Législatives : en Corrèze, François Hollande donne de sa personne pour son retour en campagne électorale

POLITIQUE - À quoi ressemble un ancien président de la République en campagne électorale ? À un candidat, rodé, en campagne électorale. « Roi des selfies » sur les marchés de Tulle et Ussel, l’ancien président François Hollande mène ce samedi 22 juin campagne en Corrèze pour les élections législatives malgré les « coups à prendre », assurant n’avoir pas d’autre ambition que d’empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir.

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« François, recoiffe-toi », lui demande son épouse, l’actrice Julie Gayet, alors que le candidat du Nouveau front populaire (NFP) déambule dans les allées, se prêtant aux photos et aux échanges. Au point que, comme le montre la vidéo en tête d’article, l’ex-chef de l’État a donné de sa personne. Que ce soit en écoutant des chants de vestiaires ou descendant une bière cul-sec au milieu de joueurs de rugby.

Le macronisme, « c’est terminé »

L’ex-président de la République, installé à l’Élysée entre 2012 et 2017, s’est déclaré candidat dans la première circonscription de Corrèze pour ne pas « rester sur (sa) montagne de Tulle » face au risque de « chaos ». « Quand c’est trop grave, il ne faut pas se poser la question », dit-il à l’AFP.

À Ussel, en costume sans cravate, il joue au loto des commerçants et gagne un sac en toile. À Tulle, il déambule au gré des stands et serre toutes les mains qui passent. Dont celles d’Éric Dupuy, électeur du Rassemblement national (RN) qui finit son marché avec ses deux fillettes métisses. « Il faut mettre un gros coup de pied dans la fourmilière », assène ce cadre dans l’industrie pharmaceutique, âgé de 58 ans, fustigeant la longévité politique du candidat socialiste. « Ça fait 40 ans de magouilles. De plus en plus de cadres comme moi votent RN. En quoi ces idées seraient-elles d’extrême droite ? », interroge-t-il.

Cette montée du RN est à inscrire au passif d’Emmanuel Macron, dont le mandat a « abîmé » les partis et « l’esprit public », rétorque François Hollande. Mais le macronisme, « c’est terminé », prophétise le candidat, assurant n’avoir « aucun compte à régler » avec celui qui fut son conseiller puis son ministre.

« Il n’avait rien à gagner, que des coups à prendre » en se lançant, abonde son suppléant Philippe Brugère, maire de Meymac, 2 500 âmes. « Il a été président, qu’y a-t-il de mieux ? Mais l’accueil est positif, c’est le roi des selfies. On sent une adhésion. Et François reconnaît tout le monde, il a une mémoire d’éléphant. »

Chez lui à Tulle

« C’est bien qu’il se représente, il a encore des choses à faire », sourit Stéphanie Kaus, 40 ans et en formation pour devenir aide-soignante, qui dit « survivre » avec son petit salaire, celui de son conjoint et leurs deux enfants. Hollande, « lui, écoute la France, il n’est pas comme Macron », juge-t-elle, fustigeant une dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le chef de l’État comme « un gamin capricieux ». À Tulle, François Hollande est chez lui, même ses adversaires le lui concèdent. Mais sa décision de briguer à nouveau l’écharpe de député, qu’il a déjà portée de 1988 à 1993 puis de 1997 à 2012, fait grincer des dents jusqu’au sein du NFP, l’alliance de gauche constituée dans la foulée des européennes du 9 juin.

« Il a fallu que je digère le python au moment où je l’ai appris », image Nicolas Marlin, secrétaire fédéral du PCF en Corrèze. Et pour cause : le bilan comme président de François Hollande « n’a pas amené les gens à rester du côté gauche de la force. Il en a plutôt dégoûté un certain nombre de concitoyens », pointe-t-il. Mais le responsable communiste promet de soutenir le candidat, au nom du programme commun que ce dernier s’est engagé à défendre.

Dans un département longtemps acquis au chiraquisme, puis au hollandisme, il y a une « prise de conscience » à gauche du « danger » de l’extrême droite, relève Cyril Nouhen, directeur de campagne d’Amandine Dewaele, candidate EELV-NFP dans l’autre circonscription corrézienne. Une mobilisation qui se traduit sur le terrain, à l’heure de coller les affiches ou de distribuer les tracts. « C’est une véritable union. Je n’ai jamais vu autant de secrétaires de section socialistes ou de cadres communistes, de responsables de plus petits partis de gauche, nous soutenir à ce point », ajoute-t-il.

Face à cette unité affichée, Francis Dubois, député LR sortant et adversaire de François Hollande, pointe le grand écart idéologique entre le socialiste et ses alliés, notamment insoumis. « Là, on a un individu socio-démocrate, qui s’allie avec (Jean-Luc) Mélenchon qui veut le chaos, la révolution, l’obscurantisme », tonne le candidat adoubé par le camp macroniste. « C’est tout ce que les citoyens vomissent d’un homme politique. C’est ahurissant. »

Francis Dubois assure n’être pas « dupe » et prévient que la Corrèze ne doit pas servir de « tremplin » aux ambitions nationales de François Hollande. Qui répond à ce propos n’avoir « aucune ambition ». Mais un ancien président ne saurait être « un député comme les autres » : s’il est élu, il « aura à appeler à la responsabilité dans toutes circonstances » et sera « engagé » pour « trouver des solutions ».

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