"Un rêve d'enfant": dans les coulisses du voyage à San Antonio de 27 fans français des Spurs, sur les traces de Wembanyama

Un choc thermique douloureux pour un retour à la réalité plus que brutal. Entre les près de 25°C au départ de San Antonio et les moins de 10°C à l’arrivée à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, les 27 Français partis sur les traces de Victor Wembanyama entre le 23 et le 31 janvier n’ont pas été épargnés. Mais plus que la douceur de l'hiver texan, c'est bien la chaleur humaine du Frost Bank Center qui leur manque le plus au moment de faire leur retour dans la grisaille parisienne.

"Ce qui m’a le plus choqué, c’est l’ambiance pendant les matchs, tranche Rémy, 22 ans, l’un des participants au voyage.

"Quand on regarde un match à la télé, ce n’est pas du tout la même chose, on n’entend pas du tout l’intensité des gradins par rapport à ce qu’elle est réellement. J’ai même l’impression qu’ils diminuent le son des gradins pour qu’on entende mieux le bruit du terrain et des commentateurs (sourire). Même au cinquième rang, on n’entendait pas le bruit des joueurs sur le parquet et c’était même impossible de parler avec mon voisin tellement il y avait de bruit", conclut le jeune homme, infirmier en région parisienne le jour et fan inconditionnel des Spurs la nuit.

"On est plongés dans l'atmosphère et on se laisse porter par la vague et l'enthousiasme, ajoute Julien, supporteur français des Spurs depuis les années 90. Devant notre télé, on se dit parfois que c’est un peu long. Alors que là, à la fin du match, tu te dis: 'p**** mais c’est déjà fini?!' C’est magique."

Aux premières loges pour la victoire épique contre Minnesota

Il faut dire qu’en termes de spectacle sur le terrain, les membres de l’association Spurs Nation France ont été servis. En quatre rencontres sur place (Thunder, Blazers, Wolves et Wizards), ils ont assisté à deux victoires (Blazers et Wolves). Un pourcentage de réussite largement supérieur aux standards de la bande à Gregg Popovich depuis le début de la saison régulière (20% de victoires, 10 succès pour 40 défaites).

Surtout, la petite trentaine de fans tricolores était aux premières loges pour la victoire épique face aux Wolves de Minnesota, leaders de la Conférence Ouest battus au bout du suspense à l’issue d’un scénario renversant le 28 janvier (113-112). "Un match magnifique avec une ambiance digne des playoffs", s’enflamme le président de l'association, Jean-Patrick Nourricier, qui a vécu sa toute première fois à San Antonio… lors des finales NBA 2007.

"C’est le meilleur match de la saison et comme par hasard on y était", renchérit-il au sujet de la belle victoire face à Minnesota.

Pas de rencontre avec Wembanyama...

Extrêmement performant lors de cette série de matchs à domicile devant le groupe de Français, qui lui ont visiblement porté bonheur (23 points et 11,2 rebonds de moyenne par match sur la durée du voyage), Victor Wembanyama a conclu ce mois de janvier de la meilleure des manières. Il a ainsi donné le change sur le terrain… à défaut d’avoir pu rencontrer les membres de l’association en dehors. Dans les tuyaux avant le début du voyage, la rencontre avec le N°1 de la draft 2023 n’a finalement pas pu être organisée. "Il est très encadré, très protégé", décrit Jean-Patrick, qui comprend toutefois la nécessité d’avoir "une bulle" autour de la star des Spurs.

... sauf pour un petit groupe de courageux

Un petit groupe extrêmement motivé a cependant réussi à croiser l’ancien joueur de Boulogne-Levallois. Pendant que tous les autres membres de l'association profitaient d’un moment privilégié sur le parquet du Frost Bank Center (on y reviendra), eux ont préféré faire le pied de grue devant le centre d’entraînement pour guetter la sortie de "Wemby". Et leur patience a été récompensée, puisque le joueur s’est arrêté pour les saluer. "On avait le drapeau de la France. Lui avait un gros van avec les vitres teintées, on ne le voyait pas, retrace Sébastien, l’un des membres de ce petit commando en mission Wemby. Là, la voiture s’est arrêtée. Victor a passé la tête et son bras puis nous a salués".

"Il nous a dit de montrer le drapeau de la France au match du soir. On a échangé quelques instants", raconte-t-il, émerveillé.

Mahinmi, Diaw, Collet, Cissoko et Coulibaly

Malgré cette frustration de ne pas avoir eu de moment d'échange privilégié avec Wembanyama, les 27 fans français ont tout de même multiplié les belles rencontres. Mario Elie (champion NBA avec Houston en 1994 et 1995, puis avec les Spurs en 1999), Ian Mahinmi ou encore Boris Diaw et Vincent Collet (présents avec l’ensemble du staff de l’équipe de France) ont ainsi croisé la route de la délégation tricolore. "On leur a proposé de venir jouer avec nous. Boris était bien chaud mais les obligations de travail avec l’équipe de France l’en ont empêché", glisse Jean-Patrick.

Sidy Cissoko, "l’autre" Français des Spurs, qui alterne entre la NBA et la G-League, l'antichambre de la NBA, a également pris le temps de s’arrêter à la sortie d’un entraînement. "Il était en voiture, s’est arrêté et est descendu de la voiture pour prendre une photo avec nous. Il a dit 'vous faites 10.000 km pour venir nous voir, la moindre des choses est de prendre deux minutes avec vous'", raconte Sébastien, ravi de cette rencontre avec un jeune homme décrit comme "très abordable, une crème" par Julien.

Rémy, de son côté, a eu encore un peu plus de chance. Lors du dernier match du séjour, face aux Wizards, il a pu bénéficier d’un pass réservé aux familles des joueurs pour accéder au parquet. Alors qu’il attendait Kyle Kuzma, il a pu prendre une photo avec plusieurs joueurs des Spurs (Charles Bassey, Devonte Graham) et discuter avec un certain Bilal Coulibaly, coéquipier de Wembanyama à Boulogne-Levallois et 7e choix de la dernière draft.

"On a pu parler cinq minutes avec lui. Il a pris du temps. Il nous expliquait notamment qu’il allait manger avec Victor après le match", retrace Rémy.

Lors de cette fameuse rencontre face à Washington, qui s’est soldée par une défaite de ses protégés, la Spurs Nation France a également eu le privilège d’aller saluer tous les joueurs des Wizards dans le tunnel avant leur entrée sur le parquet. "On leur a porté chance... La prochaine fois, il faut vraiment qu’on fasse ça avec les Spurs", se marre Jean-Patrick.

Un moment "grandiose" sur le parquet des Spurs

La petite trentaine de Français a également vécu des moments d’exception en dehors des matchs. Durant ces huit jours intenses, l’association avait pris soin de programmer plusieurs activités. Avec comme point culminant une session d’1h30 sur le parquet du Frost Bank Center. Initialement prévu au programme, Devin Brown (champion NBA avec les Spurs en 2005), qui avait répondu à l'appel lors des précédents voyages de l'association, n’est jamais venu. Mais il en fallait bien plus pour gâcher ce souvenir impérissable. "C’est un sentiment incroyable, glisse Rémy. T’es sur le terrain de l’équipe que tu regardes depuis toujours mais que tu ne vois qu’à la télé. Rien que le parquet, tu sens que ce n'est pas ce à quoi on a l’habitude." Même sensation chez Julien, une trentaine d’années à supporter les Spurs derrière lui et un sentiment de réaliser un rêve de gamin. "C’est grandiose! On se prenait pour des joueurs NBA. C’est magique. On vit un rêve d’enfant. On est à la place des mecs qu’on regarde depuis tant d’années."

Lors des moments off, Jean-Patrick, Rémy, Julien, Sébastien & Co ont pu déambuler dans les rues de San Antonio. Au cours de ces balades, ils ont été frappés par l'atmosphère de la ville, ses grands espaces et sa relative quiétude. "On ne se croirait pas dans une ville américaine, avance Julien. Il y a plein d’artistes, un beau quartier mexicain, plein de couleurs, ça chante dans la rue."

À San Antonio (1,2 million d’habitants), deuxième plus grande ville du Texas derrière Houston, ils ont surtout pu se rendre compte de la ferveur de la population derrière son équipe de basket. Contrairement à la majorité des autres franchises NBA, les Spurs sont la seule équipe à représenter la ville dans une ligue majeure, San Antonio n’ayant pas de représentant en foot US (NFL), hockey (NHL) et baseball (MLB).

"Tout le monde est derrière les Spurs. On peut aller à n’importe quel coin de rue et, en tant que fan des Spurs, on sera toujours appréciés", savoure Julien.

Mariage surprise

En dehors du magasin "Sports Cards Plus", véritable institution locale où l’un des membres de l’association a déboursé 1800 dollars pour s’offrir un maillot signé par Wembanyama, les 27 fans des Spurs ont également pris le temps de profiter de l’un des lieux incontournables de San Antonio: la River Walk. Situé le long des rives de la San Antonio River, ce sentier pédestre est le poumon de la ville. C’est près de ce lieu bucolique que notre petite délégation tricolore a vécu un moment hors du temps avec… le mariage de deux de ses membres.

"Personne n’était au courant jusqu’à la veille. J’étais dans la confidence. Tout le groupe de la Spurs Nations France était présent. C’est la première fois que je me retrouve témoin au Texas, j’avais sorti le chapeau de cow-boy pour l’occasion", sourit Jean-Patrick. Reconverti témoin de mariage pour l’occasion, il va désormais devoir laisser de côté son nouveau couvre-chef pour de nouveau enfiler sa casquette de président d’association, avec une année 2025 - marquée par un nouveau voyage à San Antonio et la très probable venue des Spurs en France pour le NBA Paris Game - qui s’annonce bien chargée.

Article original publié sur RMC Sport