Gaza : devant l'enclave palestinienne ravagée, le chef de l'ONU appelle à mettre fin au "cauchemar"

En visite à la frontière entre l'Égypte et le sud de la bande de Gaza, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a une nouvelle fois appelé à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Le chef de la diplomatie israélienne a ensuite qualifié l'ONU d'"organisation antisémite et anti-israélienne".

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, en visite à la lisière de la bande de Gaza, a de nouveau appelé ce samedi 23 mars à un cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, pour mettre fin au "cauchemar" dans ce territoire palestinien au bord de la famine.

Après cinq mois et demi d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, qui l'a plongée dans une situation humanitaire catastrophique, Antonio Guterres s'est rendu côté égyptien de la ville frontalière de Rafah, où il a dit être venu pour attirer l'attention sur la "douleur" des habitants de Gaza, prisonniers d'"un cauchemar sans fin".

Après sa visite, le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a qualifié sur le réseau social X (anciennement Twitter) l'ONU d'"organisation antisémite et anti-israélienne qui abrite et encourage le terrorisme".

"Punition collective"

"Rien ne justifie les attaques horribles du Hamas le 7 octobre. Et rien ne justifie la punition collective subie par le peuple palestinien. Maintenant plus que jamais, il est temps d'un cessez-le-feu humanitaire immédiat", avait lancé plus tôt Antonio Guterres.

Les affrontements ne connaissent aucun répit à travers la bande de Gaza, notamment dans et autour de l'hôpital al-Shifa de la ville de Gaza (nord), où l'armée israélienne a débuté lundi une opération avec des dizaines de véhicules blindés sur la base d'informations indiquant, selon elle, que l'hôpital était utilisé par "des terroristes haut-gradés du Hamas". Elle a affirmé samedi avoir tué en tout plus de 170 combattants palestiniens et arrêté des centaines de suspects.

À Rafah (sud), un bombardement israélien nocturne sur une maison a tué une grand-mère, Nadia Kawareh, 65 ans, et quatre de ses petits-enfants âgés entre 3 et 12 ans, selon des proches et le ministère de la Santé du Hamas qui a fait état aussi de 14 blessés. "La maison entière a été détruite", a déclaré Fawzy Kawareh, un membre de la famille, selon qui d'autres personnes sont encore coincées sous les décombres.

"Libérez-nous de cette vie"

Tôt samedi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 67 morts au cours de la nuit et de la soirée à travers le territoire.

"Nous en avons assez, je vous assure. Lâchez une bombe sur nous et libérez-nous de cette vie. Aucun être humain ne pourrait supporter ce qui nous arrive", dit en pleurant Turkiya Barbakh, proche de victimes de frappes dans le sud de Gaza.

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes. En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait 32.142 morts à Gaza, pour la plupart des civils, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Guterres demande à Israël de faciliter l'accès à l'aide

A Rafah, le patron de l'ONU a appelé Israël à prendre un "engagement solide" pour faciliter l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, où elle est largement insuffisante selon les agences de l'ONU et des ONG.

"Dans l'esprit de compassion du (jeûne musulman du) ramadan, il est temps de relâcher immédiatement tous les otages" à Gaza, a-t-il dit également.

Outre la situation humanitaire dramatique dans la bande de Gaza, menacée de famine selon l'ONU, des inquiétudes croissantes portent sur une éventuelle offensive terrestre israélienne sur Rafah, où s'entassent 1,5 million de Palestiniens.

Article original publié sur BFMTV.com