Slovaquie: une présidentielle serrée, avec l'Ukraine en toile de fond

Les candidats à la présidentielle en Slovaquie Peter Pellegrini (d) et Ivan Korcok (g) avant le début d'un débat sur la chaîne de télévision RTVS le 3 avril 2024 à Bratislava (TOMAS BENEDIKOVIC)
Les candidats à la présidentielle en Slovaquie Peter Pellegrini (d) et Ivan Korcok (g) avant le début d'un débat sur la chaîne de télévision RTVS le 3 avril 2024 à Bratislava (TOMAS BENEDIKOVIC)

Les Slovaques votent samedi pour le deuxième tour d'une élection présidentielle plus serrée que jamais, sur fond de guerre en Ukraine voisine.

Selon les derniers sondages, les deux candidats, l'ancien diplomate Ivan Korcok, pro-occidental, et Peter Pellegrini, proche du gouvernement sceptique à l'égard de Kiev, sont au coude à coude pour remplacer la libérale Zuzana Caputova.

M. Pellegrini, président du Parlement âgé de 48 ans, est crédité de 51% d'intentions de vote, contre 49% pour M. Korcok, 60 ans, un ex-ministre des Affaires étrangères, selon l'institut Focus.

Après avoir voté avec sa femme, M. Korcok a appelé les Slovaques à "venir voter", ajoutant que l'élection concernait "en partie l'avenir du pays".

"Je veux être au début du processus qui permettra d'améliorer la vie du pays", a-t-il déclaré depuis sa ville de Senec, dans l'ouest du pays, avant une promenade à bicyclette et un moment en famille.

Appelant à l'unité et reconnaissant que le scrutin risquait d'être "extrêmement serré", M. Pellegrini a souligné que le scrutin "ne portait pas sur l'orientation future de la politique étrangère".

Il a garanti que le pays continuera à être "un membre fort" de l'UE et de l'OTAN".

Selon Vaclav Hrich, directeur général de l'institut de sondages AKO, "il s'agit de la course présidentielle la plus serrée de tous les temps".

L'anti-européen et prorusse Stefan Harabin, arrivé troisième au premier tour avec 12% des voix, n'a soutenu aucun des candidats.

Mais selon un sondage d'AKO, plus de deux tiers des ses électeurs ont l'intention de soutenir M. Pellegrini.

Le taux de participation pourrait être décisif.

"Plus il y aura de votants, plus Peter Pellegrini aura de chances de l'emporter, car cela signifierait qu'il a réussi à convaincre les électeurs de Harabin", a déclaré M. Hrich.

- "Sauver le gouvernement" -

"Je ne veux pas que Fico et ses amis occupent tout en Slovaquie, c'est pourquoi j'ai choisi Ivan Korcok. C'est un vrai homme politique démocratique", a déclaré à l'AFP Frantisek Hazik, 31 ans, qui travaille à Bratislava.

Pour Helena Vaclavova, 67 ans, retraitée, le choix est évident et contraire: "Je sais que Peter Pellegrini ne veut que du bien pour ce pays (...) Il nous défendra contre tout et sera un bon président."

L'invasion de l'Ukraine voisine par la Russie est devenue un élément incontournable de la campagne électorale dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, notamment depuis que le Premier ministre populiste Robert Fico, allié de M. Pellegrini, a remis en cause la souveraineté de Kiev et appelé à la paix avec Moscou.

M. Pellegrini a été ministre dans les précédents gouvernements de M. Fico et l'a même remplacé à la tête du gouvernement en 2018.

"Je me présente à la présidence pour sauver le gouvernement", a déclaré la candidat lors d'un débat télévisé avec M. Korcok.

"Vous voulez protéger le gouvernement. Je veux protéger la Slovaquie", a riposté son rival.

En place depuis octobre, le gouvernement composé du parti Smer de M. Fico, du parti Hlas de M. Pellegrini et du petit parti d'extrême droite SNS, a interrompu l'aide militaire à l'Ukraine.

"Ivan Korcok est un belliciste qui soutiendra sans hésiter tout ce que l'Occident lui dira, y compris d'entraîner la Slovaquie dans la guerre", a accusé dans une vidéo M. Fico, expliquant qu'il était en faveur de négociations de paix.

- Contrepoids -

M. Korcok, critique virulent du gouvernement, soutenu par l'opposition, est résolument pro-Ukraine et estimant que la Russie "a piétiné le droit international"

"Je ne pense pas que l'Ukraine doive renoncer à une partie de son territoire pour parvenir à la paix", a-t-il déclaré à l'AFP.

Pavol Turanec, un électeur de Martin, dans le nord de la Slovaquie choisit M. Korcok qui est "un vrai pro: pro-démocratique, pro-occidental, pro-européen".

"Ses valeurs ne changent pas en fonction des sondages", a déclaré cet homme de 50 ans à l'AFP.

"Ce gouvernement criminel nous mène vers une autocratie pro-russe, dévastant le système judiciaire et les finances publiques. Ils ont vraiment besoin d'un contrepoids", a-t-il ajouté.

Jana Mozolova, une enseignante de 66 ans à la retraite de Kosice (est) a voté pour M. Pellegrini.

"Il est là depuis des années et n'a jamais déçu personne", a-t-elle déclaré.

Les résultats provisoires sont attendus vers minuit.

Bien que sa fonction soit essentiellement cérémoniale, le président ratifie les traités internationaux, nomme les principaux juges et est le commandant en chef des forces armées. Il peut également opposer son veto aux lois adoptées par le Parlement.

Les bureaux de fermeront à 20H00 GMT. Les résultats provisoires sont attendus vers minuit.

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