Agressions sexuelles sur mineur: un prêtre en procès avait prévenu sa hiérarchie dès 1998

Un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X a reconnu jeudi devant le tribunal de Gap les agressions sexuelles dont il est accusé sur sept mineurs commises entre 2002 et 2018. Il a affirmé avoir prévenu sa hiérarchie de cette "tendance" avant les faits.

Aujourd'hui âgé de 58 ans, le membre de ce mouvement intégriste est jugé pour avoir agressé sexuellement des enfants sur lesquels il avait autorité comme directeur d'école privée catholique, professeur ou responsable de camps scouts.

Les faits ont été commis à différents postes dans sa carrière en France, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), à Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) et en Vendée mais aussi en Suisse et en Espagne.

Le prévenu a assuré avoir "toujours lutté contre cette attirance". Il a également souligné avoir alerté la Fraternité Saint-Pie X dès 1998, à plusieurs reprises. La structure n'a fait un premier signalement que 21 ans plus tard. L'homme qui vit désormais dans un monastère près de Gap est suivi par un psychiatre depuis 2019.

"Partie émergée d'un iceberg"

Se souvenant d'un prêtre à l'autorité "suprême", un jeune homme a fait état d'agressions sexuelles dans une douche dans un camp d'été scout en Espagne en 2006. Un autre, scolarisé trois ans dans une école à Courbevoie dont l'homme d'Eglise était directeur a raconté des "massages sur le sexe".

"Les gens que vous avez devant vous sont une petite partie émergée d'un iceberg", a affirmé Me Rodolphe Bosselut, représentant de deux parties civiles. "Mes clients ont eu peur de manquer à une forme de loyauté religieuse, de mettre en péril la Fraternité".

Quatre ans de suivi socio-judiciaire accompagnés d'une injonction de soins ainsi que de l'interdiction définitive d'exercer une activité avec des mineurs ont été requis à l'encontre du prévenu par le ministère public.

Le religieux a "profité du respect" qui lui était dû et qui "avait en plus une forte autorité, pour mettre la main dans le caleçon", a accusé la substitute du procureur Violaine Perrot.

L'affaire a été mise en délibéré par le tribunal correctionnel de Gap au 6 juin 2024.

Article original publié sur BFMTV.com