Législatives: refus ferme, ambiguïté... 50 nuances face au vote LFI au sein du camp présidentiel

Soutenir, rejeter? Face à la question du vote insoumis, le camp présidentiel manque d'un "cap clair". À l'approche du second tour, alors que la question du barrage républicain contre le Rassemblement national se pose, les ténors du gouvernement se positionnent tour à tour. Soutenir le Nouveau Front populaire, mais pas La France insoumise? Adopter le "ni-ni"? Une certaine cacophonie s'est installée chez les représentants d'Ensemble.

Le ministre de l'Économie et ancien LR Bruno Le Maire expliquait par exemple ce mardi 2 juillet au Figaro ne pas mettre "de signe égal entre le RN et LFI", toutefois, il "refuse de voter LFI". Plus tard, dans un message sur X, il a indiqué ne pas vouloir "tourner autour du pot" et a renchérit: "pas une voix ne doit aller au Rassemblement national".

Une position partagée par un autre cadre de l'exécutif, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Auprès de BFMTV, l'entourage du candidat aux législatives à Tourcoing a assuré qu'il ne voterait jamais pour l'extrême droite ou un insoumis.

"Je suis très opposé aux consignes de vote: les Français n'ont pas besoin qu'on leur dise pour qui il faut voter", a-t-il par ailleurs déclaré dans une vidéo partagée sur X.

Faisant figure de quasi anomalie, le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure, a lui, dès le soir du premier tour, appelé clairement à soutenir l'ensemble de la gauche "sans états d'âme" pour faire gagner "le candidat alternatif le mieux placé" face au RN.

Alignement Élysée-Matignon

Du côté de Matignon, le ton employé face à La France insoumise fluctue, d'une ouverture républicaine à une franche opposition. Mardi, Gabriel Attal appelait à la création d'une "Assemblée plurielle" incluant le Nouveau Front populaire et la majorité, sans exclure d'office le parti de gauche.

"Aujourd'hui, il y a un bloc en situation d'avoir une majorité absolue à l'Assemblée nationale, c'est l'extrême droite. Ni LFI, ni le Nouveau Front populaire, ni nos candidats ne sont en capacité de former seuls une majorité absolue à l'Assemblée nationale", a explicité le Premier ministre lors d'une interview à France inter, ce mercredi 3 juillet.

"Il n'y a pas et il n'y aura jamais d'alliance avec La France insoumise", a-t-il toutefois assuré plus tard dans l'après-midi, avant d'expliquer dans la soirée sur le plateau de BFMTV qu'il "ne voulait pas donner de consigne de vote" en cas de duel RN-LFI et qu'il n'était pas là pour "donner des consignes de vote" aux Français.

Sur l'idée d'une très large coalition plurielle, Gabriel Attal s'est aligné avec la direction donnée par Emmanuel Macron. Comme l'a appris BFMTV, le chef de l'État a assuré ce mercredi matin en Conseil des ministres qu'il n'était "pas question" de gouverner avec les insoumis. "Un désistement ne vaut pas coalition", a-t-il tranché, selon un participant.

Lors d'une réunion organisée le 1er juillet, Emmanuel Macron avait rappelé à ses ministres l'attitude de la gauche, ayant toujours appelé à n'offrir aucune voix à l'extrême droite. "Il faut se souvenir qu’en 2017 et en 2022, à gauche, tout le monde a porté ce message. Sans cela, votre serviteur et vous ne serions pas là", avait-il face aux ministres.

Tandis qu'avant le premier tour, Emmanuel Macron redoutait une "guerre civile" en cas d'accession au pouvoir des "deux extrêmes", pointant du doigt les insoumis et leur programme, au même niveau que celui porté par Jordan Bardella.

Plus de 200 désistements contre le RN, dont 81 d'Ensemble

Le ministère de l'Intérieur a recensé les candidats ayant fait le choix de désister dans leur circonscription. Au total, 224 qualifiés au premier ont annoncé se désister, dont 213 pour faire barrage aux représentants du Rassemblement national et de ses alliés, selon un décompte de France info.

Au total, 126 candidats du Nouveau Front populaire se sont retirés lorsqu'ils n'étaient pas les mieux placés pour barrer la route au RN. Du côté de la macronie, 81 prétendants ont fini par abandonner la course.

Parmi eux, la ministre déléguée chargée des Collectivités et de la Ruralité Dominique Faure. Elle désirait au départ se maintenir dans une triangulaire RN-PS-REN, pour soutenir sa position au parti socialiste ayant "une alliance avec LFI".

Finalement, après avoir été interpellée par Matignon et l'Élysée, la membre de l'exécutif a fini par se retirer. Un revirement de dernière minute montrant l'incertitude qui règne.

Article original publié sur BFMTV.com