Sécurité : que proposent les grands blocs politiques pour les élections législatives ?

Selon un sondage Ipsos publié le 9 juin 2024 à l’occasion des élections européennes, la sécurité figure parmi les thèmes déterminants dans le choix de vote des Français. Dans un contexte où l’insécurité et la délinquance font les grands titres de la presse et occupent de manière quasi ininterrompue l’espace médiatique, les principales formations politiques sont tenues de se positionner sur cet enjeu électoral potentiellement décisif.

 

Renaissance s’engage dans la lutte contre la délinquance des mineurs

Le programme du camp présidentiel définit une grande priorité, celle de la lutte contre la délinquance des mineurs. Le parti envisage notamment l’instauration de peines courtes et rapides pour les mineurs de plus de 16 ans, sur le modèle de la comparution immédiate. À la suite de l’agression mortelle du jeune Shemseddine à Viry-Châtillon, Gabriel Attal a annoncé une mesure visant à atténuer l’excuse de minorité, dont les contours restent à définir.

Par ailleurs, le gouvernement souhaite poursuivre la politique recrutement dernièrement amorcée, qui devrait compléter les effectifs judiciaires de 1500 magistrats et de 1800 greffiers à l’horizon 2027.

 

LR prône la fermeté

La droite, dont le programme est encore embryonnaire, propose le rétablissement des peines planchers. Ces peines minimales, automatiques et incompressibles en cas de condamnation, avaient été une première fois mises en place en 2007, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, puis supprimées en 2014 par Christiane Taubira, garde des Sceaux sous la présidence de François Hollande.

 

Le Rassemblement national prend la défense des forces de l’ordre

Point de convergence avec la droite traditionnelle, les peines planchers devraient être rétablies grâce à une loi sur la sécurité, qui concernerait en priorité les délits liés au trafic de stupéfiants, ainsi que les atteintes aux personnes dépositaires de l’autorité publique.

Jordan Bardella défend, en outre, la suppression des allocations familiales pour les parents de mineurs récidivistes.

Une autre mesure emblématique et polémique porte sur la reconnaissance d’une présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre, dans le cas où celles-ci ouvriraient le feu. Ce serait alors à la victime de démontrer l’illégalité de l’usage de l’arme.

En matière d’effectifs, le parti de Marine Le Pen propose de doubler le nombre de magistrats et de créer 10 000 nouveaux postes. Le concours de la magistrature pourrait également s’ouvrir à d’anciens policiers ou avocats.

 

Le Front populaire plaide pour le retour de la police de proximité

L’union de la gauche se prononce en faveur d’un retour de la police de proximité. Elle prévoit également, afin de limiter les dérives policières, d’ « interdire les LBD et les grenades mutilantes », ainsi que de « démanteler les BRAV-M », ces brigades mobiles controversées qui opèrent lors des manifestations.

L’alliance porte le projet d’une réforme en profondeur du système de sécurité intérieure, vouée à remplacer deux entités phares, à savoir l’IGPN, la police des polices, et l’IGGN, la police de la gendarmerie, par un organisme indépendant, affilié à la Défenseure des droits.

En accord avec les autres formations politiques, les partis de gauche promettent l’embauche de nombreux magistrats. Ils affichent, en outre, leur volonté de réduire les délais de jugement, et s’engagent dans la lutte contre la surpopulation carcérale.

Thématique électorale incontournable, la sécurité s’invite dans les programmes de toutes les principales forces politiques, certaines se contentant de proposer une optimisation du système existant, là où d’autres font de cette question un étendard idéologique.

Eglantine Mougin