Européennes 2024 : la campagne touche à sa fin, on tire les enseignements de ces derniers mois

POLITIQUE - Ça y est. Dernier jour de campagne pour les élections européennes avant le vote dimanche 9 juin. Les 49,5 millions d’inscrits sur les listes électorales, sont appelés aux urnes pour choisir leurs eurodéputés. Au total, 81 sièges sont en jeu côté français. Ceux qui seront élus dimanche siégeront pour une durée de cinq ans, entre Strasbourg et Bruxelles.

Européennes 2024 : ce que Jordan Bardella et le RN ont fait au Parlement européen depuis 5 ans

Si vous n’avez rien suivi à cette campagne qui a mis beaucoup de temps à se lancer, pas de panique. On fait le bilan, calmement, en tirant trois enseignements majeurs des semaines écoulées.

1. L’intouchable Bardella

En cyclisme, on appelle ça une échappée. Seul en tête, Jordan Bardella n’a cessé ces dernières semaines de se détacher du peloton, affichant dans les sondages une avance de plus de 15 points sur sa poursuivante macroniste : Valérie Hayer. En un an, Jordan Bardella a progressé de quasiment dix points dans les intentions de vote. Une trajectoire irrésistible parfaitement imperméable aux bévues de sa campagne, à l’image de son débat raté face à Gabriel Attal qui n’a provoqué aucun effet négatif dans les sondages.

En présentant le scrutin comme un référendum anti-Macron (très loin des réels enjeux européens), le président du RN a trouvé la formule pour creuser l’écart, au point qu’un score record dimanche n’est pas à exclure. Autre effet de cette course en tête, la popularité du président du RN dépasse désormais celle de Marine Le Pen. Auprès des Français, mais aussi des sympathisants lepénistes. De quoi, peut être, nourrir une rivalité entre les deux.

2. La dynamique Glucksmann

C’est, à vrai dire, le seul mouvement que les observateurs ont eu à analyser ces dernières semaines. La progression continue du candidat PS-Place Publique, Raphaël Glucksmann qui s’est retrouvé tout proche de doubler Valérie Hayer dans les intentions de vote, avant de plafonner dans les derniers jours. Un potentiel croisement des courbes qui a longtemps été redouté dans le camp présidentiel. Résultat de cette position, le chouchou d’Instagram s’est retrouvé sous les tirs croisés de la Macronie et de la France insoumise.

Pendant que le camp présidentiel le décrivait (à tort) comme soumis à la NUPES (et donc à LFI), les troupes mélenchonistes l’accusaient (à tort) d’être un soutien du régime israélien ou de promouvoir une guerre face à la Russie. Un rôle de punching-ball qui a souvent agacé l’intéressé, qui aurait préféré que ces attaques se concentrent sur l’extrême droite, qui caracole en tête. Nous verrons dimanche si ces tirs croisés ont suffi à le neutraliser.

3. Où est l’Europe ?

Vous avez remarqué ? Nous n’avons quasiment pas abordé le cœur du sujet : l’Europe. Vampirisée par les enjeux nationaux, cette élection européenne a — paradoxalement — laissé peu de places aux sujets européens et aux compétences du Parlement. Et ce n’est pas Le HuffPost qui le dit. Dans une étude publiée par la Fondation Jean Jaurès au mois de mai, on apprenait que les Français comptaient parmi les citoyens européens les moins bien informés sur le scrutin.

Il faut dire qu’en comparaison de 2019, les sujets consacrés aux enjeux européens ont reculé de 30 % dans la production médiatique. La faute aux médias ? Peut-être, mais pas as si vite. On l’a vu, le RN (très faible sur les rouages européens) a fait le choix (payant) de nationaliser le scrutin. Et on a aussi la France insoumise faire campagne sur Gaza, alors que le conflit israélo-palestinien ne concerne qu’à la marge l’activité du Parlement européen. De quoi expliquer, en partie, l’invisibilisation du sort de l’Europe. Raison de plus pour prendre connaissance des programmes de chacun. Et, bien sûr, d’aller voter dimanche.

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