Rétablir le service national, “le fantasme” de Rishi Sunak qui divise le Royaume-Uni

“Votre pays a besoin de vous”, clame un chef militaire sur une affiche de recrutement de l’armée qui rappelle celle de l’Oncle Sam appelant à rejoindre l’US Army. Mais le doigt pointé dans notre direction et le regard autoritaire qui l’accompagne sont cette fois ceux du Premier ministre britannique, Rishi Sunak, qui incite les jeunes à effectuer leur service national. Il peut être civil, comme le SNU français, ou militaire.

“Le retour du service national, la grande idée de Sunak”, titre l’hebdomadaire anglophone The Week en une de son édition du 3 juin 2024, consacrée à la promesse du Premier ministre britannique de “réintroduire la conscription” s’il est maintenu au pouvoir le 4 juillet prochain.

Plus de soixante après la fin du service national obligatoire – le dernier remonte à 1960 –, cette promesse est perçue “comme un cadeau destiné à flatter le noyau dur de son électorat conservateur” un mois seulement avant une élection que son parti, les torys, risque bien de perdre. Les sondages donnent une avance d’environ vingt points au Parti travailliste, explique The Week, qui synthétise le point de vue de la presse britannique sur la question.

Le tout dernier atout

Si Sunak parvient à ses fins, les jeunes Britanniques âgés de 18 ans et plus auront le choix entre “servir pendant un an dans les forces armées ou dans la cyberdéfense britannique” ou bien “passer un week-end par mois à faire du bénévolat pour des organisations” telles que le NHS et les services de pompiers, détaille l’hebdomadaire.

“Après quatorze ans de chaos et l’un des pires lancements de campagne, les torys ont sorti leur dernier atout, et sans doute le plus périmé”, estime une éditorialiste du quotidien londonien The Guardian, citée par The Week, qui y voit une “punition infligée par les conservateurs âgés” aux jeunes.

“N’avons-nous pas déjà fait assez de sacrifices ?” abonde un jeune éditorialiste dans l’hebdomadaire d’orientation conservatrice The Spectator, qui se dit las de toutes les “injonctions qui pèsent sur la jeune génération”, entre les sacrifices de la période Covid et les impôts historiquement élevés. “Maintenant Sunak voudrait rétablir la conscription, tout ça pour que nous allions boucher les trous des services publics ?” s’agace-t-il.

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