Bardella-Hayer sur BFMTV: que faut-il attendre du premier duel entre les deux têtes de liste aux européennes?
L'une tentera de relancer une campagne sans dynamique. L'autre profitera de l'événement pour caractériser un peu plus son récit de campagne basé autour d'un vote sanction contre Emmanuel Macron. Valérie Hayer, tête de liste de la majorité aux élections européennes, a rendez-vous avec son adversaire du RN, Jordan Bardella, ce jeudi 2 mai sur BFMTV à 21h.
C'est peu dire que la première arrive dans la peau d'une outsider et le second dans celle d'un ultra-favori. Valérie Hayer recueille 17% des intentions de vote, selon un sondage Ipsos datant de ce lundi 29 avril quand Jordan Bardella, lui, est crédité de 32%. Un gouffe que la macroniste cherchera à combler, tout comme son déficit de notoriété - problème que n'a pas son très médiatique adversaire.
"Nous sommes prêts à débattre du fond"
Pour autant, ce dernier s'est permis, jusqu'ici, de sécher tous les débats avec ses autres concurrents. Ciblé par ces derniers pour ses absences, son manque d'assiduité au Parlement européen, ou encore les changements de pied du RN sur l'Europe, le président du parti d'extrême droite sort finalement du bois.
La veille, depuis Perpignan où il dévoilait une trentaine de collistiers potentiellement éligibles, l'élu de 28 ans a lancé les hostilités. "Nous sommes prêts à débattre du fond", a-t-il assuré, appelant à le faire "sans prêt-à-penser" et "sans attaque sous la ceinture".
Une façon de chercher à démontrer sa crédibilité, alors que l'extrême droite est souvent attaquée sur ce point? Jordan Bardella n'y échappe pas, d'autant qu'il a enchaîné quelques bévues, que ce soit sur les prix planchers pour les agriculteurs ou sur les questions de seuil dans les entreprises.
Si cela ne l'empêche pas de caracoler en tête des sondages, le député européen traîne également quelques casseroles dans sa liste. Comme la plainte pour complicité de crimes contre l'humanité et de torture visant son numéro 3, Fabrice Leggeri, ancien de Frontex, agence chargée du contrôle des frontières de l'Union européennes.
"Tout est possible", veut croire la macronie
Ou bien le passé de Mathieu Valet, son numéro 7, dans la police, après que Libération a révélé qu'il avait détourné des bons de la SNCF de ses collègues et eu un accident avec un véhicule de service durant ses jours de repos. Libération a également mis au jour les propos racistes et complotistes du Mahorais Saidali Boina Hamissi, annoncé sur la liste de l'extrême droite pour les européennes, avant que le parti ne rétropédale devant la polémique.
Il y a aussi l'allié allemand de l'AfD, qui pourrait continuer d'embarasser le RN, après le scandale autour d'une forme de "remigration" de certains citoyens. Sa tête de liste pour les européennes, Maximilian Krah, fait l'objet de deux enquêtes préliminaires pour soupçons de financements russes et chinois. L'un de ses assistants, a lui été arrêté mardi 23 avril en raison de soupçons d'espionnage en faveur de la Chine.
Autant d'angles d'attaque pour les macronistes, dont les arguments semblent déjà rôdés. La présence à Strasbourg? "21 amendements en 5 ans, ça fait cher l'amendement", explique-t-on autour de Valérie Hayer. L'AfD? "Au Parlement européen, [Jordan Bardella] siège avec le pire de l'extrême droite: des vendus aux russes et aux chinois".
Concernant la dynamique de campagne, un proche veut croire que rien n'est joué, même si l'écart actuel est immense: "C'est le moment où les votes se cristallisent. Tout est possible, la dynamique Hayer peut être lancée ce soir."
Une opposition de style
Un pilier de la campagne tempére: "Elle n'est pas responsable de la campagne à elle toute seule, Attal et Macron devraient la soutenir davantage et enfin entrer en campagne." "Le climax de la campagne c’est pas Hayer-Bardella, c'est Attal-Bardella" ajoute un autre.
Le Premier ministre, justement, doit débattre avec le patron du parti à la flamme. La veille, il a cogné sur l'extrême droite et sa patronne, Marine Le Pen, lors d'un déplacement à Beaugency, raillant cette dernière, "mal à l'aise" dans l'exercice du débat, selon lui.
Si de nombreux sujets devraient être abordés (immigration, agriculture, guerre en Ukraine...), les échanges devraient donner lieu à une opposition de style sur l'Union européenne.
"Nous avons plus que jamais besoin d'Europe", a encore affirmé Valérie Hayer ce mecredi dans une vidéo sur X, aux côtés du Premier ministre Gabriel Attal, annonçant au passage l'organisation d'un deuxième meeting de campagne à la Mutualité, à Paris, le 7 mai prochain. Depuis Perpignan, Marine Le Pen a assumé "d'être critique" et de vouloir "dire non" sur certains thèmes.