En Nouvelle-Calédonie, ce qui se joue derrière le second tour des législatives 2024

Photo d’illustration prise à Houailou, en Nouvelle-Calédonie, le 1 juillet 2024.
THEO ROUBY / AFP Photo d’illustration prise à Houailou, en Nouvelle-Calédonie, le 1 juillet 2024.

POLITIQUE - Vote national, enjeu local. Le second tour des élections législatives en Nouvelle-Calédonie prend une dimension locale particulièrement forte, après un premier tour à l’issue duquel les deux circonscriptions doivent trancher entre indépendantistes et non-indépendantistes. Le tout, moins de deux mois après des divisions profondes sur le projet de réforme du corps électoral qui a ravivé les tensions entre les deux camps.

Dans la première circonscription, le loyaliste Nicolas Metzdorf s’est imposé dimanche 30 juin, avec 39,8 % des suffrages. Élu pour la première fois en 2022, Nicolas Metzdorf siégeait sur les bancs de Renaissance avant la dissolution. Désormais sans étiquette, il est surtout identifié pour avoir été le rapporteur du très contesté projet de loi sur le dégel du corps électoral - qui a mis l’archipel à feu et à sang.

Son adversaire du second tour, Omayara Lisa Meun Naisseline, a recueilli 36,3 % des voix. Indépendantiste, elle plaidait comme l’ensemble de ses pairs pour le retrait du texte - suspendu depuis la dissolution.

La deuxième circonscription de l’archipel voit s’opposer le candidat indépendantiste Emmanuel Tjibaou, l’un des fils du leader kanak Jean-Marie Tjibaou assassiné en 1989. Il est arrivé en tête avec 44,06 % des voix. Il affrontera au second tour le non-indépendantiste Alcide Ponga, président local des Républicains-LR (36,18 % au premier tour). L’élection d’Emmanuel Tjibaou à l’Assemblée serait une première pour un indépendantiste calédonien.

« L’occasion d’exprimer dans les urnes notre mécontentement »

Le premier tour s’est tenu dans un contexte particulier après les émeutes et affrontements mortels. Pour beaucoup, les élections législatives sont donc avant tout l’occasion de donner une couleur politique forte à l’archipel, avant de nouvelles évolutions statutaires attendues.

Après une mobilisation à 60 % au premier tour (+28 points par rapport à 2022), de longues files d’attente se formaient ce mardi 2 juillet à Nouméa où les demandes de procuration ont atteint des records.

Le scrutin « est l’occasion d’exprimer dans les urnes notre mécontentement qui a commencé le 13 mai sur le terrain », avec le début des troubles dans l’archipel, a expliqué à l’AFP Charlie, 53 ans. « Je suis venu faire une procuration pour soutenir notre candidate indépendantiste », ajoute-t-il. « Il y a un espoir, l’écart de voix n’est que de 2 000 voix. Omayra a une réserve de voix qui va s’exprimer dans les îles. On peut gagner ».

Face à l’affluence, le commissariat a mis en place des listes et il fallait attendre l’appel de son nom pour accéder au bâtiment. Nombre de ces électeurs étaient des résidents de Nouméa votant dans la province des îles, difficile d’accès en raison des troubles qui secouent l’archipel.

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