Tuchel en danger, joueurs pas au niveau, coup de gueule... le Bayern au bord de l’implosion avant d'affronter la Lazio

A l’heure où le PSG est attendu au tournant face à la Real Sociedad, ce mercredi au Parc des Princes (21h sur RMC Sport 1), le Bayern Munich joue aussi très gros en Ligue des champions. Sorti premier de sa poule devant Copenhague, Galatasaray et Manchester United, le club bavarois se rend à Rome pour un huitième de finale aller à suspense contre la Lazio. Sur le papier, les Allemands restent les favoris de cette double confrontation.

Mais dans les récentes performances de l’équipe dirigée par Thomas Tuchel entretiennent le doute. Pas au mieux avant le rendez-vous continental, le Bayern Munich joue gros ce mercredi au Stadio Olimpico face à des Laziales ambitieux et soucieux de faire chuter un prétendant au sacre européen.

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Tuchel plus que jamais sur un siège éjectable

Quatre jours après la claque reçue à Leverkusen (3-0), le Bayern se rend dans la capitale italienne avec un goût amer dans la bouche: celui de la défaite. Un peu moins d’un an après son arrivée, Thomas Tuchel fait l’objet de nombreuses critiques outre-Rhin. Après onze titres consécutifs en Bundesliga, Munich a peut-être perdu une bataille décisive face au Bayer pendant le week-end. Si les résultats ne sont pas là, le jeu n’a rien de reluisant.

Malgré le recrutement de Harry Kane pendant le mercato estival, et si l’Anglais a réussi sa greffe avec 28 buts en 28 rencontres toutes compétitions confondues, le Bayern version 2023-2024 ne convainc pas. Le schéma tactique en 4-2-3-1 est là et bien installé mais les performances ne suivent pas, le club bavarois semble moins dominateur que par le passé.

Moins que les saisons précédentes et également moins qu’en début d’exercice où le bilan restait de huit victoires en dix rencontres (pour deux nuls) en championnat. Lors des onze matchs suivants sur la scène nationale, le Bayern a ainsi concédé trois défaites (pour huit victoires) soit presque autant qu’en 2021-2022 et 2022-2023 (cinq défaites au total à chaque fois).

Un nouvel échec contre la Lazio ce mercredi voire, pire, une élimination face aux Biancocelesti dès les huitièmes de finale de la Ligue des champions pourrait bien acter la fin du passage de Thomas Tuchel malgré un contrat jusqu’en juin 2025. En fin de saison, presque assurément, peut-être avant si un candidat crédible émerge pour le remplacer. Mais pour avant l’échéance en C1, sa direction a confirmé une relative confiance. Au moins en apparence.

"Rien n’a changé", a ainsi lancé le directeur général Jan-Christian Dreesen après la déroute contre Leverkusen dans des propos relayés par Sky Sport en Allemagne. "On savait que cela allait être un match difficile mais on doit se tourner vers l’avenir. La défaite était méritée mais on ne lâche pas."

Des joueurs pas au niveau

Thomas Tuchel maintenu, jusqu’à nouvel ordre, son prédécesseur Julian Nagelsmann avait pris la porte en dépit de la qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions contre le PSG en 2023. Mais contrairement à l’actuel sélectionneur de l’Allemagne, le technicien de 50 ans semble encore garder le soutien de ses joueurs. Problème, de nombreux cadres ne sont pas au niveau cette saison. Si le Français Kingsley Coman est blessé au genou et manquera encore plusieurs mois de compétition, les autres cadres munichois ne brillent pas vraiment en ce moment.

Peut-être un peu perturbés par les rumeurs autour de leur avenir, leurs noms circulent notamment au Real et au Barça, Alphonso Davies (forfait contre la Lazio après un pépin au genou) et Joshua Kimmich déçoivent. Idem pour celui qui doit être le meneur de jeu de cette équipe malgré son jeune âge: Jamal Musiala ou pour Leroy Sané qui est retombé dans ses travers avec une trop grande irrégularité. Vanté pour ses qualités de supersub, le Français Mathys Tel a aussi un peu plus de mal à enchaîner et à marquer.

Après avoir débuté un nouveau cycle au sein de la direction avec les départs d’historiques comme Oliver Kahn, le fameux "FC Hollywood" dont se moque ses détracteurs n’a pas non plus réussi la mue de son effectif malgré les ambitions affichées avec les signatures de Harry Kane, Eric Dier, Kim Min-Jae ou avec les investissements sur les prometteurs Sacha Boey et Bryan Zaragoza.

"Il y a des joueurs qui ne sont pas au niveau, Jamal Musiala est peut-être encore un peu jeune pour prendre le leadership. D’ailleurs, il y avait un duel dans la rencontre face au Bayer entre Florian Wirtz et Musiala, il y en a un qu’on n’a pas vu et un autre qu’on a vu dans tous les sens. C’est Florian Wirtz, évidemment", a noté cette semaine Polo Breitner, le spécialiste du football allemand pour RMC Sport. "Leroy Sané, eh bien on retrouve le Leroy Sané qui fait la tronche quand les ballons n’arrivent pas, il n’est pas bon. Harry Kane a complètement disparu, il n’est pas servi même s’il bosse beaucoup en essayant de revenir aux 50m pour récupérer le ballon."

Et la drôle de dame allemande de l’After foot d’ajouter: "Il y a plein de choses qui ne vont pas. Il va falloir évidemment faire un résultat à la Lazio. Mais il est très clair que tu ne peux pas avoir un enchaînement de mauvais résultats. Surtout en ce moment, parce qu’il n’y pas forcément de remplaçant. L’année dernière quand Nagelsmann a été licencié, Tuchel traînait déjà en Bavière à Munich. Là ce n’est pas pareil, sur le marché c’est plus délicat."

La peur d’une saison blanche

Et pour cause, difficile d’imaginer Xabi Alonso quitter Leverkusen en cours de saison pour signer chez le principal concurrent. Si le Basque fait partie des noms souvent cité au Bayern pour l’été prochain, rien n’est certain. Sauf peut-être que Munich se rapproche à grands pas d’une saison sans le moindre titre. Désormais relégué à cinq points du Bayer en Bundesliga, le club munichois aura besoin d’un exploit pour remporter un douzième sacre consécutif en championnat.

En Coupe d’Allemagne, la piteuse élimination contre Sarrebruck (12e de troisième division) a clairement fait tache. Une nouvelle désillusion en Ligue des champions contre la Lazio constituerait un nouvel accroc. Surtout, cela lancerait plus franchement le Bayern sur la route d’une saison blanche pour la première fois depuis la campagne 2011-2012. Et encore, il y a douze ans, les partenaires de Franck Ribéry et Arjen Robben avaient atteint la finale de la Ligue des champions et celle de la Coupe d’Allemagne. Cette année sauf épopée européenne, cela ne sera même pas le cas. Une urgence de résultats qui a poussé l’éternel mais moins efficace Thomas Muller à un coup de gueule pour remobiliser ses troupes avant l’Europe et le sprint final.

"On ne vient pas avec une rose dans la main, mais pour mettre le ballon au fond des filets", a lancé le vétéran de 34 ans après avoir avait piqué une grosse colère après la défaite à Leverkusen où il reprochait à ses coéquipiers leur manque de combativité. "Il nous a manqué des coui...", avait-il lâché, empruntant une expression chère à l'ancien gardien emblématique, capitaine et président Oliver Kahn.

La C1 de l’espoir?

Toujours est-il que la Ligue des champions pourrait constituer l’ultime chance du Bayern de sauver une saison compliquée. Avec seulement sept matchs à gagner pour remporter la prestigieuse compétition, la mission semble moins impossible qu’en Bundesliga où sauf gros coup d’arrêt leverkusenois le titre sera perdu. Certes, d’autres cadors européens ont fait de la C1 une priorité comme Manchester City, le Real Madrid ou même le PSG mais Munich a un coup à jouer. Au sein du club on veut toujours y croire et notamment Thomas Tuchel ou Manuel Neuer. De retour ce mercredi, le gardien a voulu souder le groupe.

"Il est clair que le nom de la Lazio peut sembler un peu moins glorieux pour certaines personnes. Ce n’est pas grave mais nous savons aussi que nous aussi parfois eu des problèmes contre des adversaires soi-disant plus abordables. Je pense que nous avons très bien joué pendant la phase de poules contre des équipes comme Manchester United ou Galatasaray. Mais je ne dirais jamais que des équipes plus faibles sur le papier sont des petits adversaires", a estimé le gardien et capitaine allemand. "Tout simplement parce qu’elles ont mérité d’être là en phase à élimination directe. Et nous ne sous-estimons pas nos adversaires même si cela n’a pas fonctionné comme on l’espérait contre Leverkusen. Nous devons nous remettre en question et essayer d’être plus performants collectivement et individuellement pour gagner ensemble."

La méfiance est donc de mise dans les rangs bavarois. Un peu à l’image de la princesse Leia qui faisait d’Obi-Wan Kenobi son "seul espoir" dans l’épisode 4 de Star Wars, la Ligue des champions demeure le seul espoir du Bayern. Encore faut-il ne pas tout gâcher ce mercredi à Rome contre la Lazio.

Article original publié sur RMC Sport