Emmanuel Macron balaie la demande des Républicains sur le budget pour faire face au déficit

Pour corriger le déficit, LR réclame la présentation d’un projet de loi de finances rectificative pour l’année 2024. Ce dont le chef de l’État ne veut pas.

POLITIQUE - Vendredi 29 mars, Éric Ciotti, président des Républicains, prend la plume. Dans un courrier courroucé envoyé à Gabriel Attal, le député des Alpes-Maritimes accuse le gouvernement d’avoir présenté devant l’Assemblée nationale un budget insincère, en réaction au dérapage du déficit. Pour corriger le tir, le patron du patron du parti de droite demande donc au Premier ministre de repasser par la case palais Bourbon, via un budget rectificatif.

« Je vous demande solennellement, plutôt que de faire marcher à plein régime, par voie réglementaire, la politique du rabot sans aucune stratégie d’ensemble, à présenter au plus vite au Parlement un projet de loi de finances rectificative pour l’année 2024 de façon à ce que la représentation nationale puisse débattre de la situation de nos finances publiques et prendre les décisions courageuses qui s’imposent », écrit Éric Ciotti tout en brandissant en parallèle dans la presse la menace d’une motion de censure.

« Je n’en vois pas l’intérêt »

Or, selon des informations du Figaro confirmées au HuffPost, Emmanuel Macron a balayé cette idée, lors d’une réunion de coordination de la majorité à laquelle le chef de l’État s’est invité. Selon le quotidien, voici ce que le président de la République a déclaré au sein de cette réunion, à laquelle participait le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, les présidents de groupe de la majorité ainsi qu’une partie du cabinet de Gabriel Attal : « J’entends parler de PLFR (projet de loi de finances rectificatives, ndlr). Je n’en vois pas l’intérêt. Le gouvernement doit faire les choses avec sérieux pour tenir nos objectifs. Nous n’avons pas un problème de dépenses excessives mais un problème de moindres recettes. »

Le chef de l’État ne fait que confirmer l’ambiance qui règne au sein de la majorité, peu encline à faire le cadeau aux oppositions d’un examen d’ici l’été d’un PLFR, qui pourrait d’ailleurs tourner en motion de censure. D’autant que le sujet budgétaire reviendra au palais Bourbon à l’automne, pour le budget 2025. En outre, cette orientation reste fidèle à la ligne exprimée par l’exécutif après le remaniement, consistant à privilégier la voie réglementaire à la voie législative pour agir.

Quoi qu’il en soit, cette confirmation commence déjà à irriter les oppositions. « Prêts pour la hausse des “recettes” ? », a commenté illico sur le réseau social X la tête de liste LR pour les élections européennes, François-Xavier Bellamy, laissant entendre que le gouvernement s’apprêtait à actionner le levier fiscal (ce qu’il refuse de faire à ce stade).

Président LFI de la commission des finances, Éric Coquerel a également réagi. « Si je dis depuis longtemps ce qu’admet Emmanuel Macron aujourd’hui - il n’y a pas assez de recettes et non trop de dépenses - je suis par contre en désaccord sur le PLFR. Quand un budget est à refaire, il faut en effet le soumettre à l’Assemblée », a-t-il estimé. Avant de prévenir : « En cas contraire, le dépôt d’une motion de censure par le 49-2 est nécessaire ». Reste à savoir si Les Républicains sont prêts à aller jusque-là.

À voir également sur Le HuffPost :

L’Entente cordiale a 120 ans, l’Élysée et Buckingham Palace la célèbrent avec une relève de la garde inédite

Européennes 2024 : la réponse du RN à la stratégie de la Macronie impliquant Marion Maréchal