Budget : le RN met Les Républicains sous pression avec son ultimatum sur la motion de censure

POLITIQUE - Le retour de la menace (fantôme ?). Critiqué de toutes parts sur la dégradation des finances publiques, le gouvernement se retrouve à nouveau sous une épée de Damoclès nommée « motion de censure. » À la manœuvre : la France insoumise et le Rassemblement national.

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Les troupes de Marine Le Pen ont tiré en premier, lundi, lors d’un débat - sans vote - sur la situation financière du pays, en évoquant un ultimatum de 30 jours. Faute d’un budget rectificatif présenté avant les européennes, soit d’ici la fin mai, le RN déposera une motion de censure pour tenter de renverser Gabriel Attal.

Le lendemain, ce mardi, ce sont les insoumis qui embrayent le pas. Le coordinateur de la formation mélenchoniste Manuel Bompard a usé des mêmes mots en conférence de presse pour contraindre le gouvernement à « ouvrir un débat pour que ce soit l’Assemblée qui décide. » Une stratégie qui met la pression sur le gouvernement. Mais pas seulement.

« Nous invitons les LR à prendre enfin leurs responsabilités »

Pour cet ultimatum, tous les regards (ou presque) se tournent vers Éric Ciotti et ses ouailles. Comme depuis le début de la mandature - et de la majorité relative à l’Assemblée - Les Républicains sont faiseurs de roi - ou de Premier ministre - au Palais Bourbon.

Souvent sollicité par le camp présidentiel pour faire l’appoint et voter leurs textes, le groupe mené par Olivier Marleix et composé d’une soixantaine d’âmes est le facteur déterminant pour faire tomber le gouvernement. Seules, les oppositions de gauche et d’extrême droite ne sont pas assez nombreuses pour obtenir la majorité des voix. Ce pourquoi, la seule motion passée très proche de son but, au printemps 2023 au plus fort de la réforme des retraites, était celle déposée par le petit groupe indépendant Liot et soutenue par une bonne partie des troupes Les Républicains.

Il n’est donc pas anodin un an plus tard de voir le Rassemblement national mettre la lumière sur le parti gaulliste. « Nous invitons en particulier nos collègues du groupe Les Républicains à prendre enfin leurs responsabilités », a ainsi plaidé le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy lundi dans l’hémicycle, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, en fustigeant ces élus qui n’ont « pas de mots assez dur contre la gestion de ce gouvernement », mais n’ont « de cesse de le protéger contre toutes les tentatives de censure. »

Une diatribe reprise à l’envi par les responsables du parti lepéniste ce mardi. « On demande enfin à LR que pensez-vous réellement ? », a par exemple insisté le député Philippe Ballard en appelant le parti d’Éric Ciotti à arrêter de « gonfler les muscles dans les médias » pour mieux franchir le pas.

Le fond de LR est prêt ?

Message reçu chez LR? En réalité, la France insoumise et le Rassemblement national essaient de mettre la pression sur les élus de droite pour qu’ils déposent eux-mêmes leur motion de censure - la meilleure option pour rassembler tous les opposants à l’exécutif - comme certains le laissent entendre depuis des mois.

« Il faut un projet de loi de finances rectificative d’ici l’été. Soit le gouvernement est capable de sauver la situation, soit il ne l’est pas, et alors la question de le faire tomber se posera, avec une motion de censure », assurait par exemple Bruno Retailleau au Figaro, fin mars, entre autres sorties bravaches. À l’époque, le Vendéen utilisait lui aussi le terme « ultimatum » pour contraindre le gouvernement. Et après ?

Force est de constater que depuis, LR a plutôt tendance à faire profil bas quant à cette menace. S’exprimant au nom du groupe à l’Assemblée, la députée Véronique Louwagie n’en a pas fait mention lundi, avant de repousser, au micro de LCP, ce « moment de vérité » à l’automne. Quant à Bruno Retailleau, le président des sénateurs Les Républicains était bien moins offensif qu’il y a un mois, ce mardi sur TF1. « Ou on en parle plus si on ne veut pas le faire, ou si on en parle, on le fait », a-t-il assuré en renvoyant la balle du côté de ses collègues de l’Assemblée.

Il faut dire en réalité que la droite se retrouve coincée par sa propre menace. Le gouvernement exclut effectivement de présenter un budget rectificatif… Et maintient le spectre d’une dissolution (éruptive) de l’Assemblée en cas de censure. Un scénario qui n’est pas sans risque pour le parti d’Éric Ciotti, comme pour Renaissance. Reste donc à savoir qui des Républicains ou de la Macronie va se dédire.

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