Agressions physiques, appels au calme... Une fin de campagne des législatives sous haute tension

Des agressions qui illustrent une atmosphère électrique? En France, la fin de campagne des élections législatives est marquée par les violences envers les candidats et leurs militants. Invité sur BFMTV-RMC ce vendredi 5 juillet, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dit avoir recensé 51 agressions de candidats, suppléants ou militants durant cette "courte" campagne.

Une trentaine de personnes ont par ailleurs été interpellés après ces agressions "parfois extrêmement graves qui emmènent les gens à l’hôpital", a affirmé le ministre de l’Intérieur et candidat aux législatives dans le Nord.

Souvent, ces agressions se sont déroulées lors des opérations de tractages. En Isère, Bernard Dupré, un militant pour Ensemble de 77 ans, a été frappé alors qu’il collait des affiches d’Olivier Véran, député sortant de la 1e circonscription de l’Isère et candidat à sa réélection, à La Tronche.

"J'ai pris un coup de poing"

"J’avais mon coffre ouvert et là, une personne s’est approchée et m’a pris les affiches dans ma voiture", a rapporté l’élu à BFMTV. L’homme les a alors déchirées. "Je me suis interposé en lui disant qu’il fallait qu’il laisse ça tranquille, et j’ai pris un coup de poing. Il a pris le reste des affiches et il est parti en courant."

"C’est quand même désobligeant qu’à 77 ans, on se fasse agresser, car on colle des affiches dans un pays qui se dit démocratique", a réagi le septuagénaire auprès de BFMTV. Un jeune homme de 26 ans, se disant être soutien LFI, s’est présenté à l’hôtel de police de Grenoble quelques heures plus tard. Il a été déféré en vue d'une mise en examen.

Le même jour, une militante LR, a été agressée alors qu’elle distribuait des tracts à Neuilly-sur-Seine. Selon les informations de BFMTV, un homme l’a menacée verbalement après s’être approché d’elle.

Puis, il s’en est pris physiquement à cette militante en l’immobilisant et en la frappant au cou et à la joue avant qu’un autre militant ne s’interpose. Une personne a été interpellée et placée en garde à vue, a appris BFMTV auprès du parquet de Nanterre qui a ouvert une enquête pour violences en état d’ivresse manifeste.

Ces scènes sont survenues au lendemain de l’agression de l’équipe de la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot. Le mercredi 3 juillet, ils ont été pris à partie à Meudon dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine où Prisca Thevenot est candidate à sa réélection.

Aux alentours de 20 heures, la députée sortante, sa suppléante et plusieurs soutiens, se sont retrouvés à proximité d’un "petit groupe de jeunes" qui étaient "en train de dégrader des affiches". Le ton est alors monté entre la bande et l’équipe de Prisca Thevenot qui rafraîchissait les affiches de campagne dans les rues de la ville.

L’un des hommes qui a arraché l’affiche a demandé de l’aide avant de partir, puis de revenir avec une vingtaine de jeunes. D'après ces premières déclarations, ces jeunes étaient très agressifs et sont arrivés en courant et en criant. Des coups de pied et de poing ont été donnés, notamment à l'aide d'une trottinette, selon une source policière.

"J'ai la mâchoire droite cassée"

Les agresseurs ne s'en sont pas pris directement à la porte-parole du gouvernement, mais la suppléante de la ministre a été blessée à l'avant-bras et à la jambe tandis qu'un militant, Ousmane Madiba Guirassy, a été touché à la mâchoire. Tous deux ont été pris en charge à l'hôpital Percy de Clamart, dans le même département.

"Je suis dans un état de choc total. J'ai vu dans ces personnes qui nous agressaient une déferlante de haine. Et une brutalité féroce. J’ai la mâchoire droite cassée. Je serai opéré demain sous anesthésie générale. Une entorse à la cheville droite et une plaie au majeur gauche. C'était très violent", a-t-il raconté, joint par BFMTV. Quatre personnes, dont trois mineurs, ont été placées en garde à vue après cette agression. Le majeur et un mineur ont été déférés en vue d'une mise en examen ce vendredi.

Le samedi 22 juin, c’est un militant écologiste du Nouveau Front populaire qui a déposé plainte après une agression à Bordeaux. L’homme s’était retrouvé dans la rue face à deux jeunes hommes qui lui avaient lancé "on va vous écraser" en voyant un paquet de tracts sous ses bras. À Cherbourg-en-Cotentin, Nicolas Conquer, candidat LR-RN, et son équipe de campagne ont également été pris à partie lors de la distribution de tracts.

"Des œufs ont été lancés, le tout agrémenté d’invectives", a rapporté à Ouest-France le parquet de Cherbourg-en-Cotentin, précisant que deux œufs avaient atteint le candidat au bras et à la tête.

Dans la Loire, Hervé Breuil, candidat du Rassemblement national, a lui été pris a partie avec trois autres membres ou sympathisants du parti sur un marché. L'homme politique a reçu un coup de pied au niveau du postérieur. Il a été emmené aux urgences par l'un des militants après les faits car il semblait assez "choqué" par les faits, sans que celui-ci ne fasse de malaise. Porteur d'un pacemaker, il a été hospitalisé. Une enquête a été ouverte pour "violences en réunion" par le parquet de Saint-Étienne.

Agressions de "tous les côtés"

Une liste non-exhaustive qui pose question. Interrogé sur les profils des agresseurs, Gérald Darmanin a affirmé sur BFMTV-RMC qu’il était "assez tôt pour faire un profil type" de ces personnes, évoquant "des profils extrêmement variés". Mais "ce sont des gens soit spontanément énervés, ce qui montre cette France à vif, soit des militants politiques ou d’ultragauche ou d’ultradroite d’autres formations politiques".

Ces agressions ont touché "tous les côtés", a-t-il encore ajouté. "Il y a eu des candidats RN qui ont été violemment agressés, des candidats de gauche qui ont été violemment agressés, une ministre, Prisca Thevenot, violemment agressée donc je pense malheureusement que c’est très partagé", a ajouté le candidat aux élections législatives dans le Nord.

Les candidats et politiques ont pris la parole après ces agressions. Gabriel Attal, le Premier ministre, avait lancé un appel au calme, "à l'unité et à la fraternité" au lendemain de l'agression de Prisca Thevenot. "Je cherche l'apaisement. On ne va pas pointer du doigt une responsabilité", a ajouté Gabriel Attal.

Jordan Bardella, président du RN, avait lui apporté son "soutien total" à la porte-parole du gouvernement. L'adversaire de Prisca Thevenot, Salomé Nicolas-Chavence, candidate du Nouveau Front populaire dans la même circonscription, lui a aussi apporté son "soutien" ainsi qu'à ses équipes.

"Je suis profondément choquée par ces actes inacceptables et je les condamne avec la plus grande fermeté. La violence n’a pas sa place dans notre démocratie", a-t-elle écrit sur X.

Article original publié sur BFMTV.com