Le « syndrome de La Havane » aurait été causé par une arme sonique russe, selon cette enquête journalistique

D’après des médias russe, allemand et américain, les services secrets russes se seraient servis d’une arme à énergie dirigée pour s’attaquer à des diplomates.

RUSSIE - C’est un mystère qui plane depuis des années au-dessus du milieu de la diplomatie internationale. Ledit « syndrome de La Havane », dont ont été victimes ces dernières années des dizaines de diplomates américains, vient peut-être enfin de trouver une explication. Et selon une enquête menée par plusieurs médias à travers le monde publiée ce lundi 1er avril, les services secrets russes en seraient responsables, via des armes « à énergie dirigée ».

À partir de 2016, des diplomates américains et canadiens en poste à Cuba ont dit être frappés de troubles, notamment des migraines, vertiges, nausées et troubles de la vision. Ces « incidents anormaux de santé », selon la terminologie employée aux États-Unis, ont ensuite été signalés ailleurs dans le monde (Chine, Allemagne, Australie, Russie, Autriche) et même à Washington.

Une affaire qui a rapidement entraîné de vastes spéculations sur son origine. Alors que certains responsables américains avaient d’abord minimisé des symptômes parfois attribués au stress, d’autres évoquaient en privé de possibles attaques et soupçonnaient déjà des pays comme la Russie. Officiellement, le renseignement américain avait pour sa part estimé en mars 2023 « très improbable » qu’une puissance étrangère ou une arme soit à l’origine du mystérieux trouble.

Moscou nie en bloc

Mais selon une enquête journalistique publiée par le journal russe indépendant The Insider, le magazine allemand Der Spiegel, et la chaîne américaine CBS, ces diplomates ont pu être la cible d’une arme sonique de la Russie.

L’enquête, qui a duré plus d’un an, dit avoir « découvert des éléments suggérant que ces incidents anormaux de santé (...) pourraient provenir de l’utilisation d’armes à énergie dirigée, maniées par des membres de l’unité 29155 » du GRU, le service de renseignement militaire russe. Une branche chargée des opérations à l’étranger et qui s’est déjà retrouvée au centre de plusieurs affaires, accusée notamment de la tentative d’empoisonnement de l’ancien espion russe Sergueï Skripal au Royaume-Uni en 2018. « Leur champ d’action est mondial pour la conduite d’opérations létales et d’actes de sabotage », a déclaré à The Insider un ancien haut responsable de la CIA, agence américaine de renseignement.

Moscou a rejeté dans la foulée cette enquête, la jugeant comme « sans fondement ». « Ce sujet a été gonflé dans la presse depuis plusieurs années déjà. Et depuis le début, c’est souvent associé à la Russie », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov lors d’une conférence de presse. « Mais personne n’a jamais publié de preuve convaincante, donc tout cela n’est rien d’autre qu’une accusation sans fondement », a-t-il ajouté.

L’enquête des trois médias avance que les premiers cas de syndrome de La Havane se seraient produits en Allemagne deux ans avant ceux rapportés à Cuba en 2016. À Francfort, un employé au consulat des États-Unis aurait ainsi perdu connaissance en raison de ce qui s’assimilerait à un « fort rayon d’énergie ».

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