Marine Le Pen "estomaquée" par les propos du député RN Roger Chudeau sur les ministres binationaux

Marine Le Pen prend ses distances avec son élu. Invitée sur CNews ce vendredi 28 juin, à deux jours du premier tour des élections législatives anticipées, la présidente sortante du groupe Rassemblement national à l'Assemblée nationale s'est dite "estomaquée" par les propos de Roger Chudeau, député RN du Loir-et-Cher. Ce dernier a estimé la veille sur BFMTV qu'un membre du gouvernement ne pouvait pas être binational car cela posait un "problème de double loyauté".

"Je suis un peu estomaquée que notre collègue Roger Chudeau puisse exprimer un avis personnel qui est totalement contraire au projet du Rassemblement national", a-t-elle dit.

"Nous avons pu par le passé envisager cette solution, et j’y ai renoncé il y a plusieurs années", a-t-elle défendu. "Je me suis rendu compte que les binationaux ressentaient comme une forme de suspicion de déloyauté à l’égard de la France et que je trouvais ça profondément injuste. L'amour que l'on a pour son pays ne dépend pas du fait d'avoir ou de ne pas avoir une double nationalité."

En ce qui concerne une possible sanction pour le député, Marine Le Pen n'a pas indiqué si ce dernier allait être ou non désinvesti par le parti d'extrême droite. "Je pense que Jordan Bardella ne laissera pas les choses en état", a-t-elle dit, s'en remettant au président du Rassemblement national.

Najat Vallaud-Belkacem prise à partie

Interrogé sur les emplois que le Rassemblement national interdirait aux citoyens titulaires d'une double nationalité en cas d'accession au pouvoir, Roger Chudeau a évoqué les emplois ministériels, en citant un "exemple précis".

"Najat Vallaud-Belkacem, Franco-marocaine, qu'a-t-elle fait? Elle a détruit le collège public et surtout elle a voulu instituer au CP des cours d'arabe", a-t-il lancé.

Dans les faits, l’ancienne ministre a voulu favoriser l’apprentissage d’une langue étrangère dès le CP, pas nécessairement l’arabe.

"Elle disait elle-même qu'elle était une sorte de passerelle, de pont, entre le royaume du Maroc et la France. Elle le revendiquait comme une qualité", a-t-il ajouté, évoquant plus généralement "un problème de double loyauté à un moment donné".

Il a ainsi estimé que la nomination de Najat Vallaud-Belkacem à l'Éducation (2014-2017) "était une erreur, et pas une bonne chose pour la République". Et d'ajouter que "les postes ministériels doivent être détenus par des franco-français, point final". Avant de préciser sur les réseaux sociaux que cette position était "un avis strictement personnel" qui "n’engage nullement le RN".

Le RN, donné favori des élections législatives de dimanche, a fait part en début de semaine de son souhait d'"empêcher" les personnes avec une double nationalité d'occuper "des emplois extrêmement sensibles" dont la liste sera définie "par décret". Le patron du parti, Jordan Bardella, a pris l'exemple d'un patron de centrale nucléaire et le député Sébastien Chenu a évoqué "une cinquantaine de postes", dans des secteurs "notamment liés à la sécurité et à la défense".

Article original publié sur BFMTV.com