Pourquoi Attal va être le seul à répondre aux questions au gouvernement des députés le mercredi

Gabriel Attal seul face à la représentation nationale. Voilà l'image que donnera le nouveau format des questions au gouvernement, expérimenté à l'Assemblée chaque semaine à partir de ce 3 avril et jusqu'à la fin mai. La formule précise: un face-à-face de 45 minutes entre le Premier ministre et les députés tous les mercredis à partir de 14h. Avec l'objectif de redonner du souffle à cet exercice un peu usé. Et de mettre en lumière le locataire de Matignon.

L'actualité récente étant marquée par l'envolée du déficit, nul doute que les oppositions l'attendent de pied ferme. D'autant qu'elles n'auront pas manqué qu'une réforme de l'assurance chômage, dans ce contexte, divise la majorité. "J'aurais pu dire non, mais ce n'est pas mon genre de me dérober", a prévenu Gabriel Attal lors de la séance des questions au gouvernement du mardi.

"Recréer un moment politique fort"

L'exercice rappelle celui du "Prime Minister's Questions" le mercredi midi à la Chambre des communes britannique. "C'est une excellente inspiration", juge le député Renaissance Charles Rodwell, lui-même franco-britannique. Gabriel Attal "donnera une cohérence d'ensemble à la politique gouvernementale" juste après le Conseil des ministres.

"Il faut recréer un moment politique fort", abonde un conseiller de l'exécutif qui se demande toutefois si les députés l'interrogeront sur "l'actualité" ou sur "des enjeux plus locaux". Il y a en tout cas "un enjeu de considération" des parlementaires y compris de l'opposition, fait valoir ce conseiller qui souligne aussi que le jeune chef de gouvernement "aime la joute oratoire".

"L'idée me semble inappropriée"

Cette nouvelle formule a été validée la semaine dernière avec le soutien de Renaissance, de la droite et de l'extrême droite. Mais la gauche, qui redoute un "show" de communication, et même des alliés du camp présidentiel Horizons et MoDem s'y sont opposés.

"L'idée me semble inappropriée. Souvent les députés préfèrent une vraie réponse du ministre" concerné par le dossier, estime ainsi un élu du parti d'Édouard Philippe. Pour répondre aux 10 questions, une par groupe, Gabriel Attal aura droit à ses conseillers au banc et se sera préparé à l'exercice quelques heures avant.

Un format qui "met la lumière sur le Premier ministre"

"C'est une manière de revaloriser à la fois la fonction de Premier ministre et le Parlement" et de "redonner un peu de corps à l'activité et au contrôle parlementaire" dont les questions au gouvernement font partie, estime l'historien parlementaire Jean Garrigues.

Ce premier rôle dévolu pendant 45 minutes au chef du gouvernement reste "marginal au regard du fonctionnement très présidentialiste" des institutions de la Ve République "mais de facto cela met la lumière sur le Premier ministre dans un moment où le président est très contesté et se trouve dans une perspective de départ", analyse-t-il auprès de l'AFP.

Reste à savoir si Gabriel Attal sera perçu "dans son rôle de fusible et protecteur du président, ou au contraire comme une concurrence intempestive".

"Effet regénération"

Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on se félicite que Gabriel Attal "attire du monde", comme sur TF1 mercredi dernier. "C'est une confirmation que l'effet régénération est toujours là" alors que le chef du gouvernement est cité parmi les héritiers politiques potentiels du président.

En l'absence de majorité absolue à l'Assemblée, l'exercice sera aussi sans doute moins périlleux que la défense de réformes d'ampleur comme sur les retraites ou la loi immigration qui ont provoqué de très vives secousses pour le camp présidentiel.

Gabriel Attal, qui est aussi chef de la majorité, pourra en outre mesurer le soutien dont il dispose dans ses propres rangs, qui se divisent sur la nouvelle réforme de l'assurance chômage ou les solutions à trouver pour résorber le déficit.

Un député de la majorité craint "une volonté" de la droite et l'extrême droite "de voir le Premier ministre se crasher" à cette séance, mais Gabriel Attal devrait aussi en profiter pour répondre à ses adversaires à l'approche des élections européennes.

Article original publié sur BFMTV.com