Binationaux, pouvoir d'achat, institutions... Ce qu'il faut retenir du débat entre Attal, Bardella et Faure

Le Premier ministre, le président du Rassemblement national et le Premier secrétaire du Parti socialiste ont croisé le fer sur France 2 lors d'un ultime débat, à trois jours du premier tour des législatives.

Gabriel Attal pour le camp présidentiel, Jordan Bardella pour le Rassemblement national et Olivier Faure pour le Nouveau front populaire. À trois jours du premier tour des législatives, les représentants des trois blocs donnés en tête du scrutin se sont retrouvés pour un ultime débat sur France 2 ce jeudi 27 juin.

Mardi soir, le Premier ministre et le président du Rassemblement national avaient déjà croisé le fer, cette fois contre Manuel Bompard.

Pouvoir d'achat, binationaux, exercice du pouvoir… Plusieurs thèmes ont été abordés lors de ce débat. BFMTV.com vous résume l'essentiel.

En amorce du débat, les trois responsables politiques ont été interrogés sur leur vision et l'exercice du pouvoir. L'actuel locataire de Matignon a promis de "gouverner différemment", tout en proposant "un référendum chaque année sur un sujet d'importance pour les Français."

"Je pense qu'un certain nombre de décisions qui ont été prises, notamment le recours au 49.3 pour des textes budgétaires, a pu donner une impression de brutalisation", a-t-il reconnu.• Bardella imagine Ciotti dans son potentiel gouvernement

Jordan Bardella, lui, qui a déjà affirmé qu'il n'ira à Matignon qu'en cas de majorité absolue, a assuré vouloir "un gouvernement d'union nationale où puissent siéger toutes les énergies et les compétences qui s'exercent dans le pays". Il confirme par ailleurs qu'Éric Ciotti, avec qui il a scellé une alliance, "sera appelé à des responsabilités importantes".

Quid d'un gouvernement Nouveau front populaire? "Le Premier ministre ne sera ni insoumis, ni écolo, ni socialiste, ni communiste, il sera issu du Nouveau Front Populaire. Il sera celui ou celle qui permettra à toute la gauche et aux Écologistes de se rassembler", a de son côté répondu Olivier Faure.

C'est la phrase qui a mis le feu aux poudres ce jeudi 27 juin au matin. Dans un entretien au Télégramme, Marine Le Pen a assuré: "chef des armées, pour le président, c'est un titre honorifique puisque c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse".

Une déclaration "grave" pour Gabriel Attal, pour qui Marine Le Pen "ne respecte pas notre Constitution". "On peut dire beaucoup de choses sur nos institutions. S'il y a une chose qui fonctionne en France, c'est la chaîne de commandement".

"Le message envoyé par Mme Le Pen est clair: si le RN venait à gagner les élections, il y aurait une forme de dispute entre le Premier ministre et le président de la République pour savoir qui a le rôle de chef des armées”, a ajouté Gabriel Attal.

"Partout où elle gouverne, partout elle cherche à prendre le pas sur les institutions", a de son côté déploré Olivier Faure, qui a vu dans la sortie de Marine Le Pen l'"état d'esprit putschiste de l'extrême droite".

"La Constitution stipule que celui qui a la responsabilité de la Défense nationale, c’est le Premier ministre", a rétorqué Jordan Bardella. "C'est le Premier ministre qui détermine le budget de fonctionnement des armées. J'entends poursuivre l'effort sur le budget des armées."

• "Français de seconde zone", "calomniateur"... Bardella au cœur d'un échange tendu sur les binationaux

C'est l'une des propositions du Rassemblement national: empêcher les binationaux d'occuper des "emplois extrêmement sensibles" de l'État -"une cinquantaine de postes", a précisé depuis le vice-président du RN Sébastien Chenu. Pour Gabriel Attal, le parti de Jordan Bardella "stigmatise les Français binationaux". Selon lui, le parti d'extrême droite dit à ces Français "qu'ils sont des demi-Français".

"À quel moment ai-je dit que les binationaux n'étaient pas de véritables Français?", lui a rétorqué Jordan Bardella. "Je n'ai jamais dit ça", a répondu le président du RN. "Je ne peux pas laisser le premier menteur de France diffamer des millions de Français." Et d'ajouter: "Vous êtes un petit calomniateur."

"Vous fabriquez des Français de seconde zone!", s'est insurgé Olivier Faure, qui accuse le parti d'extrême droite de faire "le tri entre les Français". • Faure défend l'augmentation du Smic, Attal dénonce des mesures "magiques"

Alors que le Nouveau front populaire propose d'augmenter le Smic à 1.600 euros net mensuels, Olivier Faure a défendu la mesure. " À chaque fois que la gauche propose, à chaque fois vous avez les mêmes qui nous expliquent que rien ne sera possible", a-t-il souligné, évoquant l'exemple espagnol, où "ils ont augmenté le Smic de 47%". "On propose de l'augmenter de 14% (...) Aujourd'hui, vivre avec le Smic, c'est impossible", a-t-il martelé.

"On peut baisser les taux de TVA, on peut augmenter le Smic, vu que c'est magique. Pourquoi ne pas le mettre à 2.000 ou à 3.000 si c'est magique?", a répondu Gabriel Attal. Le Premier ministre affirme, lui, proposer "des mesures qui sont finançables et réalisables, comme la revalorisation systématique des pensions de retraite avec l'inflation".

Les trois responsables ont également été interrogés sur des sujets de société, dont l'homophobie. "L'homophobie, je l'ai vécue, je la vis. Ma chance, c'est que je me suis bien entouré et que je suis blindé", a confié Gabriel Attal, qui est le premier chef du gouvernement ouvertement homosexuel en France.

"Je pense aux jeunes Français qui ont peur. (...) Je veux leur dire que dans la société que je défends, tous les Français auront leur place. C'est ça pour moi la société française. Une République universaliste qui ne discrimine personne", a-t-il assuré.

Si Olivier Faure a salué les propos de Gabriel Attal, il a "regretté" qu'Emmanuel Macron "ait considéré que la transphobie pouvait être un sujet de blague". Le chef du PS a fait ici référence aux propos du chef de l'État, qui avait tancé la volonté "ubuesque" du Nouveau Front populaire de permettre aux personnes transgenres de "changer de sexe en mairie". "J'aimerais que toutes les différences soient acceptées (...) Il n'y a pas de Français de trop", a-t-il martelé.

"J'ai l'impression qu'on ne vit pas dans le même pays. La crainte de s'assumer, c'est un fait, et dans la France de 2024, c'est inacceptable. Mais il y a beaucoup de quartiers où en France, il ne fait pas bon naître ni Juif, ni homosexuel, ni femme. Parce qu'on fait venir des gens qui rejettent toutes formes de différences", a pour sa part déclaré Jordan Bardella. "Arrêtez de parler d'immigration en permanence!", a rétorqué Gabriel Attal.

Article original publié sur BFMTV.com