Européennes: le vote a commencé en Outre-mer, le RN en position de force

La tête de liste des Républicains aux élections européennes François-Xavier Bellamy le 27 mai 2024 sur BFMTV, à Paris (JULIEN DE ROSA)
La tête de liste des Républicains aux élections européennes François-Xavier Bellamy le 27 mai 2024 sur BFMTV, à Paris (JULIEN DE ROSA)

Avec un jour d'avance sur la France métropolitaine, les électeurs français des Antilles et du continent américain se rendent aux urnes samedi pour un scrutin européen que le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et Jordan Bardella aborde en grandissime favori.

Derrière le parti d'extrême droite, les jeux ne semblent pas faits entre la liste de la majorité présidentielle et celle du Parti socialiste, tandis que La France insoumise (LFI) a amorcé une remontée sensible en fin de campagne.

Les premiers bureaux de vote ont ouvert samedi à 12H00 (08H00 locales) à Saint-Pierre-et-Miquelon, où on recense quelque 5.000 électeurs.

Les électeurs de Guyane puis de Saint-Barthélemy, Saint-Martin, la Guadeloupe et la Martinique, ont suivi. La Polynésie française et les électeurs vivant sur le continent américain votent aussi samedi.

Ce vote est "très important car nous sommes européens", a fait valoir  Marilyne Garnier, retraitée de 68 ans, à la sortie de l'isoloir à Pointe-à-Pitre. Sa fille, Sandrine Garnier, embraye: ces élections ne sont généralement "pas très suivies en Guadeloupe, car on a l'impression que nos voix n'ont pas d'importance". Si "ce n'est pas totalement faux", selon elle, "ce n'est pas une raison pour ne pas s'exprimer".

Effectivement, dans ce bureau de vote situé dans une école, les élections n'avaient guère fait recette à la mi-journée, avec une quinzaine de votants seulement. A l'image de toute la Guadeloupe, où le taux de participation à 12H00 (18H00 en métropole) s'établissait à 4,8%, en recul par rapport à 2019 (5,56%).

En Nouvelle-Calédonie, en raison du couvre-feu imposé à la suite des violences, les bureaux de vote ont ouvert une heure plus tôt que d'habitude, à 07H00 locales dimanche, 22H00 samedi à Paris, sous haute sécurité. A l'ouverture, une vingtaine d'électeurs faisaient la queue devant l'hôtel de ville de Nouméa, placé sous la protection de plusieurs dizaines de membres des forces de l'ordre, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Pour la plupart des électeurs, ceux établis en métropole, le scrutin commencera dimanche à 08H00.

- Test politique pour Macron -

Les instituts de sondage communiqueront leurs premières estimations de résultats à 20H00 à la fermeture des derniers bureaux des grandes villes.

Les têtes de liste et leurs soutiens ont lâché leurs dernières forces dans la bataille cette semaine pour tenter de faire pencher la balance en leur faveur. Le scrutin, qui se déroule quasi simultanément dans les 27 pays de l'UE, vise à élire les députés au Parlement européen, mais il est vu comme un test politique majeur de mi-mandat pour Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat s'est attiré les foudres des oppositions qui l'accusent d'accaparer les médias sous couvert d'engagements internationaux, comme les cérémonies du 80e anniversaire du Débarquement cette semaine.

Emmanuel Macron, comme la tête de liste de sa majorité Valérie Hayer, créditée de 14% à 16% des intentions de vote dans les sondages vendredi, a martelé son argument-phare: le risque de voir un groupe d'extrême droite peser au point de constituer une minorité de blocage au Parlement européen.

Car les sondages publiés vendredi juste avant la fin de la campagne officielle promettent une victoire écrasante au Rassemblement national, au-dessus de 30% des voix.

"La lecture des courbes constitue la chronique d'une victoire annoncée pour le RN", commente samedi dans le journal Le Figaro Frédéric Dabi, directeur de l'institut de sondages Ifop.

"En dehors de cette pole position, les deux faits de campagne sont une dynamique relative pour la liste PS-Place publique, qui est montée de 11% à 15% avant de se tasser à 13%, et un vote sanction qui semble toucher la liste de la majorité", ajoute-t-il.

- LFI en embuscade ? -

Derrière le RN, Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, entend bousculer une routine qui a marqué les dernières élections présidentielles. Il espère mettre fin au "faux duel" entre Emmanuel Macron et l'extrême droite.

Certains socialistes veulent encore croire à une deuxième place, qui leur donnerait plus de poids au sein de la gauche.

Côté LFI, l'optimisme est de mise avec une dynamique favorable dans une fin de campagne marquée par des coups d'éclat à l'Assemblée nationale sur le soutien à Gaza.

Les dernières enquêtes plaçaient vendredi la liste de Manon Aubry entre 7% et 9,5%, mais le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon promet une "nuit noire" aux sondeurs, accusés de sous-estimer son parti.

Sur la plateforme X, il a par ailleurs renouvelé ses allégations concernant l'organisation du scrutin. "Des dizaines de remontées: professions de foi non distribuées. Par contre certaines en double ou en triple dans une même enveloppe... et ainsi de suite. Continuez les signalements pour la future commission d'enquête".

Les Républicains se retrouvent eux sur un fil dangereux. Crédités vendredi de 6% à 8%, François-Xavier Bellamy peut se rapprocher de LFI comme du plancher fatidique des 5%, au-dessous duquel aucun candidat de la liste n'est élu.

Un risque également "bien présent" dans l'esprit de l'écologiste Marie Toussaint, ou encore pour Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête d'Eric Zemmour.

Au total, les électeurs devront départager 38 listes candidates, avec une interrogation sur la participation. Certains sondages la voient en baisse, mais une enquête Ifop-Fiducial l'envisageait vendredi à 52,5%, contre 50,12% en 2019.

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