Coupe des Landes de basket: Boris Diaw croque à fond son rêve de gosse, le public aussi

Ceux qui ne connaissent pas (encore) cette institution seraient sans doute tombés de leur chaise, samedi soir, aux abords de l’espace François Mitterrand de Mont-de-Marsan. Ou quand une rencontre a priori anodine, sur le papier, prend une tournure incandescente. On parle-là d’un match départemental de basket. D’un 8e de finale opposant le Réal Chalossais – pensionnaire de Nationale 3, la cinquième division française – à Biscarosse, encore six échelons en-dessous. Bienvenue à la Coupe des Landes ! Ou plutôt la "coupe du monde" des Landes, comme la baptise un certain Boris Diaw, star inattendue de cette édition 2023-2024.

Fumigènes, pétards, mégaphones, grosses caisses, trophée de la saison dernière brandi dans tous les sens… Fidèle à sa réputation, le kop de supporters du Réal n’a pas fait les choses à moitié au moment où ses protégés, tenants du titre, s’apprêtent à défier l’équipe emmenée par ce monument du basket tricolore, de retour au charbon à 41 ans. Après s’être lancé, l’été dernier, un atypique défi : soulever le prisé trophée landais avec ses copains d’adolescence, rencontrés ici-même, à Mont-de-Marsan, et anciens pros pour la plupart. Désormais tous licenciés au club de Biscarosse, le temps d’une saison.

"La NBA a Wemby. Nous, on a Boris." Trois heures avant le coup d’envoi (22h20), alors que le kop hurle déjà la suprématie des siens à l’extérieur de l’enceinte, et son responsable Hugo de clamer : "Nous, on joue au basket, eux ils surfent !", les supporters de "Bisca"ont du répondant, bien au chaud. S’ils ont moins l’habitude de ces ambiances bouillantes, l’union est sacrée autour de l’ancien champion NBA. "On a tous un peu le même délire avec les anciens potes, de vivre quelque chose comme ça. C’est une super aventure pour eux. On va profiter à fond de cette année avec Boris. Cette Coupe, elle est pour nous", s’avance Stéphane, heureux détenteur de l’un des 2.375 sésames partis en un éclair.

La billetterie en ligne n’a pas tenu le choc !

"On a décidé de faire une billetterie en ligne sans prévenir le prestataire d’un tel engouement parce qu’on ne s’y attendait pas, raconte Barbara Canlorbe. 30 minutes avant l’ouverture, l’affluence a fait sauter le serveur national de la billetterie ! Hallucinant pour une coupe départementale, ça n’est jamais arrivé." C’est simple, le comité de basket des Landes qu’elle préside estime que la barre des 10.000 tickets aurait allégrement été dépassée, sans restriction de jauges. L’effet "Boris Diaw", assurément.

Martin a beau encourager à l’année le Réal Chalossais, "on est trop fiers de l’accueillir dans notre Coupe des Landes, reconnaît celui qui se définit comme un ultra. On tous fans de Boris Diaw, on est très contents de l’avoir face à nous. Il a gagné le championnat de NBA, ce n’est pas n’importe qui. Son défi ? C’est trop bien ce qu’il fait, c’est incroyable mais…" Mais ? "42 points d’avance sur nous au coup d’envoi, c’est trop, ça nous embête un peu."

Particularité de cette Coupe des Landes, qui fait d’ailleurs grincer des dents plus d’un supporteur et plus d’un club engagé dans la compétition cette saison, le "petit" part avec sept points d’avance par divisions d’écart. Soit un matelas de 42 unités, au total, pour le Biscarosse Olympique, représentant de Départementale 3. Sur le papier, tout du moins. Le kop chalossais a beau eu prédire à Boris Diaw, banderole à l’appui, "un retour à la REAL-ité", le tenant du titre n’a pu combler ce gouffre, s’inclinant finalement 103-82, minuit passé.

"Ces moments-là entre amis sont précieux"

Voilà donc le Biscarosse de Diaw en quarts de finale, à trois marches du graal. De son graal. "C’est un rêve de gosse qui se réalise, confirme l’ancien international aux 247 sélections en Bleu. Depuis que je suis tout petit, ça me faisait rêver de faire la Coupe des Landes. C’est une étape, il y a encore du chemin pour la gagner, on doit encore s’affuter physiquement. On y a quand même laissé des plumes, on a quelques bobos, on se blesse facilement. En arrivant diminué, ça va être de plus en plus compliqué." Sentiment partagé par son coéquipier Nicolas Gayon : "Tout le monde nous prête une arrivée au bout mais c’est loin d’être fait. On est des quadragénaires, on a besoin de s’arracher pour résister à des équipes de jeune d’une belle qualité."

"C’est un défi un peu fou mais vu les joueurs qu’ils ont dans l’équipe et leur niveau, je pense qu’ils vont nous gagner la Coupe des Landes, prédit pour autant Serge, reparti avec son ballon autographié par l’attraction des parquets landais. Je pense que Boris, qui a commencé le basket à Mont-de-Marsan, est très heureux de voir tous ces gens en admiration."

Non seulement il l’est mais, au sortir d’une Coupe du monde 2023 qui a tourné au fiasco pour l’équipe de France, l’actuel manager général des Bleus s’offre aussi un sacré bol d’oxygène avant d’entamer la dernière ligne droite de la préparation des Jeux olympiques, où une réaction est attendue. "Il faut vivre aussi, passer par ces moments-là. C’est vraiment une période très agréable. C’est le sens de l’aventure, faire ça avec des potes, ces moments-là entre amis sont précieux."

"Boris, c’est l’incarnation du plaisir, rebondit son entraîneur au BO Paco Laulhé. C’est la prolongation de Mathieu Bisséni, c’est le flegme de Teddy Riner. Il induit énormément de calme. Il aime la vie, il prend les meilleurs moments et il partage. Quand vous avez matrice comme celle-là… Il n’est pas encore en forme mais vous avez vu l’altruisme et la vision du jeu. Il n’a pas joué en NBA pour rien." Et il n’est pas non plus venu disputer la Coupe des Landes pour rien.

Article original publié sur RMC Sport