Virginie Joron sur la liste de Jordan Bardella : le RN reconduit l’eurodéputée préférée des antivax

Le RN reconduit l’eurodéputée préférée des antivax sur la liste de Bardella - Virginie Joron, eurodéputée RN, s’exprimant au Parlement européen (photo partagée sur son compte Facebook)
Capture Facebook / Virginie Joron Le RN reconduit l’eurodéputée préférée des antivax sur la liste de Bardella - Virginie Joron, eurodéputée RN, s’exprimant au Parlement européen (photo partagée sur son compte Facebook)

POLITIQUE - La complo-liste ? Le président du Rassemblement national et chef de file du parti pour les élections européennes Jordan Bardella a profité de son grand meeting de campagne à Perpignan ce mercredi 1er mai pour présenter, sur scène, les 35 premières personnalités de sa liste.

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Un casting qui a tout pour ébrécher l’opération « normalisation » du parti lepéniste. Outre Malika Sorel, la numéro 2 aux propos dignes de Jean-Marie Le Pen, Fabrice Leggeri, le numéro 3, ancien patron de Frontex visé par une plainte pour « complicité de crimes contre l’humanité » ou Matthieu Valet, le numéro 7 ancien commissaire médiatique accusé d’avoir détourné des bons SNCF appartenant à des collègues, le Rassemblement national a fait le choix de reconduire le sortant Thierry Mariani malgré ses liens - à tout le moins passés - avec la Russie.

Ce n’est pas tout. Une autre personnalité « éligible », certes moins connue du grand public, peut devenir un profil gênant pour le parti d’extrême droite. Il s’agit de Virginie Joron, la « juriste qui joue à domicile quand on est à Strasbourg », selon les mots de Jordan Bardella, ce mercredi. L’eurodéputée qui figure à la 16e place de sa liste présente un palmarès singulier.

Virginie Joron, égérie des antivax

Suivie par plus de 13 000 personnes sur Instagram et plus de 100 000 sur X (soit le double du très médiatique vice-président du RN Sébastien Chenu), Virginie Joron a consacré quasi exclusivement son activité de parlementaire européenne à blanchir les discours antivax, sur fond de sous-entendus complotistes.

Sur le site du Parlement européen, on peut mesurer l’ampleur de cette croisade. Un débat sur la situation en Hongrie et le gel des fonds de l’UE ? Sa question évoque « les sommes géantes versées à Pfizer-BioNtech ». Une discussion sur « l’approche stratégique de l’application du droit de l’Union » ? L’occasion pour l’élue d’évoquer les soi-disant « 12 000 morts et des millions d’effets secondaires des vaccins contre la Covid-19 ».

Le Parlement européen lui a également permis de recevoir certaines personnalités covidosceptiques, à l’image d’Alexandra Henrion Caude, ex-généticienne devenue icône des antivax, aperçue dans le film conspirationniste Hold-up et dans les cortèges de Florian Philippot, aux côtés de Jean-Marie Bigard et Francis Lalanne. C’est dans ces mêmes locaux flanqués de la bannière étoilée que l’intéressée a reçu le blog conspirationniste France-Soir pour mener (encore une fois) la charge contre Pfizer. Ou Christian Perronne, l’une des figures de proue du mouvement antivax, promoteur de l’hydroxychloroquine.

Son dernier combat majeur ? Une exposition en l’honneur des « victimes des effets secondaires » du vaccin contre le Covid. Ce qui lui a été refusé fin-février par le Parlement européen, car la manifestation contrevient à son règlement. Ses interventions, commises dans un décor institutionnel offrant une illusion d’officialité à ce discours marginal, sont du miel à l’oreille des pires chaînes Telegram conspirationnistes.

« Indices périphériques »

Soigneusement découpées par ses soins et relayées sur ses réseaux sociaux, ses vidéos frappées du logo Identité et démocratie (le groupe du RN au Parlement européen) se retrouvent massivement partagées sur les relais francophones de la mouvance QAnon, comme le canal « L’Alliance Humaine 2020 » qui compte 25 000 abonnés. Ou encore sur « RGNR », la chaîne du gourou crudivore et champion hors catégorie de la désinformation médicale Thierry Casasnovas, où le discours de l’eurodéputée RN était encore cité dans un message du 28 décembre.

« Il y a toujours une forte connivence entre l’extrême droite et les mouvances complotistes, visant à la déstabilisation du pouvoir en place. En l’accusant d’être violent à l’égard du peuple, de ne pas vouloir le protéger, d’imposer la vaccination etc. Ça s’inscrit dans la même volonté de jouer sur la peur, avec parfois des visées électoralistes », expliquait au HuffPost Severine Falkowicz début mars, la co-autrice du livre Au cœur de l’esprit critique - Petit guide pour déjouer les manipulations (éd. Eyrolles).

Maître de conférences en psychologie sociale, la chercheuse pointait alors « les indices périphériques » dans notre traitement de l’information qui peuvent offrir à Virginie Joron davantage de crédibilité pour asseoir son discours. « Les personnes en questionnement peuvent être influencées par une apparente « figure d’autorité » : « Ah tiens, une politique qui parle », « ah tiens, un drapeau européen »Ces éléments impactent la confiance que l’on accorde à un discours, et peuvent conduire à y adhérer sans en questionner les idées en profondeur ».

Autrement dit, son statut d’eurodéputée renforce illusoirement la validité de ses discours, pourtant vus comme dangereux par la communauté médicale. Ce qui n’est pas sans effet, puisqu’une proposition de résolution rédigée par ses soins a été l’origine de la diffusion massive d’une fake news concernant la création d’un fonds d’indemnisation pour « les milliers de victimes de la vaccination ».

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