Pyrénées-Atlantiques: un maire hospitalisé après la perturbation d'un conseil municipal par des manifestants

Un conseil municipal agité à Cambo-les-Bains. Ce mercredi 10 avril, les élus de cette commune des Pyrénées-Atlantiques se réunissaient lorsqu'une "cinquantaine de manifestants" ont fait irruption dans la mairie, selon un communiqué de la préfecture. Il s'agissait d'opposants au projet Marienia, un programme de construction de logements sur des terres agricoles à l'entrée de la commune.

Munis de pancartes, de cloches et frappant le sol avec des bâtons, les manifestants ont perturbé le conseil municipal, comme le montrent des images capturées par France Bleu Pays Basque.

Toutes les parties n'ont pas la même version de ce qu'il s'est passé ensuite. Selon la préfecture, "constatant l'impossibilité de poursuivre la séance", le maire, Christian Devèze, l'a levée vers 22h10. Les manifestants "se sont alors interposés, rendant impossible la sortie des membres du conseil municipal, et générant une bousculade au cours de laquelle le maire a chuté et a été légèrement blessé", affirme le préfet Julien Charles.

Une chute "accidentelle" pour les opposants au projet

Sur Facebook, la municipalité déclare que les manifestants ont "pris à partie physiquement" l'édile "pour l'empêcher de quitter la salle" et que "la violence volontaire de certains opposants a projeté le premier magistrat de la commune au sol".

De leur côté, le syndicat ELB (la Confédération paysanne du Pays Basque) et l'association de protection du foncier agricole Lurzaindia, au centre de l'opposition au projet Marienia, expliquent que la "bousculade" a démarré "avec l'arrivée de la gendarmerie dans la salle du Conseil municipal". "La chute du maire a été accidentelle et il n'y a eu aucune intention de s'en prendre physiquement à lui", ajoutent-ils.

Après cette chute, Christian Devèze a été admis à l'hôpital de Bayonne, où il a passé la nuit en observation, selon la mairie. Il est rentré chez lui jeudi, "choqué par ces événements", ajoute la municipalité.

Soutien de la préfecture

Ces faits ont entraîné de nombreuses condamnations, en premier lieu des élus de la majorité au sein du conseil municipal qui ont dénoncé une situation "inacceptable".

"Il a été porté atteinte à l’intégrité physique de Monsieur le Maire et deux autres élus ont également été malmenés", déplorent-ils, appelant à un rassemblement de soutien pour le maire et "contre la violence envers nos élus" le mardi 16 avril.

Le préfet des Pyrénées-Atlantiques a également apporté son soutien à l'édile et condamné "fermement les tentatives d'intimidations subies par les élus de la République".

ELB et Lurzaindia dénoncent des "amalgames"

Si le syndicat ELB et l'association Lurzaindia "regrettent" que l'élu ait été blessé, ils déplorent les "nombreux amalgames qui ont été faits entre la chute accidentelle" de Christian Devèze et "les différentes agressions qui sont dirigées vers des élus dans l'exercice de leur fonction et que nous désapprouvons".

Plusieurs épisodes de violences contre des élus ont marqué les esprits en 2023, comme l'incendie volontaire du domicile du maire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) et l'attaque à la voiture-bélier du domicile de celui de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). Selon le ministère de l’Intérieur, près de 2.265 plaintes ou signalements pour des faits de violence verbale ou physique à l’encontre des élus ont été recensés en 2022, soit une hausse de 32% par rapport à 2021, rapporte le site vie-publique.fr.

ELB et Lurzaindia affirment aussi que les manifestants voulaient "dénoncer l'absence totale de dialogue", "refusé par le maire" au sujet du projet Marienia. Les opposants à ce projet immobilier soulignent notamment qu'une fois artificialisés, ces sols ne pourront plus servir à l'agriculture.

Article original publié sur BFMTV.com