Résultats législatives 2024: quand Emmanuel Macron devra-t-il nommer un Premier ministre?

Après le second tour des élections législatives, aucune majorité claire ne se dégage à l'Assemblée nationale. Le bloc du NFP arrive en tête, devant la coalition présidentielle et le RN. Emmanuel Macron va-t-il devoir remplacer Gabriel Attal et nommer rapidement un nouveau Premier ministre? Explications.

Pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale. Mais Emmanuel Macron va bien devoir nommer un Premier ministre. Après le second tour des élections législatives, et la victoire du bloc de gauche sans majorité absolue, ce dimanche 7 juillet, Gabriel Attal va-t-il rester à Matignon? L'Élysée va-t-il missionner un membre du Nouveau Front populaire, puisque le bloc de gauche a une majorité relative de parlementaires?

Sur ces sujets, la Constitution est claire: "Le Président de la République nomme le Premier ministre", énonce l'article 8. C'est à lui que revient ce choix, et uniquement à lui. Sans calendrier particulier. Aucune consultation, ni contreseing, ou validation des parlementaires n'est requise. C'est un pouvoir propre d'Emmanuel Macron: seule sa signature, en bas du décret de nomination du locataire de Matignon publié au Journal officiel, est nécessaire.

D'après l'Élysée à BFMTV, "le président de la République prend actuellement connaissance des résultats de ces élections législatives au rythme des remontées, circonscription par circonscription".

"Conformément à la tradition républicaine, il attendra la structuration de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre les décisions nécessaires", a indiqué la présidence.

Et d'ajouter: "Le président dans son rôle de garant de nos institutions veillera au respect du choix souverain des Français". L'entourage du chef de l'État a par ailleurs appelé à la "prudence" dans l'analyse des résultats. Selon lui, ils ne répondent pas à la question de "'qui pour gouverner'".

Lorsque la majorité des députés à l'Assemblée nationale soutient la politique du président de la République - on parle alors de fait majoritaire -, le président a les mains libres. Situation connue par Emmanuel Macron entre 2017 et 2022 avec la République en Marche, devenu aujourd'hui Renaissance. Pendant tout son quinquennat, il domine largement l'hémicycle, avec plus de 350 députés élus. Quand la majorité absolue s'établit à 289 sièges.

En 2022, après sa réélection à l'Élysée, c'est la douche froide. Aux élections législatives, la majorité présidentielle perd plus d'une centaine de sièges, et sa majorité absolue. Avec 245 sièges, elle se retrouve en situation de majorité relative. Pour autant, les groupes d'opposition ne réussissent pas à s'allier pour voter une motion de censure, et contraindre le Premier ministre à remettre la démission de son gouvernement. Emmanuel Macron a donc pu nommer Élisabeth Borne et Gabriel Attal sans difficulté.

Et maintenant? Le scénario politique n'est pas clair, mais rien n'impose à Emmanuel Macron de se presser. Il pourrait nommer un Premier ministre venu de la gauche, avec le risque de voir celui ci affronter une motion de censure qui rassemblerait l'ensemble des blocs Ensemble et RN, pour le faire chuter.

Sans majorité et sans alliance, le chef de l'État aurait aussi la possibilité de nommer un gouvernement "technique", composé d'experts (économistes, hauts-fonctionnaires, diplomates..) et chargé d'assurer la continuité de l'État. Avec le risque de se voir confronter rapidement à une motion de censure.

Autre scénario envisageable: Emmanuel Macron pourrait décider de maintenir Gabriel Attal à son poste et lui confier la tâche de constituer une coalition plurielle s'étendant sur sa gauche, sans avoir cependant la certitude d'obtenir une majorité capable de survivre à une motion de censure.

Article original publié sur BFMTV.com