Comment l’Iran justifie son attaque sur Israël et pourquoi il parle de « succès »

Des Iraniens sont descendus dans la rue à Téhéran (ici devant l’ambassade britannique) après l’annonce de l’attaque lancée par l’Iran sur Israël.
ATTA KENARE / AFP Des Iraniens sont descendus dans la rue à Téhéran (ici devant l’ambassade britannique) après l’annonce de l’attaque lancée par l’Iran sur Israël.

PROCHE-ORIENT - Les uns disent que leur attaque a « été un succès et a atteint tous ses objectifs ». Les autres affirment l’avoir « déjouée ». Après une nuit de crainte en raison de l’opération lancée tard samedi 13 avril par l’Iran sur Israël, l’État hébreu peut rassurer sa population, même si les autorités affirment que « la campagne n’est pas terminée ».

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Aucun drone ni missile « n’a pénétré le territoire d’Israël », a assuré le porte-parole de l’armée, affirmant avoir intercepté « 99 % des tirs ». « Avec les États-Unis et d’autres partenaires, nous avons réussi à défendre le territoire de l’État d’Israël », ajoute le ministre de la Défense Yoav Gallan.

Dès lors, comment l’Iran peut-il dire de son côté avoir réussi son opération, justifiant les manifestations de joie dans les rues de Téhéran ?

Téhéran dit avoir touché deux sites stratégiques israéliens

Les autorités assurent avoir infligé de « sérieux dégâts » et mis « hors service » deux sites de l’armée israélienne. Le premier est un centre de renseignement, l’autre est la base aérienne d’où les avions de Tsahal auraient décollé pour frapper les intérêts iraniens le 1er avril. C’est tout de même peu pour voir dans cette action un succès militaire.

Les Gardiens de la révolution voulaient surtout afficher leur force pour répondre à une frappe imputée à Israël qui a eu lieu début avril en Syrie. Cette attaque du consulat iranien à Damas avait provoqué la mort de plusieurs commandants militaires. « L’Iran ne pouvait pas ne pas réagir et personne ne peut être surpris car cela fait trois jours qu’on nous annonce une attaque de ce genre », a confirmé ce dimanche sur franceinfo Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po et spécialiste des relations internationales.

C’est donc pour se venger que les Iraniens ont lancé cette opération « sans précédent » menée directement par l’armée nationale depuis le territoire iranien en destination d’Israël. « Nous avons limité cette opération aux services que le régime sioniste a utilisés pour attaquer notre ambassade », assure un haut gradé.

Si l’Iran juge avoir « atteint son objectif », le président iranien, Ebrahim Raïssi, a toutefois menacé Israël d’une réaction « plus forte ». « La punition de l’agresseur s’est réalisée », s’est-il félicité dans un communiqué, en ajoutant que « si le régime sioniste ou ses partisans » faisaient « preuve d’un comportement imprudent, ils recevraient une réponse décisive ».

Jusqu’à présent, l’Iran, qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël, s’appuyait sur des groupes terroristes alliés -le Hamas, le Hezbollah libanais, voire les rebelles houtis au Yémen- pour cibler ses adversaires par procuration et éviter des représailles.

L’Iran dénonce le silence de l’Onu

Alors pourquoi avoir changé de stratégie ? Dans deux messages publiés durant la nuit sur X (ex-Twitter), l’Iran invoque l’article 51 de la charte des Nations unies sur « la légitime défense ». Sa mission à l’ONU met en cause « l’inaction et le silence du Conseil de sécurité, couplés à son incapacité à condamner les agressions du régime israélien ». Mais une fois cette riposte achevée, Téhéran semble vouloir en rester là. « L’affaire peut-être considérée comme close », indique ce même message, quand un haut gradé affirme que son pays n’a « aucune intention de poursuivre cette opération ».

« Il y a une retenue évidente du côté de l’Iran dans le type d’attaque dont il savait très bien qu’Israël avait tous les moyens de la parer. Il n’y avait aucune volonté d’escalade du côté de l’Iran qui n’y a d’ailleurs aucun intérêt », estime Bertrand Badie à cet égard.

« Si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère », mettent cependant en garde les diplomates iraniens, qui préviennent aussi les États-Unis ne pas s’immiscer dans le conflit. La communauté internationale va multiplier les réunions dans les prochaines heures pour analyser la situation. Au-delà des Nations unies, les dirigeants du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) doivent notamment se parler en visioconférence.

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