"Changer de sexe en mairie": quand Emmanuel Macron plaidait pour simplifier le changement de genre

Macron 2024 qui contredit Macron 2022. En déplacement sur l'île de Sein pour les commémorations de l'Appel du 18-Juin, le président de la République a vivement critiqué le programme du Nouveau Front populaire. Moins de deux semaines avant le premier tour des élections législatives, Emmanuel Macron a pointé "des choses ubuesques" dans le programme, qu'il qualifie "d'extrême gauche".

Il dénonce notamment ce qu'il qualifie de "changement de sexe en mairie". Une position qui a fait polémique à gauche, mais qui a été défendue par l'Élysée, ce mercredi.

"Le changement de sexe, libre, en mairie n'est pas un projet de société qu'il défend au regard de la complexité de toutes les questions que cela soulève chez les personnes concernées qu'il faut accompagner", déclare son entourage.

Des propos qui sont cependant à rebours de sa position pendant la dernière campagne présidentielle.

Opposé aux "procédures administratives inutiles"

Ainsi, à 4 jours du second tour de la dernière présidentielle, qui l'oppose à Marine le Pen, le magazine LGBT Têtu publie les réponses d'Emmanuel Macron au questionnaire, portant sur les questions LGBQI+, transmis par le média. Le président y semble déterminé à lutter "contre les préjugés et les discriminations envers les personnes lesbiennes, gay, bi, trans."

"Les personnes qui s’engagent dans un processus de transition doivent être respectées dans leur choix et leur vie ne doit pas être rendue plus complexe par des procédures administratives si elles sont inutiles", affirme-t-il

Une mesure qui était d'ailleurs intégrée dès 2020 au "Plan national d'actions pour l'égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+", présenté par Élisabeth Moreno, alors ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la diversité.

Que dit le programme du Nouveau Front populaire?

"Cette manière de flatter les réactionnaires est insupportable", vilipende sur X la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier. L'ancien candidat LFI à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, dénonce lui "des propos indignes". Les propos d'Emmanuel Macron ont rapidement été condamnés par l'ensemble des composantes du Nouveau Front populaire (NFP), qui ont intégré cette mesure à leur programme.

Elle figure au chapitre des "transformations", qui donne un aperçu des mois suivant leur accession au pouvoir, si l'alliance de gauche remporte les élections législatives.

"Nous libérerons ainsi la vie des gens en supprimant les formalités judiciaires qui ne servent à rien", assurait déjà le député sortant de La France insoumise (LFI) de Loire-Atlantique, Andy Kerbrat, au magazine Têtu, le 13 juin, avant la publication du programme.

Crispation dans le camp présidentiel?

La polémique monte également au sein du camp présidentiel. L'ancien ministre délégué aux Transports Clément Beaune a appelé à "rejeter toute stigmatisation dans le discours politique et faire avancer les droits" dans un tweet peu après la prise de parole du chef de l'État.

"Cette histoire, avec la majorité qui se divise dessus, on s'en serait bien passé", regrette par ailleurs un poids lourd du camp présidentiel, proche d'Emmanuel Macron, auprès de BFMTV.com.

Il ajoute qu'il s'agit d'une "maladresse" de la part du chef de l'État, qui n'a pas fait des questions sociétales "sa priorité" dans cette campagne.

"J'assume que ce sont des sujets sur lesquels j’étais moins sensibilisé au début de mon mandat [de 2017], que maintenant", concédait en 2022 le président dans son interview à Têtu.

Aujourd'hui, la loi permet déjà de changer gratuitement la mention du sexe dans les actes de l'état-civil en faisant une démarche auprès du tribunal, précise le site du service public. Il faut pour cela "démontrer que le sexe indiqué sur votre état civil ne correspond pas à celui de votre vie sociale". "Il n'est pas nécessaire d'avoir suivi un traitement médical ou d'avoir été opéré", est-il précisé.

Article original publié sur BFMTV.com