« Législatives : le barrage ne fait pas une politique »

La philosophe Laurence Devillairs dénonce la facilité du barrage républicain.  - Credit:Aurelien Morissard/AP/Sipa
La philosophe Laurence Devillairs dénonce la facilité du barrage républicain. - Credit:Aurelien Morissard/AP/Sipa

Front républicain, « faire barrage », « ni RN ni LFI », arc républicain… Comme tous les Français, j'entends sans cesse ces expressions. Ce bavardage sans paroles : car, et c'est à déplorer, et c'est à craindre aussi, ces mots ne disent pas grand-chose, voire rien. C'est, dans cette campagne électorale éclair, une manière de parler pour ne rien dire, ou pour saupoudrer d'un peu de discours, d'un peu de largesse de vue des tractations dans l'urgence et selon la loi de l'opportunisme. Bavarder, c'est parler pour parler ; dire quelque chose, c'est déjà agir. C'est, par la force des idées et du langage qui les exprime, avoir prise sur le réel, et peut-être aussi espérer un peu le changer.

La démocratie n'est pas que dans les alliances entre partis, elle est l'affaire de tous. Elle doit pouvoir se vivre comme un espace de débats, d'accords et de désaccords, et non pas se réduire au manège affligeant de formules vides, de mots sans contenu, de tactiques sans vision, dans l'absence assourdissante de toute reconnaissance des manquements et des fautes commises. Ces élections ont une dimension historique ; elles éprouvent la solidité des institutions et de la Constitution, elles devraient être la mise à l'épreuve des convictions et de la capacité à reconnaître ses torts, mais elles ne réduisent qu'à une course de petits chevaux. Au point que, parfois, j'en viens à confondre les commentaires politiques avec les commentaires sportifs.

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