La multiplication des satellites comme Starlink est une bombe à retardement pour la couche d’ozone

Les megaconstellations comme Starlink sont une bombe à retardement pour la couche d’ozone, selon cette étude
Alexyz3d / Getty Images/iStockphoto Les megaconstellations comme Starlink sont une bombe à retardement pour la couche d’ozone, selon cette étude

ESPACE - Quand le problème commencera à se poser, il se pourrait qu’il soit déjà trop tard. Une étude parue dans la revue Geophysical Research Letters le 11 juin fait le point sur une conséquence jusqu’ici largement méconnue de la multiplication des satellites. Et les prévisions ont de quoi inquiéter, si des solutions ne sont pas trouvées rapidement.

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Ce que l’équipe d’Astrophysicien de la University of Southern California, en Californie, a étudié, c’est l’impact de la ré-entrée dans l'atmosphère des satellites. Lorsqu’un satellite en orbite basse est en fin de vie, on utilise ses dernières forces (ce qui lui reste de carburant) pour descendre en direction de la Terre, et brûler dans l’atmosphère sous l’action du frottement de l’air.

La technique fonctionne bien… Trop bien. Tous les jours ou presque, des satellites dont la mission s’est terminée ou qui dysfonctionnent, des éléments de fusées diverses font le trajet de l’espace à la terre pour se disperser en infimes poussières à plusieurs dizaines de kilomètres au-dessus de nos têtes. Mais c’est bien là le problème. Au-dessus de nos têtes, il y a, entre autres, la couche d’ozone, qui nous protège du rayonnement solaire.

Destructeur d’ozone

C’est bien l’impact de ces ré-entrées, et de la dispersion en poussière, sur la couche d’ozone, que souligne notre étude. En disparaissant dans l’atmosphère, les satellites se décomposent en diverses nanoparticules. Parmi elles, l’oxyde d’aluminium. « Un satellite typique de 250 kg génère 30 kg d’oxyde d’aluminium » en brûlant, détaillent ainsi les chercheurs.

Ce composé chimique, formé par l’aluminium contenu dans le satellite au contact de l’air, est tout simplement un destructeur d’ozone. Pas directement : l’oxyde ne réagit avec l’ozone, mais active le chlore, un puissant destructeur de la couche d’ozone.

Dans les années 90, cette réaction avait déjà été observée, mais sans provoquer d’inquiétude : le rythme de lancement des satellites n’avait rien de commun avec aujourd’hui, et le concept de mégaconstellations en orbite basse, comme celle de Starlink (le réeau d’Elon Musk) ou OneWeb, relevait de la science-fiction. Mais depuis, tout a changé.

Aujourd’hui, il y a 8100 satellites en orbite basse. Starlink a l’autorisation d’en lancer 12 000 autres dans les années qui viennent, et le projet d’arriver à 45 000 satellites lancés. Des objets à la durée de vie particulièrement courte : 112 satellites sont revenus brûler dans l’atmosphère en 2022, contre 102 en 2021… C’était 6 en 2010. Les proportions n’ont plus rien à voir, la pollution induite non plus.

En 2050, des conséquences dramatiques

C’est ainsi qu’en 2022, la dispersion des satellites fut responsable, d’après l’étude, d’une augmentation de 29,5 % de l’aluminium dans l’atmosphère au-dessus de la normale. C’est 17 000 tonnes d’aluminium répandu entre 50 et 120 kilomètres au-dessus du sol. Les prévisions de l’étude, au rythme intense où sont lancées les mégaconstellations, donnent un excès de l’oxyde allant jusqu’à 640 % au-dessus du niveau naturel dans la mésosphère…

Les plus acérés sur le sujet noteront alors que ce n’est pas dans la mésosphère, mais dans la stratosphère, à entre 20 et 50 kilomètres de nous, que se situe la couche d’ozone : c’est bien là qu’il s’agit d’une bombe à retardement.

L’équipe a ainsi calculé l’accumulation, ces dernières années, de tonnes d’oxyde d’aluminium pourrait prendre jusqu’à trente ans pour redescendre au niveau de la couche d’ozone, et y faire des dégâts encore incalculables. C’est pourquoi il faut agir immédiatement, et étudier plus en profondeur de comportement de cet oxyde, avant que les retombées ne soient fatales à notre couche d’ozone, à l’horizon 2050.

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