Législatives : programme, candidats... Ces points qui restent à trancher pour un "front populaire" à gauche

Les partis de gauche se retrouvent ce mardi 11 juin pour négocier le "programme de rupture" que leurs candidats porteront lors des élections législatives convoquées en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale. Plusieurs "conditions" ont été posées par le mouvement de Raphaël Glucksmann.

"Le serment d'être unis jusqu'à la victoire". Fabien Roussel, Manuel Bompard, Marine Tondelier et Olivier Faure ont annoncé ce lundi 10 juin, 24 heures après la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, leur volonté de constituer un nouveau "Front populaire". Les dirigeants d'EELV, du PS, de LFI et du PCF vont se retrouver ce mardi 11 juin pour poursuivre les négociations.

L'objectif est de "soutenir des candidatures uniques dès le premier tour" des prochaines élections législatives, qui auront lieu les dimanche 30 juin et 7 juillet.

EELV, PS, LFI et PCF, mais aussi Place publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann appellent dans un communiqué à "rejoindre les cortèges" prévus ce week-end à l'appel de la CFDT, la CGT, l'UNSA, la FSU et Solidaires qui veulent "manifester le plus largement possible" contre l'extrême droite.

François Ruffin avait initié une telle démarche dès dimanche soir. En duplex sur BFMTV après l'annonce de la dissolution, le député picard appelait les dirigeants des quatre forces de gauche à se "ranger derrière une barrière commune, une bannière Front populaire".

Un appel entendu par les partis, mais aussi par des dizaines de milliers de Français. L'insoumis a lancé une plateforme ce lundi pour "soutenir" l'initiative. En quelques heures seulement, plus de 260.000 signatures étaient revendiqués.

Marine Tondelier, Olivier Faure, Fabien Roussel et Manuel Bompard doivent donc se réunir ce mardi 11 juin pour poursuivre les négociations entamées ce lundi. Au programme: l'élaboration d'un "programme de ruptures sociales et écologiques" et d'une liste de candidats.

Ou du moins une liste de circonscriptions pour chaque parti. Pour l'instant, les députés Nupes sortants sont assurés de se représenter sous la nouvelle bannière commune. Certains l'ont déjà annoncé: Alexis Corbière en Seine-Saint-Denis, Sébastien Peytavie en Dordgone ou encore Sandra Regol dans le Bas-Rhin.

D'autres cas posent question, comme celui d'Adrien Quatennens. L'insoumis, condamné en 2022 dans une affaire de violences conjugales, ne devrait plus être député, estimait il y a quelques mois encore l'écologiste Sandrine Rousseau. Sur BFMTV, l'élue parisienne voulait "discuter" de son cas lors des négociations.

Julien Bayou, lui, a annoncé sa candidature ce lundi. Au risque de diviser dans son camp. Le secrétaire général du PS à Paris, Éric Algrain, a d'ores et déjà annoncé qu'il se présentera face à lui.

Quant au programme, PS, EELV et LFI ont tous ce lundi publié une liste de conditions ou de propostions à respecter en cas d'une alliance. Les écologistes ont ainsi proposé "un scole de 10 mesures simples et lisibles pour changer la vie des Français". On y trouve "un plan climat visant la neutralité carbone en 2050" ou une hausse du smic à 1.600 euros.

Certes, des différences subsistent. Quand les insoumis demandent "le retour de la retraite à 60 ans", les socialistes veulent "l'abrogation de la réforme des retraites".

Mais globalement, les trois listes de propostions se rejoignent. Après tout, EELV, PS, LFI et PCF avaient réussi à s'allier en 2022 en signant le programme partagé de la Nupes, malgré des divergences toutes aussi fortes sur bon nombre de sujets, comme celui du nucléaire, par exemple.

Mais ce nouveau programme ne devrait pas être celui signé de la Nupes. Pourtant, dans la nuit de dimanche à lundi, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon proposait "de se rassembler autour de ce programme dans la clarté et dans la cohérence". Une importante concession a donc été faite par La France insoumise, et ce dès le début des négociations.

L'accord annoncé ce lundi n'est donc qu'une première étape. Dans la nuit, Aurore Lalucq, porte-parole de la liste de Raphaël Glucksmann aux élections européennes et co-présidente de Place publique a rapidement tempéré l'enthousiasme. "Ce n’est pas un accord, juste une ouverture de discussion qui a permis de poser nos conditions", a-t-elle déclaré, alors que son mouvement est signataire du communiqué commun.

Ces conditions sont les suivantes: "ligne clairement pro-européenne", "soutien indéfectible à la résistance ukrainienne et à la livraison d'armes" et "rejet de la brutalisation de la vie politique et des calomnies".

"On ne va pas refaire la Nupes, il y a eu une inversion des rapports de force, je suis en tête à gauche", clamait quelques heures plus tôt Raphaël Glucksmann sur le plateau de France 2, proposant le nom de Laurent Berger pour aller à Matignon. L'ancien patron de la CFDT, retiré de la vie publique, n'avait pas réagit lundi soir à cette proposition.

"Il y a des conditions, je suis le garant d'un cap. Ce cap ne changera pas", a martelé Raphaël Glucksmann.

Au sein du PS, Olivier Faure, signataire du communiqué commun, va devoir répondre à plusieurs questions ce mardi lors d'un Conseil national, le "parlement" du PS. Plusieurs de ses membres dénoncent "l'absence de respect" pour la démocratie interne. "En ce qui me concerne je suis en désaccord avec cet union de façade faite pour sauver vos sièges", écrit ainsi Chibli Kamel, vice-président au Conseil régional d'Occitanie.

Si une union de la gauche pourrait permettre aux partis de ce nouveau "Front populaire" de se qualifier au second tour dans la quasi-totalité des circonscriptions, une division pourrait les faire disparaître de l'Assemblée nationale. Ensemble, EELV, PS, PCF, LFI et alliés ont une possibilité de maintenir leurs élus, voire même d'obtenir une majorité relative au soir du dimanche 7 juillet. Désunis, ils sont assurés de perdre.

Article original publié sur BFMTV.com