Pas de répit à Gaza où la guerre est entrée dans son 200e jour

Des Palestiniens au milieu de bâtiments détruits à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024 (-)
Des Palestiniens au milieu de bâtiments détruits à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024 (-)

La guerre entre Israël et le Hamas palestinien est entrée mardi dans son 200e jour sans aucun signe de répit malgré les appels pressants à la libération des otages, à l'heure où les craintes d'une offensive israélienne sur la ville de Rafah s'intensifient.

Ces dernières 24 heures, les bombardements israéliens ont tué 32 Palestiniens, selon le ministère de la Santé du Hamas, portant le bilan total à 34.183 morts, majoritairement des civils, selon la même source.

Selon un correspondant de l'AFP, l'armée israélienne a procédé à d'intenses tirs d'artillerie durant la nuit de lundi à mardi. Des frappes aériennes ont visé le centre de Gaza, près du camp de réfugiés de Boureij, tandis que des tirs d'artillerie ont touché le camp de Nousseirat.

L'armée a déclaré avoir frappé plusieurs positions du mouvement islamiste palestinien Hamas dans le sud du territoire assiégé. Pendant la nuit, ses avions ont visé "environ 25 cibles" dont des postes d'observation militaire.

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par une attaque sanglante et sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, entraînant la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens. Une centaine ont été libérées à la faveur d'une trêve fin novembre.

Assumant "sa responsabilité" dans l'échec à prévenir l'attaque du 7 octobre, le chef du renseignement militaire israélien, le général Aharon Haliva, a annoncé lundi sa démission.

- "Douleur" de Pessah -

Mardi, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a appelé à la libération des otages dans un message publié sur X. "Pendant 200 jours, le monde s'est arrêté pour leurs familles (...)", a-t-elle écrit. "Tant que les otages ne seront pas libérés, nous ne lâcherons pas prise. Ce n'est que lorsqu'ils seront rentrés chez eux que la paix aura une chance".

Dans la foulée, le Qatar, qui avec l'Egypte et les Etats-Unis tentent d'arracher une trêve, accompagnée de la libération des otages, a déclaré mardi que le Hamas restera à Doha tant que sa présence est "utile et positive" dans l'effort de médiation.

La semaine dernière, il avait indiqué procéder "à une réévaluation globale de (son) rôle" alimentant les spéculations sur un éventuel départ du Hamas de l'émirat, où se trouve son bureau politique depuis 2012. Les négociations piétinent, les deux camps s'accusant de les bloquer.

Lundi soir, le repas traditionnel du Seder, qui marque le début de la pâque juive, a été assombri par l'absence des otages. Des manifestants ont installé lundi soir une immense table, aux chaises et assiettes vides, devant le domicile du Premier ministre israélien, dans le nord de Tel Aviv.

"Je ne peux pas imaginer célébrer Pessah, la fête de la liberté, sans mon fils", a dit Dalit Shtivi, citée dans un communiqué du forum des familles d'otages et de disparus.

"C'est tellement difficile. Je ne peux pas expliquer la douleur... Je supplie pour qu'il y ait un accord et qu'il soit de retour ce soir, et qu'il célèbre avec nous ... la liberté et la fête de Pessah", a-t-elle ajouté.

M. Netanyahu, qui fait face à des pressions croissantes pour obtenir la libération des otages, a assuré lundi que sa "détermination" à voir tous les otages retrouver leur famille restait "inébranlable".

- Offensive à Rafah? -

Dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, la guerre ne connait aucun répit. Lundi, a été une nouvelle journée d'horreur avec la découverte d'environ 200 corps dans des fosses communes à l'intérieur de l'hôpital Nasser de Khan Younès.

Comme d'autres complexes hospitaliers du territoire, celui-ci avait précédemment fait l'objet d'un raid de l'armée israélienne.

Un porte-parole de la Défense civile de Gaza avait déclaré à l'AFP que plusieurs des corps retrouvés étaient en décomposition, rendant le processus d'identification des victimes encore plus complexe. Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'avait pas réagi.

Outre les destructions et le bilan humain, les quelque 2,4 millions d'habitants de ce territoire sont menacés de famine selon l'ONU, qui exhorte à l'entrée de plus d'aide humanitaire dans ce petit territoire.

Mais M. Netanyahu s'est engagé à poursuivre son offensive sur Rafah, la ville frontalière avec l'Egypte où se sont réfugiés plus d'un million et demi de personnes, principalement des déplacés. Cette ville est le dernier grand bastion du Hamas, affirme-t-il depuis des semaines.

Selon des responsables égyptiens, cités par le journal américain Wall Street Journal, Israël se prépare à déplacer les civils de Rafah vers Khan Younès, notamment, où il prévoit d'installer des abris et des centres de distribution de nourriture.

Cette opération d'évacuation durerait deux à trois semaines et serait menée en coordination avec les Etats-Unis, l’Égypte et d'autres pays arabes tels que les Emirats arabes unis, selon ces responsables égyptiens.

- Aide américaine -

Le G7, dont l'allié américain, a d'ores et déjà condamné cette opération, redoutant un bain de sang.

Mardi toujours, le Sénat américain doit se prononcer sur un programme d'aide à ses alliés, dont Israël, qui devrait arriver sur le bureau du président Joe Biden pour approbation d'ici la fin de la semaine. Au total, il prévoit 13 milliards de dollars pour Israël dans sa guerre contre le Hamas et plus de 9 milliards de dollars pour l'aide humanitaire à Gaza.

Par ailleurs, les violences se multiplient à la frontière nord d'Israël avec le Liban, entre l'armée et le Hezbollah libanais, allié du Hamas. Ce dernier a annoncé mardi avoir visé à l'aide de drones deux positions militaires dans le nord d'Israël "en riposte" à la mort d'un de ses membres tué lors d'une frappe israélienne dans le sud du Liban.

bur-adm/cn