En mer du Nord, trop d’éolien risque de tuer l’éolien

Y aura-t-il assez de vent en mer du Nord pour faire tourner tous les parcs éoliens que projettent d’implanter les pays riverains ? “Nous ne favoriserons pas la transition énergétique si les parcs offshore sont placés de telle sorte qu’ils se privent mutuellement de vent”, plaide dans le Handelsblatt Jörg Kubitza, qui dirige en Allemagne les activités du groupe Orsted.

En cause, ce que les spécialistes dénomment l’“effet de sillage” (en anglais, wake effect). Autrement dit, la zone de turbulence créée dans le flux d’air par la rotation des pales. Un phénomène susceptible d’affecter l’efficacité d’autres éoliennes situées à proximité.

“Des parcs trop rapprochés se cannibalisent mutuellement, résume le Handelsblatt. Le nombre d’heures à pleine charge diminue, et avec lui le rendement par éolienne.” Or plus le rendement par turbine est faible, plus il sera difficile pour l’opérateur de financer la mise en service de futurs parcs. “Au bout du compte, l’électricité risque de devenir plus chère”, alerte Jörg Kubitza.

De quoi remettre en cause les plans de l’agence fédérale chargée de délimiter les zones d’exploitation des eaux territoriales, qui a prévu de multiplier les fermes éoliennes au large des côtes allemandes. Il s’agit de tout faire pour atteindre – “et même dépasser”, selon son directeur – les objectifs définis par la coalition “feu tricolore” actuellement au pouvoir en Allemagne, qui regroupe le Parti social-démocrate (SPD), le Parti libéral-démocrate (FDP) et l’Alliance 90/Les Verts.

Des zones d’exploitation “pas optimales”

Le gouvernement allemand vise 30 gigawatts (GW) de capacité éolienne installée en mer d’ici à 2030, au moins 40 GW en 2035 et 70 GW d’ici à 2045. “La mer du Nord peut devenir la plus grande centrale électrique du monde”, a déclaré le chancelier Olaf Scholz lors du sommet de la mer du Nord qui s’est tenu à Ostende, en Belgique, en avril 2023.

Or Jörg Kubitza est convaincu que les zones délimitées pour les futurs parcs offshore “ne sont pas optimales”. Il n’est pas le seul à être de cet avis, rapporte le Handelsblatt. “Les zones définies dans le projet le plus récent vont créer de vastes aires d’exploitation très rapprochées. Cela va créer des capacités supplémentaires, mais aussi multiplier les effets de sillage”, prévient Stefan Thimm, à la tête de l’Association fédérale de l’énergie éolienne offshore (BWO).

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