Législatives : sur les retraites, que proposent le Rassemblement National, le Nouveau Front Populaire, Ensemble et les autres ?

À moins de deux semaines du premier tour des élections législatives, tour d'horizon des différentes propositions des partis politiques concernant les retraites.

Sur la questions des retraites, différentes visions s'affrontent (Photo : Getty Images)

Un sujet clivant s'il en est. Alors que la campagne pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet bat son plein, les différentes forces politiques confrontent leurs propositions sur la place publique. Avec, sur certains thèmes, des différences idéologiques et programmatiques radicales.

Ainsi, concernant l'épineuse question des retraites, chacun a son interprétation de la situation et sa manière d'y répondre. Les programmes des principaux mouvements politiques engagés dans cette campagne abordent en tout cas tous le sujet et y apportent une réponse, plus ou moins précise en fonction des partis.

  • Le parti présidentiel promet une "revalorisation"

Un peu plus d'un an après avoir fait passer par la force une réforme particulièrement impopulaire, l'exécutif avance évidemment avec prudence sur ce sujet. Dans la partie "programme" de son site officiel, la coalition Ensemble (qui comprend notamment Renaissance, Horizons, le Modem et l'UDI) annonce simplement une "revalorisation des retraites", sans donner plus de précision.

Dans un entretien accordé à la presse quotidienne régionale en fin de semaine dernière, le Premier ministre Gabriel Attal avait quelque peu spécifié la méthode de revalorisation, affirmant selon Midi Libre que "les retraites seront indexées sur l’inflation en cas de victoire (du camp présidentiel) aux prochaines législatives anticipées". Comme le signale Libération, cette mesure est toutefois déjà prévue par le code de la Sécurité sociale en vigueur...

Globalement, les éléments donnés par Renaissance et ses alliés laissent penser que leur projet pour les retraites est un statu quo par rapport à la réforme imposée en 2023. Le Monde affirme ainsi qu'une "réforme globale, pour créer un système unique de retraite par points", qui était initialement l'objectif d'Emmanuel Macron, n'est plus à l'ordre du jour.

  • Le Rassemblement National veut temporiser

Après avoir signifié son opposition à la réforme l'an passé, le RN avait proposé en mai 2023 une loi visant à rétablir l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans. On attendait donc le parti d'extrême droite au tournant sur ce sujet et au lendemain des élections européennes, le député RN du Loiret Thomas Ménagé a d'ailleurs affirmé que son camp souhaitait "revenir sur cette réforme injuste", comme le rappelle Public Sénat.

Le président du RN et prétendant au poste de Premier ministre Jordan Bardella est cependant bien vite revenu sur cette position pour la nuancer. "La situation économique dont nous allons hériter dans un pays qui pulvérise sous Macron les records de déficits commerciaux, de déficit public et de dette, va être compliquée, affirme le chef du parti nationaliste, cité par le média public. Par conséquent, nous serons, dans le cadre d’une cohabitation, amenés à faire des choix."

Évasif, Jordan Bardella assure toutefois qu'une nouvelle réforme des retraites sera envisagée "dans un second temps, une fois réglé le temps des urgences". "Je permettrai à ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans de partir après 40 annuités de cotisation et avec un âge de départ légal à 60 ans", promet le président du parti d'extrême droite, cité par Les Echos.

  • Le Nouveau Front Populaire propose l'abrogation immédiate de la réforme de 2023

Après avoir été en première ligne, l'an dernier, au moment de la contestation sociale contre la réforme des retraites, la gauche a logiquement saisi la question à pleines mains dans la perspective des élections législatives. Dans son programme commun, le Nouveau Front Populaire propose ainsi un mode opératoire concret sur le sujet.

Si l'union de gauche se retrouve à diriger le pays, elle promet ainsi d'"abroger immédiatement les décrets d’application de la réforme d’Emmanuel Macron passant l’âge de départ à la retraite à 64 ans, ainsi que les réformes de l’assurance-chômage", comme l'indique son programme relayé par L'Humanité. Cette mesure figure parmi celles que prendrait le gouvernement du Nouveau Front Populaire dans les 15 premiers jours suivant son accession au pouvoir.

Une fois la réforme effacée, le sujet sera mis entre parenthèse pour laisser la place à des chantiers plus urgents, mais le Nouveau Front Populaire entend aussi, à moyen terme, mettre en place un "nouveau droit à la retraite" et "réaffirmer l’objectif commun du droit à la retraite à 60 ans". Pour ce faire, toute une batterie de mesures, résolument redistributrices, sont d'ores et déjà envisagées.

Le Nouveau Front Populaire souhaite ainsi "rétablir les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron", "prendre en compte le RSA pour valider des trimestres en vue de la retraite", "indexer le montant des retraites sur les salaires" , "soumettre à cotisation les dividendes, la participation, l’épargne salariale, les rachats d’action, les heures supplémentaires" ou encore "créer une surcotisation sur les hauts salaires".

  • Les Républicains jouent la prudence

En proposant de repousser l'âge légal de la retraite à 65 ans, la candidate LR Valérie Pécresse était l'une des seules voix, lors de la campagne présidentielle de 2022, à défendre une réforme encore plus profonde que celle qui a finalement été décidée par Emmanuel Macron et sa majorité. Deux ans plus tard, le parti de droite conservatrice semble toutefois beaucoup plus frileux sur le sujet.

Plus que jamais englués dans leurs divisions internes, Les Républicains auraient ainsi décidé de ne pas "relancer le chantier" des retraites dans les mois à venir, selon Le Monde. Cela implique donc à la fois de ne pas revenir sur la réforme de 2023, mais aussi de ne pas engager de nouveau processus de recul de l'âge légal.

Cette volonté de ne pas se mouiller semble ainsi parfaitement illustrée par les premiers éléments transmis à la presse du "programme de gouvernement" du parti (en tout cas de la fraction du parti qui refuse l'alliance avec le RN). Parmi les "dix points" principaux de ce programme révélés par Le Figaro, aucun ne concerne explicitement les retraites.