Yahoo Actualités Marine Le Pen affirme que le RN se situerait "entre le centre droit et le centre gauche" aux États-Unis
Lors d'un entretien à CNN, Marine Le Pen a de nouveau contesté l'appartenance du Rassemblement national à l'extrême droite. Elle a jugé qu'aux États-Unis, le parti serait plutôt "entre le centre droit et le centre gauche".
Depuis plusieurs années, Marine Le Pen nie son appartenance et celle de son parti à l'extrême droite. Dans une interview à la chaîne américaine CNN, diffusée ce vendredi 5 juillet, la figure de proue du Rassemblement national proteste de nouveau contre ce qualificatif que lui applique la journaliste Christiane Amanpour.
"Je conteste formellement ce terme d'extrême droite qui, dans votre pays, fait référence à des groupuscules extrêmement radicaux et violents", explique-t-elle.
"L'équivalent de ce que nous sommes aux États-Unis, c'est entre le centre droit et le centre gauche, en termes d'idées", assure la cheffe sortante des députés RN.
"Cet usage du terme extrême droite est stigmatisant et très péjoratif, il ne correspond pas à ce que nous sommes et pas du tout à ce qu'est l'extrême droite aux États-Unis", poursuit Marine Le Pen dans un extrait publié en avant-première par CNN.
Quelle définition pour l'extrême droite ?
Comment peut-on définir l'extrême droite ? L'historien Nicolas Lebourg la caractérisait en 2021 auprès du Monde comme un champ politique qui "défend l’idée que la société fonctionne comme un être vivant et qu’il s’agit de régénérer cette communauté unitaire, qu’elle repose sur l’ethnie, la nationalité ou la race" et qui veut "refonder l’ordre des relations internationales".
Le spécialiste de l'extrême droite notait également que pour contester y appartenir, le RN "réduit les extrêmes droites à leur fraction à la fois 'ultra' et 'radicale'".
Le centre de recherches sur l'extrémisme de l'Université d'Oslo propose également sa définition de l'extrême droite. Il s'agit de groupes dont l'idéologie "repose sur la conviction que les inégalités sont naturelles et que, par conséquent, certains groupes sont supérieurs à d'autres, ce qui éclaire leurs visions nativistes et autoritaires de la société".
"Tous les groupes d’extrême droite considèrent l’ordre et la punition (ou 'la loi et l’ordre') comme les conditions cruciales pour maintenir la cohésion de la société", ajoute-t-il sur son site.
Dans son programme pour les législatives, le Rassemblement national met ainsi en avant "une remise en ordre dans nos rues et nos institutions, dans nos finances et notre environnement économique, dans nos écoles et nos vies". Il affirme aussi que "le laxisme doit laisser place à la fermeté" alors que "des pans entiers du territoire échappent à l’autorité de l’État".
Le RN conteste depuis des années ce terme
Pour l'historienne et politologue Valérie Igounet, le RN peut notamment être qualifié d'extrême droite en raison de ses propositions visant à instaurer une "préférence nationale". Le RN veut par exemple "réserver les allocations familiales aux Français et conditionner à 5 années de travail en France l’accès aux prestations sociales non-contributives comme le RSA".
"Cette rupture du caractère universel des valeurs républicaines inscrit clairement le RN à l’extrême droite", explique Valérie Igounet à Ouest France.
"De manière générale, quand on affiche comme premier marqueur la lutte contre l’immigration et l’insécurité, on ne peut pas être classé comme un parti de la droite traditionnelle", poursuit-elle.
Depuis plus de dix ans et son arrivée à la tête du Rassemblement national, alors nommé Front national, Marine Le Pen rejette le terme d'extrême droite pour son mouvement. Le parti l'a même contesté devant la justice en 2023. Le RN protestait contre son rattachement à "l'extrême droite" dans la classification des candidatures aux élections sénatoriales de septembre opérée par le ministère de l'Intérieur.
Il a été débouté en mars par le Conseil d'État. La plus haute juridiction administrative affirmait alors n'avoir repéré "aucune erreur manifeste d'appréciation" dans l'attribution de la nuance "extrême droite" au Rassemblement national.
