Retraite, immigration, école… Ce qu'il faut retenir du programme du RN présenté par Jordan Bardella

Sur son pupitre, un nouveau slogan de campagne: "L'alternance commence". C'est en candidat au poste de Premier ministre que Jordan Bardella a présenté ce lundi 24 juin le programme du Rassemblement national pour les élections législatives.

"Premières urgences", "temps des réformes"... De l'immigration au pouvoir d'achat, on connaît désormais plus précisément l'agenda du "futur gouvernement" que le RN compte mettre en place en cas de victoire.

Ce rendez-vous a également offert une photo inédite: celle de Marine Le Pen assise aux côtés du président contesté des Républicains, Éric Ciotti. Illustration d'une alliance des droites "d'accord sur la nécessité de redresser la France", selon les mots du président déchu des LR.

• Sécurité

"Remettre l'autorité au cœur de l'action publique". Jordan Bardella a commencé en traçant les grands traits de sa future politique sécuritaire. Celui qui se dépeint comme le protecteur "des femmes et des forces de l'ordre" indique vouloir rétablir les peines minimales et peines plancher pour "casser la récidive".

Il évoque également sa volonté de supprimer les allocations familiales aux parents "démissionnaires" de mineurs récidivistes. Le parti à la flamme souhaite ensuite la fin de l'excuse de minorité et l'incarcération courte des mineurs, tout en généralisant l'implantation de centres éducatifs d'urgence.

Enfin, Jordan Bardella a redit sa volonté de ne pas permettre aux binationaux d'occuper des postes "stratégiques" dans le domaine de la défense pour "défendre les intérêts stratégiques de la Nation", sans "remettre en cause" la binationalité.

Immigration

Le sujet de l'immigration, central dans le projet du Rassemblement national ne "divise pas les Français" mais "les rassemble", estime Jordan Bardella. Il qualifie même ce thème d'"urgence" pour son potentiel gouvernement.

Pour garantir une "maîtrise de l'immigration", le président du RN a redit sa volonté de supprimer le droit du sol. Sur cette grande mesure annoncée des législatives, le RN ne donne pas plus de détails toutefois.

Il a également expliqué vouloir rétablir le "délit de séjour irrégulier" et augmenter le délai de rétention dans les centres de rétention administrative. "On est limité aujourd’hui à 90 jours. Je souhaite étendre ce délai", a-t-il défendu.

Comptes publics

Fustigeant les dépenses "irresponsables" d'Emmanuel Macron qu'il accuse de chaos budgétaire, Jordan Bardella a confirmé qu'il souhaitait le lancement d'un grand "audit des comptes de la Nation".

Jordan Bardella dit ainsi vouloir confier à une "commission du bilan" le soin de "faire la lumière sur les finances publiques et les dérives budgétaires sans précédent du pouvoir sortant". Il entend s'attaquer à des "dépenses qui favorisent l'immigration" et à "certaines niches fiscales coûteuses et abusives".

Il souhaite également l'ouverture d'états généraux économiques "dès l'automne". Il entend notamment "refaire de la France un pays de producteurs" et "créer un fond souverain" pour permettre aux Français d'investir "directement dans l'économie française".

Enfin pour faire des économies dans les comptes de l'État, le président du RN évoque par exemple la privatisation de l'audiovisuel public et la négociation d'un "rabais" avec l'UE.

Réforme des retraites

Estimant avoir été "caricaturé" sur ses positions concernant la réforme des retraites (qu'il a d'abord expliqué vouloir supprimer avant de rétropédaler), Jordan Bardella a assuré que la retraite à 60 ans sera de retour "dès l'automne" pour certains Français. Le candidat à Matignon explique vouloir "privilégier les carrières longues".

Ainsi, selon le RN, les Français qui ont commencé à travailler à 20 ans et qui comptabilisent 40 annuités pourront de nouveau bénéficier de la retraite à 60 ans. "L'objectif est un retour à un départ à 62 ans avec 42 annuités", a-t-il également indiqué.

Pour les autres, un "calendrier progressif" est prévu.

• "Big bang" de l'éducation

Dans sa présentation, le président du RN a insisté sur sa volonté d'instaurer une "République du respect", notamment au sein de l'école. Jordan Bardella a appelé au "big bang de l'autorité" à l'école.

Le parti à la flamme a alors donné une série de mesures pour renforcer l'ordre au sein des classes. Il s'est ainsi prononcé pour la poursuite de l'expérimentation de l'uniforme à l'école et pour l'interdiction des téléphones portables. Il souhaite aussi rendre obligatoire le vouvoiement et mettre fin du collège unique pour un collège dit "modulaire" afin de valoriser les voies techniques et manuelles.

Enfin, concernant les élèves considérés comme "perturbateurs" ou "harceleurs", le RN prévoit une politique de tolérance zéro. Il souhaite ainsi la suspension des allocations et des bourses pour les élèves perturbant le déroulé des cours, des sanctions plancher pour les conseils disciplinaires et compte développer les centres spécialisés d'éducation. Enfin, Jordan Bardella prône la protection fonctionnelle automatique des enseignants.

• Relancer la natalité

Inquiet de la situation démographique, Jordan Bardella veut instaurer une série de mesures pour relancer la natalité.

Il propose ainsi une "part fiscale pleine pour le deuxième enfant". Il a également annoncé la suppression des impôts de succession pour les familles modestes.

• Simplifier l'administration

Le prétendant à Matignon a évoqué la nécessité de simplifier le mille-feuille administratif français. Pour ce faire, il souhaite l'ouverture d'"états généraux de la simplification". Il demande dans ce cadre une pause réglementaire des sur-transpositions européennes.

Selon lui, une réforme de la gestion des politiques de santé est également nécessaire. En remplacement d'une gestion régionale "déconnectée", Jordan Bardella souhaite une gestion sanitaire départementale et que cette dernière soit directement coordonnée par les préfets. Pour "débureaucratiser la santé", il demande la suppression des Agences régionales de santé (ARS).

Le Rassemblement national compte enfin rétablir "la haute fonction publique", du "corps diplomatique et préfectoral", supprimée par Emmanuel Macron. Il y voit une façon de rétablir un "État fort" dans son rôle "d'arbitre et de garant".

• L'Ukraine

Jordan Bardella a rappelé lors de cette conférence de presse qu'il était favorable à la poursuite du soutien logistique et défensif à l’Ukraine. Il refuse en revanche d'envoyer des missiles longue portée ou du matériel militaire, ce qui "pourrait avoir les conséquences d'une escalade" en frappant "directement des villes russes".

"Je crois que cela créerait les conditions d’abord d’une ingérence de la France et les conditions d’une escalade face à une puissance qui est une puissance nucléaire", a ainsi alerté le prétendant au poste de Premier ministre.

Enfin, il a insisté sur sa ligne rouge infranchissable: celle de l'envoi de troupes au sol à laquelle le RN redit son opposition.

Article original publié sur BFMTV.com