"Je suis venue ici en alliée, pas en ralliée": pourquoi Marion Maréchal veut se différencier d'Éric Zemmour
Jouer sa propre partition. Marion Maréchal a multiplié les prises de distance avec Éric Zemmour ce mercredi soir lors d'un meeting à Saint-Jean-le-Blanc (Loiret), dix jours à peine après avoir officialisé son soutien à l'ancien polémiste.
Alors que son arrivée sur les bancs de Reconquête avait été soigneusement mise en scène, l'heure est à la soupe à la grimace chez les zemmouristes. Il faut dire que l'ancienne députée du Vaucluse s'est voulue directe à la tribune.
"Je tiens à ma liberté de ton"
"Je suis venue ici en alliée, pas en ralliée. Je tiens à ma liberté de ton, de parole, d'action politique. J'y ai pris goût après cinq ans dans le privé", a-t-elle lancé devant mille personnes.
Avant de préciser: "je ne suis ni une caution, ni une bouée de sauvetage". La phrase vise Marine Le Pen qui avait jugé que Marion Maréchal "méritait mieux" qu'une campagne qui est "en train de s'effondrer sur elle-même". Mais elle sonne aussi comme une mise en garde pour Éric Zemmour.
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L'ex-parlementaire compte bien faire entendre sa différence et ne veut en aucun cas apparaître comme une simple lieutenante dans la campagne. Elle avait d'ailleurs déjà donné le ton avant de monter sur scène.
"Je ne m’interdirai pas de m’exprimer sur des points où je ne suis pas alignée, ce sera une complémentarité", a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse peu avant le meeting, comme le rapporte La République du Centre.
Pas d'accord sur l'interdiction des prénoms étrangers
Pour preuve, sa prise de distance avec la proposition du candidat d'interdire les prénoms d'origine étrangère pour les futures naissances.
"Les prénoms sont une manifestation de l'évolution culturelle d'un pays. De là à transformer ça en programme politique, il est évident que, même si je comprends l'objectif, je ne suis pas dans cette démarche", a souligné la nièce de Marine Le Pen dans le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI ce dimanche.
L'ancienne élue a également pris ses distances avec les propos de l'ex-journaliste sur la religion musulmane. Ce dernier écrivait en 2015 dans Un quinquennat pour rien que "l'islam et l'islamisme, c'est exactement la même chose".
"Dire que les deux se confondent absolument est évidemment une erreur", a-t-elle encore avancé dans cette émission.
"On est d'accord sur le fond", assure l'entourage du candidat
Officiellement, ces prises de distance ne poseraient aucun problème dans l'équipe d'Éric Zemmour.
"Ce sont des personnes de deux générations différentes, ils ont des façons différentes de s'exprimer. C'est évident que les personnalités qui nous rejoignent ne sont pas forcément d'accord avec nous sur tout. L'essentiel, c'est que nous soyons d'accord sur le fond des idées. Je sais que Marion Maréchal partage 90% de notre programme", a assuré Stanislas Rigault, le porte-parole de la campagne à BFMTV.com ce mardi.
À voir. L'arrivée de l'ancienne députée RN du Vaucluse devait avoir un effet éclair sur les sondages. Peine perdue. En difficulté depuis plusieurs semaines, il stagne toujours autour des 10% d'intentions de vote.
Il faut dire que ce ralliement est passé relativement inaperçu, quelques jours après le début de la guerre en Ukraine. Il n'a pas non plus été diffusé à la télévision parce qu'Éric Zemmour avait dépassé le temps de parole qui lui était alloué par les règles de l'Arcom (ex-CSA).
Une affiche commune
Le parti a donc décidé de passer à la vitesse supérieure en mettant plus amplement en scène ce soutien. Le sexagénaire pose tout sourire aux côtés de la jeune femme pour l'une de ses affiches de campagne. Autant dire qu'un attelage bringuebalant entre les deux personnalités donnerait un goût amer à ce visuel sur lequel le candidat mise beaucoup.
Certains sur les bancs de Reconquête ont en tout cas remarqué que l'ex-députée ne semblait pas jeter toutes ses forces dans les législatives. Elle a conditionné son éventuelle candidature au score d'Éric Zemmour à la présidentielle sur CNEWS le 10 mars dernier. Comprendre: elle ne cherchera pas à redevenir parlementaire si son candidat fait un score décevant.
Une façon de ne pas abîmer son capital politique dans une bataille qu'elle juge perdue et de préparer la suite? En 2027, Marion Maréchal n'aura que 37 ans.