RN, LR, Reconquête... Une "union des droites" aux législatives ? Les grandes manœuvres commencent

Jordan Bardella et Marine Le Pen ont tendu la main aux Républicains (LR) après la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron. Marion Maréchal, de Reconquête!, souhaite une large coalition avant le premier tour des élections législatives.

"Une chance historique de permettre au camp national de remettre la France sur les rails". Marine Le Pen a répété, ce lundi 10 juin, que le Rassemblement national (RN) était en mesure de gouverner le pays après le 7 juillet. Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale après la victoire du parti d'extrême droite aux élections européennes.

Mais pour obtenir une majorité au Palais Bourbon, le Rassemblement national doit gagner 201 sièges. Pour cela, il compte "s'ouvrir" à d'autres mouvements politiques pour constituer une large coalition.

En 2022, Reconquête! proposait déjà une alliance regroupant le Rassemblement national et Debout la France pour les élections législatives. Cette union n'a pas eu lieu. Et si le RN a obtenu 88 députés, le mouvement du polémiste n'avait obtenu aucun élu.

Une telle alliance semble ce mardi 11 juin cette fois-ci envisageable. Dès l'annonce de la dissolution, Éric Zemmour a appelé à "la plus vaste union des droites". Marion Maréchal, qui menait la tête de liste Reconquête! aux européennes, a rencontré ce lundi Marine Le Pen et Jordan Bardella au siège du RN. À l'issue de cette réunion, elle a exprimé son "souhait ardent que nous puissions trouver le moyen de nous rassembler".

"Il y a un choix qui s'offre à moi, celui de trouver les moyens de faire intégrer les idées de Reconquête à ce rassemblement (avec le RN), ou bien se contenter de laisser partir Reconquête seul pour ces élections", a-t-elle affirmé.

L'ancienne députée a également annoncé avoir "un certain nombre de rendez-vous prévus avec des membres des Républicains" ainsi qu'une "entrevue avec Nicolas Dupont-Aignan" ce mardi.

Côté investitures, "la moitié" des 577 circonscriptions étaient pourvues en candidat, a assuré à l'AFP le directeur de campagne, le député Alexandre Loubet. "A priori", les 88 députés RN seront tous candidats à leur propre succession, mais aucun des 30 eurodéputés élus dimanche soir.

Du côté du RN, Jordan Bardella doit s'exprimer ce mardi au sujet d'éventuelles alliances avec Reconquête! Le président du RN a également "tendu la main" aux Républicains en disant avoir eu "des discussions" avec certains de leurs cadres, reconnaissant qu'il était "difficile de gagner seul".

Une alliance sous la même bannière est-elle possible? Un arrangement plus souple, par exemple en ne présentant pas de candidat RN dans certaines circonscriptions "réservées" pour Reconquête, Debout La France et LR, semble plausible.

Marine Le Pen l'assure: en cas de majorité à l'Assemblée nationale, c'est le programme du Rassemblement national qui sera appliqué par Jordan Bardella à Matignon. "Nous choisirons comme feuille de route toute une série de propositions que nous avons pu faire par le passé aux Français", a-t-elle expliqué lundi soir sur TF1.

Ce projet sera "fondé sur deux grands chantiers, la défense du pouvoir d'achat et le redressement de l'économie et la lutte contre l'insécurité et l'immigration".

Mais tout le programme ne sera pas appliqué, a reconnu la figure du RN. D'abord parce que plusieurs mesures, relatives à l'immigration, dépendent du président de la République. Aussi parce que Jordan Bardella sera "contraint par la situation désastreuse budgétaire laissée par Emmanuel Macron", a affirmé Marine Le Pen, disant vouloir effectuer des "économies qui ne sont pas faites".

Si le Rassemblement national arrive en tête du scrutin le dimanche 7 juillet, et même s'il obtient la majorité absolue à l'Assemblée nationale, il devra composer avec le Sénat, où il ne dispose que de trois élus. Certains projets de loi pourraient donc être largement modifiés lors du débat parlementaire... sauf si un accord est trouvé avec LR, qui domine la Chambre haute.

Signe de cette ouverture à la droite "républicaine": Marine Le Pen assure que le RN était "bien sûr capable" de ne pas présenter de candidat face à des LR avec lesquels un accord aurait été trouvé.

Et ce seulement quelques heures après la publication d'une première projection en sièges, donnant jusqu'à 265 élus au Rassemblement national et 55 aux Républicains. De quoi former une large union des droites.

Article original publié sur BFMTV.com