Législatives 2024 : RN, Front populaire, Renaissance… Les questions qui se posent dans chaque camp au lancement de la campagne

Que fera Macron ? Qui pour mener le Front populaire ? Quelle place pour les idées d’Éric Ciotti dans son alliance avec le Rassemblement national ?

Les questions qui se posent dans chaque camp au lancement de la campagne des législatives (photo de Macron et Attal prise le 6 juin)

C’est reparti pour deux tours. La campagne des élections législatives débute officiellement ce lundi 17 juin pour quinze jours. Après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale et une semaine de rebondissements politiques, chaque camp est en ordre de marche pour ce scrutin crucial.

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Bien que mouvant ces dernières heures, le spectre politique apparaît désormais comme tel : d’un côté, les partis de gauche réunis derrière un nouveau « Front populaire » qui rassemble des candidats allant de François Hollande à Philippe Poutou. De l’autre, une extrême droite toujours plus proche du pouvoir, et qui peut compter sur l’appui d’Éric Ciotti et d’une partie marginale des Républicains.

Et au milieu, un camp présidentiel qui regroupe les mêmes partis (Renaissance, MoDem et Horizons) mais pourrait désormais lutter pour sa survie, si l’on en croit les instituts de sondage. Un tableau relativement limpide qui cache, malgré tout, plusieurs questions déterminantes à l’orée d’un sprint final encore plus rythmé que d’ordinaire.

Du côté des soutiens d’Emmanuel Macron, tout d’abord, on peine à se remettre du coup de poker ô combien risqué du locataire de l’Élysée, comme en témoignent les poids lourds qui insistent encore sur la « colère ou l’incompréhension » que la décision a provoquée chez les Français.

De fait, le président de la République n’a plus la cote, même auprès des siens. Les candidats du camp présidentiel sont tentés de se passer de son image sur leurs documents de campagne, et de nombreuses voix se sont élevées au fil des jours pour lui demander de garder un relatif silence après son implication dans la campagne perdue des européennes. Message reçu ?

Pour l’instant, Emmanuel Macron n’a guère réussi à se faire discret : il a donné une grande conférence de presse mercredi dernier avant de livrer quelques confidences au Figaro Magazine puis de profiter de chaque possibilité offerte par sa présence au G7 en Italie pour battre le rappel et fustiger les programmes de ses adversaires devant les journalistes. Ceci, alors que le président de la République s’est souvent attaché à ne pas répondre aux questions nationales quand il représente la France à l’étranger.

À gauche, ce ne sont pas les mêmes questions. Les différents partis ont réussi à s’accorder en quatre jours sur un programme de « rupture » et une répartition des circonscriptions qui rééquilibre le poids de la France insoumise au profit surtout du Parti socialiste.

Les premières heures de l’alliance ont été malgré tout chaotiques, avec les accusations de « purge » chez les mélenchonistes. Dans ce contexte, comment la campagne va-t-elle se passer ? Les adversaires d’hier vont-ils réussir à taire leurs désaccords pendant les quinze prochains jours ? En somme : les lignes et les méthodes différentes de François Hollande et Philippe Poutou, les deux bouts de la coalition, vont-elles réussir à cohabiter ?

Se pose également la question du meneur du Front populaire. Alors que le camp présidentiel s’engage dans le combat derrière Gabriel Attal, que le Rassemblement national a son leader naturel en la personne de Jordan Bardella, et que plusieurs personnalités ont fait acte de candidature, comme François Ruffin, Jean-Luc Mélenchon ou Fabien Roussel, les partis semblent tentés de renvoyer la question à l’après-7 juillet. Le plus gros groupe à l’Assemblée sera chargé de désigner un candidat, consensuel, si la gauche est en mesure de gouverner.

De l’autre côté du spectre politique, enfin, l’extrême droite va devoir composer avec le ralliement d’Éric Ciotti et d’une (petite) partie des Républicains. Et réciproquement. Avec quelles conséquences sur son programme ?

L’ancien député des Alpes-Maritimes s’est toujours présenté comme libéral et attaché à une certaine orthodoxie budgétaire. Le voilà pourtant qui pactise avec un parti (on parle de 70 candidats communs) qui veut supprimer la réforme durcissant l’indemnisation du chômage prévue à la fin de l’année, et qui veut revenir sur une réforme des retraites qu’il a pourtant contribué à faire voter malgré la colère du pays.

Reste également à savoir de quelle étiquette les candidats ciottistes pourront se prévaloir. Le tribunal judiciaire de Paris, saisi par le président des Républicains qui souhaite interdire l’utilisation des logos LR à ceux qui ne l’ont pas suivi, a invalidé son exclusion du parti. Mais la bataille n’est pas terminée : la juge des référés, qui ne se prononce que sur des mesures d’urgence, a demandé que la juridiction de fond soit saisie « dans le délai de huit jours » afin qu’une décision définitive soit prise. Des questions qui sont donc encore à trancher… par la justice cette fois.

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