Dissolution de l'Assemblée, Bardella en tête... Ce qu'il faut retenir des élections européennes

Les Français ont placé Jordan Bardella et le Rassemblement national en tête des élections européennes ce dimanche 9 juin. Dans la foulée de l'annonce des résultats, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale, convoquant ainsi de nouvelles élections législatives.

Une soirée historique. Le candidat du Rassemblement national Jordan Bardella est arrivé en tête des élections européennes ce dimanche 9 juin et a demandé à Emmanuel Macron la dissolution de l'Assemblée nationale. Souhait exaucé quelques dizaines de minutes plus tard: le président de la République a pris la parole, fait inédit pour une soirée électorale, et a convoqué des élections législatives anticipées les dimanches 30 juin et 7 juillet.

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Les électeurs n'ont donc pas fait mentir les sondages. Jordan Bardella est largement arrivé en tête du scrutin, devançant largement ses concurrents dans de très nombreuses communes. La tête de liste du RN obtient 31,7% des suffrages, selon notre estimation Elabe pour BFMTV, RMC et La Tribune. Soit plus du double de sa rivale macroniste Valérie Hayer, en deuxième position avec 14,9%.

"L'écart inédit entre la majorité présidentielle et le premier parti d'opposition traduit un désaveu cinglant et un rejet de la politique conduite par Emmanuel Macron", a déclaré l'eurodéputé de 28 ans.

Comme lors de la campagne, Jordan Bardella a demandé dès 20 heures la dissolution de l'Assemblée nationale au président de la République.

Dans la soirée, Emmanuel Macron a pris la parole lors d'une allocution depuis le palais de l'Élysée pour annoncer la dissolution de l'Assemblée naitonale. L'issue du scrutin européen "n'est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l'Europe", a concédé le président de la République, affirmant que "la montée des nationalistes et des démagogues est un danger pour notre nation".

"C'est un temps de clarification indispensable (...) j'ai entendu votre message, vos préoccupations et je ne les laisserai pas sans réponse", a-t-il dit lors d'une allocation télévisée.

"Je sais pouvoir compter sur vous pour aller massivement voter les 30 juin et 7 juillet prochain. La France a besoin d'une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde", a ajouté Emmanuel Macron.

Les oppositions ont rapidement réagi. "Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance", a lancé Marine Le Pen, qui souhaitait il y a quelques mois déjà l'arrivée de Jordan Bardella à Matigon.

À gauche, François Ruffin a plaidé pour la constitution d'un "Front populaire". "Nous appelons Olivier Faure, Fabien Roussel, Marine Tondelier, Manuel Bompard à la porter, ensemble", a-t-il écrit sur X (ex-Twitter). "Insoumis, communistes, socialistes, écologistes. Unis."

L'union sera-t-elle possible? Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique, est arrivé en tête de son camp, derrière Valérie Hayer et Jordan Bardella, avec 14,2% des voix. "Je suis fier de ce que nous avons fait ensemble", a-t-il lancé devant ses partisans, soulignant toutefois n'avoir "pas l'âme à la fête" après le score historique du RN.

"Nous vivons un moment de bascule, historique. L'extrême droite est en tête dans de nombreux pays européens", a-t-il déclaré. Et d'ajouter: "Nous leur tiendrons tête en Europe et en France."

Mais, interrogé sur une éventuelle union de la gauche incluant La France insoumise, le socialiste répond qu'il veut "placer la clarté et la sincérité au-dessus de tout", sous-entendant qu'une telle alliance n'est pas possible à ce jour.

Les insoumis eux, arrivent au pied du podium avec 9,4% des voix. Un score en hausse par rapport aux élections européennes de 2019 et, selon les premières projections en sièges, au moins 8 élus. Rima Hassan, qui est devenue une figure du mouvement de Jean-Luc Mélenchon ces dernières semaines, devrait donc siéger au Parlement européen.

Longtemps donnés dans les instituts de sondage entre 5 et 8%, François-Xavier Bellamy et Les Républicains obtiennent 6,9%, un peu moins qu'en 2019, mais maintiennent leur présence à Bruxelles et à Strasbourg. En revanche, EELV, qui avait été la surprise du scrutin il y a cinq ans, s'effondre, mais parvient à se maintenir à 5,5%, au-dessus du seuil des 5% - indispensable pour ne pas disparaître du Parlement européen.

"Face à la guerre menée à l'écologie, nous avons tenu bon, mais nous reculons et nous reculons nettement", a admis la candidate, déplorant une "défaite amère pour l'écologie".

"Je marchais en première ligne et je n'ai pas su convaincre au-delà de notre socle (...) Je m'en excuse sincèrement", a-t-elle ajouté.

Marion Maréchal, soutenue par Reconquête, arrive juste derrière, à 5,4%. Là aussi au-dessus du seuil fatidique. Eric Zemmour a souligné sa "grande joie d'obtenir nos premiers élus" pour le jeune mouvement d'extrême droite, qui obtiendrait ainsi 5 eurodéputés selon nos projections. Le polémiste, candidat à la présidentielle en 2022, a surtout appelé le RN et LR à "la plus vaste union des droites" en vue des législatives provoquées par la dissolution de l'Assemblée nationale.

Article original publié sur BFMTV.com