Législatives : pourquoi les élections ont-elles toujours lieu le dimanche en France ?

Une tradition vieille de plusieurs décennies, qui ne devrait pas évoluer dans les années à venir. Ce dimanche, les électeurs français sont à nouveau appelés aux urnes dans le cadre du second tour des élections législatives. Comme la semaine dernière pour le premier tour, comme il y a un mois pour les européennes, et comme lors de chaque échéance électorale, le scrutin se tiendra un dimanche.

Depuis la dernière réforme du code électoral, datant de 1964, ce jour de la semaine a été institué comme le jour officiel d'élection en France. Au moment d'ancrer dans le marbre les règles de la Ve République, les constituants ont en effet mentionné, à l'article L54 du code électoral, que "le scrutin dure un seul jour" et, à l'article L55, qu'il "a lieu un dimanche".

Permettre à un maximum de citoyens d'aller voter

En instituant le suffrage universel comme le socle de chaque élection en France, la Ve République a déplacé la légitimité démocratique sur le corps électoral. Il est donc devenu impératif, pour que le système puisse fonctionner, de donner la possibilité à un maximum de citoyens d'aller voter. Pour ce faire, il a été décidé de prendre comme jour exclusif d'élection le dimanche, jour obligatoirement chômé en France depuis une loi de 1906.

"Le vote n'étant pas obligatoire, il fallait, pour permettre aux électeurs de pouvoir se rendre aux urnes, que le vote ait lieu un jour chômé, faute de quoi les employeurs pourraient refuser le congé nécessaire à l'exercice de ce devoir électoral, étaye Michel Lascombe, professeur de droit constitutionnel à l'IEP de Lille, cité par Slate. Le seul jour était donc le dimanche."

Pour la présidentielle, les électeurs d'Outre-mer votent le samedi

Ainsi, à l'origine, le dimanche a été choisi comme jour d'élection précisément parce que cela garantissait que les citoyens auraient du temps libre pour aller voter. Près de 60 ans après la dernière réforme du code électoral, force est de constater, au vu de la forte abstention observée à chaque scrutin, que le dispositif n'a pas exactement atteint ses objectifs.

On peut par ailleurs noter que dans certains cas de figure, les Français votent le samedi. Ainsi, comme le rappelle Actu.fr, depuis une révision constitutionnelle datant de 2003, les électeurs d’Outre-mer (à l’exception de ceux de La Réunion) votent le samedi pour l’élection présidentielle. La raison est simple : compte tenu du décalage horaire, les résultats de la Métropole étaient annoncés avant la fermeture des bureaux de vote dans ces territoires, mettant en péril l'équité du scrutin.

Norme et cas particuliers

Il est enfin à remarquer que de nombreux autres pays ont fait un choix similaire à la France et ont décidé d'instituer le dimanche comme jour officiel d'élection. La Voix du Nord rappelle que c'est par exemple le cas en Allemagne, en Italie et dans la plupart des démocraties représentatives européennes. À l'échelle des pays occidentaux, toutefois, deux exceptions majeures subsistent : les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Hasard du calendrier, ces deux pays avaient d'ailleurs des élections prévues en 2024. Outre-Atlantique, la tradition veut que les élections se tiennent systématiquement le mardi suivant le premier lundi de novembre, et ce depuis une loi de 1845 ! Cette année, les électeurs américains se rendront aux urnes le mardi 5 novembre pour choisir, entre autres, leur prochain président.

Les Anglais votent le jeudi pour être "à l'abri de l'influence du pub ou de l'église"

Au Royaume-Uni, c'est ce jeudi 4 juillet que se sont tenues les élections générales, qui ont débouché sur une large victoire du parti travailliste. Là encore, il s'agit d'une tradition de longue date, puisque selon la BBC, toutes les élections générales organisées depuis 1931 ont eu lieu un jeudi. Cette obligation aurait été décidée pour protéger le processus démocratique des risque d'influences diverses.

"Certains considéraient le vendredi comme peu propice au vote parce que c'était le jour de paie, les gens étant potentiellement trop occupés à s'amuser et à aller dans des pubs pour se rendre aux urnes, explique la BBC. Et le dimanche n'était pas considéré comme une option viable par crainte que les fidèles ne soient influencés par ce qu'ils entendaient à la messe. En choisissant un jour de milieu de semaine, les électeurs seraient à l'abri de l'influence du pub ou de l'église..." Du côté des législateurs français, cette question ne s'est visiblement pas posée.