 8% dans les intentions de vote, au fur à mesure que la date du scrutin se rapproche.

Dès mars 2024, un sondage donne la liste Reconquête! en dessous du seuil de 5% nécessaire pour obtenir des élus. Marion Maréchal commence alors à attendrir son discours contre le RN et Jordan Bardella. Les listes ne seraient pas "ennemies" mais "complémentaires". Alors qu'Éric Zemmour souhaite adopter une campagne plus dure contre le parti de Marine Le Pen.

Fin mai, la rumeur circule d'un potentiel retour au RN. Marion Maréchal dément, tout comme Jordan Bardella et Marine Le Pen qui "parlent de rumeurs de journalistes". Mais le soir des européennes, Marion Maréchal appelle à l'union des droites pour les élections législatives anticipées après la dissolution de l'Assemblée nationale, à la surprise d'Éric Zemmour.

• Les législatives, l'implosion

Le lendemain, Marion Maréchal rencontre Jordan Bardella et évoque un accord possible. Éric Zemmour, lui, est dans le flou et raconte avoir "presque harcelé" sa tête de liste pour en connaître les conditions.

Mais mardi, le président du Rassemblement national annonce qu'il n'y aura pas d'union entre le RN et Reconquête. "La nièce de Marine Le Pen, qui s'était vu promettre lundi une soixantaine de circonscriptions dont dix gagnables par le RN, est furieuse", raconte Le Parisien.

La faute, avance Bardella, au comportement d'Éric Zemmour lors de la campagne des élections européennes. Mais le polémiste rejette la responsabilité de l'échec des négociations: "ça ne peut pas être à cause de moi, je ne demande rien", "ni circonscription, ni même évidemment poste ministériel".

Un bureau exécutif de Reconquête! a lieu dans l'après-midi. Il ne dure que sept minutes, selon le Parisien. "Les législatives, maintenant, démerdez-vous, je n’ai plus rien à faire ici, c’est fini", aurait lancé Marion Maréchal.

Le divorce entre elle et Éric Zemmour est consommé ce mercredi. Accompagnée de Guillaume Peltier et Nicolas Bay, vice-présidents de Reconquête, ainsi que de Laurence Trochu, tous élus avec elle au Parlement européen, elle appelle à voter pour les candidats... soutenus par le RN et Eric Ciotti.

"Présenter des candidats de Reconquête dans les circonscriptions législatives, c'est prendre le risque infini de faire gagner des députés macronistes ou d'extrême gauche", dénonce-t-elle, pointant une "triple faute" Éric Zemmour devant les caméras.

Sur BFMTV quelques heures plus tard, le polémiste réplique. En un instant, il exclut de son parti quatre de ses cinq eurodéputés et la moitié de son bureau exécutif. Pour Éric Zemmour, les "désaccords stratégiques" entre lui et Marion Maréchal ainsi que "le comportement du clan de Marion Maréchal" sont aussi les causes ce divorce politique.

Plus isolé que jamais, Éric Zemmour se dit toutefois prêt, d'ici dimanche, à retirer la candidature de certains Reconquête dans des circonscriptions. Mais "dans le cadre d'une négociation", promet-il.

Article original publié sur BFMTV.com