Yahoo Actualités Législatives: Marine Tondelier, la "vraie Marine d'Hénin-Beaumont" qui mène la campagne pour les Écologistes
Elle est devenue l'un des visages de cette campagne pour les élections législatives. Depuis près d'un mois, avec sa veste verte devenue emblématique, la cheffe des Écologistes, Marine Tondelier fait le tour des médias, appelant les Français à faire barrage au Rassemblement national. Elle représentera la gauche sur BFMTV ce mercredi 3 juillet lors d'une soirée spéciale: "Face à BFM: un choix historique".
Et depuis les résultats du premier tour, elle est l'une des voix demandant avec le plus de ferveur un front républicain face au risque d'une majorité absolue pour le Rassemblement national à l'issue des élections législatives. Au bord des larmes, ce lundi, elle dénonçait ainsi le "comportement de lâche et de privilégié" du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui a dit "combattre" le RN mais "ne pas voter" pour LFI.
Chez les écolos depuis 2009
Car Marine Tondelier est en première ligne face au RN. Elle est en effet originaire d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où l'extrême droite est au pouvoir depuis 2014. Cette femme de 37 ans y a été élevée par son père homéopathe et sa mère dentiste. Elle adhère au parti écologiste lors de ses études à Sciences Po Lille en 2009, après avoir assisté à un meeting.
"Dans cette salle, je vois comment les gens réagissent à ce qui est dit sur la scène, à quel moment ils applaudissent, ce qui les fait vibrer, ce qui les anime et je me dis, c'est ma famille. Je n'ai jamais fait de politique, mais je me sens comme eux", se souvenait-elle auprès de France 3 en 2023.
C'est alors que des écolos lui proposent de participer à la campagne pour les élections municipales à Hénin-Beaumont. Les Verts n'obtiendront que 8,52% des voix au premier tour. Mais c'est à partir de là qu'elle se lance en politique: elle sera notamment collaboratrice parlementaire (de l'ex-ministre du logement Cécile Duflot notamment) et candidate aux élections départementales et régionales de 2015, sans succès. Elle se présente aussi aux législatives en 2012, 2017 et 2022 dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, remportées par Marine Le Pen à partir de 2017.
"Je m'appelle Marine, mais je suis la vraie Marine d'Hénin-Beaumont, celle qui était là avant", lance-t-elle d'ailleurs lors d'une réunion publique à Montreuil le 17 juin.
Élue d'opposition face au RN
En 2014, sa liste aux élections municipales à Hénin-Beaumont arrive derrière celle du Front national et elle devient élue d'opposition à la mairie FN de Steeve Briois. Elle raconte dans Nouvelles du Front, un livre publié en 2017, son expérience dans une ville dirigée par l'extrême droite, et dénonce notamment des tentatives d'intimidations envers les agents municipaux, l'opposition ou la presse.
"Ça a souvent été dur, mais extrêmement formateur. Je ne serais pas la femme politique que je suis si je n’avais pas enduré les conseils municipaux marathons et les tentatives d’intimidation et d’humiliation. Soit tu craques, soit tu t’endurcis", expliquait-elle en 2022 au Parisien.
Cette supportrice du RC Lens est devenue secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts avec 90,8% des voix en décembre 2022, succédant à Julien Bayou. Elle avait recueilli 47% des suffrages au premier tour. Que lui reprochaient les 53% restants? "Elle représente la continuité de la direction sortante qui n’a réussi ni le dépassement, ni l’ancrage de la vie politique", estimait alors la députée de Paris Eva Sas, soutien d'une autre candidate, auprès de Libération.
"Elle a un côté très plastique. Personne ne sait vraiment quelles sont ses idées, là où elle veut emmener le parti. C'est peut-être ça sa chance. Personne ne peut en vouloir à quelqu'un comme ça", jugeait également une sénatrice socialiste auprès de BFMTV.com.
Des européennes ratées
Lors de sa campagne, Marine Tondelier dit souhaiter "un million" d'adhérents en "cinq ans", contre un peu plus de 10.000 à ce moment, et veut "créer un grand mouvement de l’écologie politique qui ne soit pas juste un parti".
Un pari manqué lors des élections européennes cette année. Alors qu'en 2019, la liste d'EELV menée par Yannick Jadot avait obtenu 13,48% des voix, celle de Marie Toussaint n'a fait que 5,5% en 2024, s'approchant dangereusement du seuil des 5% sous lequel un groupe n'obtient pas d'eurodéputé.
Artisane de l'union de la gauche
Un échec rapidement balayé par l'actualité politique. Dès le soir de ces élections et de la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, Marine Tondelier appelle à "un rassemblement le plus large possible des forces progressistes" et invite les chefs des partis de gauche à se réunir dès le lendemain matin. Après plusieurs jours de négociations, ces partis s'unissent sous la bannière du Nouveau Front populaire pour les législatives du 30 juin.
"C'est dans l'identité de Marine Tondelier d'être en première ligne contre l'extrême droite", a déclaré à l'AFP le sénateur PS de l'Oise Alexandre Ouizille.
À Hénin-Beaumont et à la région, "je l'ai toujours vue à l'offensive, je ne suis pas surpris de la retrouver aux avant-postes", a-t-il ajouté. La coalition arrive en deuxième position au premier tour, avec 27,99% des voix, derrière le Rassemblement national et ses alliés (33,14%). Face aux plus de 200 désistements pour le second tour, le RN n'est pas assuré d'obtenir une majorité absolue.
De quoi ouvrir la porte à une large coalition, allant des Écologistes au Républicains? "Il faudra sûrement faire des choses que personne n'a jamais faites auparavant dans ce pays", a estimé Marine Tondelier sur TF1 ce mardi. "Mais ce qui est sûr, c'est que ça doit se faire sur des bases politiques claires: la question, c'est plutôt 'pour quoi faire?' que 'avec qui?'".
"Il n'y aura pas de Premier ministre macroniste, par exemple", a affirmé la conseillère régionale des Hauts-de-France. "La coalition se construira autour du bloc républicain arrivé en tête, c’est-à-dire très vraisemblablement le Nouveau Front populaire", a précisé la cheffe de parti auprès de Libération.
