Mélenchon Premier ministre? Les figures de gauche ne disent pas non, mais ont déjà des alternatives

Jeudi 13 juin au soir la fumée blanche est sortie. Le "Nouveau Front Populaire", comme solution à gauche pour empêcher la victoire du Rassemblement national aux législatives, est né. Il va bientôt devoir faire émerger sa figure capable d'incarner le mouvement à Matignon en cas de victoire de la gauche. Et un nom est sur toutes les lèvres: Jean-Luc Mélenchon.

Malgré ses désaccords avec La France insoumise, l'ex-tête de liste PS-Place publique aux européennes, Raphaël Glucksmann, a affirmé ce vendredi 14 juin sur France inter qu'"il faut une personne qui fasse consensus".

Cette personne "ne sera pas" le leader insoumis, a déclaré le vainqueur à gauche des européennes. "Il y a d'autres figures infiniment plus consensuelles", a-t-il souligné.

À la place du fondateur de LFI, l'eurodéputé socialiste préfère citer son député François Ruffin, les socialistes Boris Vallaud et Valérie Rabault ou encore, à la surprise générale, l'ex-leader de la CFDT, Laurent Berger.

Glucksmann propose Laurent Berger

Au lendemain du soir des européennes, celui qui rafle près de 13% des voix, devenant de ce fait la troisième liste du scrutin, affirme que l'union ne suffira pas. Pour compléter l'accord du PS, d'EELV, de LFI, du PCF et du NPA, il faut à Matignon une figure qui fait l'union dans la société. De proposer alors l'artisan des négociations pour contrer la réforme des retraites voulu par Emmanuel Macron.

"Je pense qu’il y a une figure de la société civile qui est capable d’apaiser, qui est l’antithèse du président actuel, qui ne jouera pas avec les institutions, qui réconciliera les Français, qui portera un projet de justice sociale et d'écologie. Oui, je pense à Laurent Berger", a ainsi déclaré Raphaël Glucksmann sur France 2 le lundi 10 juin.

François Ruffin s'en sent "capable"

Très vite après l'annonce des résultats des européennes, François Ruffin a posé les premières pierres d'un rassemblement à gauche. Après avoir été à l’origine de la reprise du nom "Front Populaire" pour organiser l'union des gauches aux législatives, il a lancé dans la foulée une pétition auprès des électeurs.

Quelques heures et des centaines de milliers de signatures plus tard, c'est aux directions socialistes, écologistes et communistes de se rallier à son idée, très suivies par les insoumis.

Son action lui vaudra-t-elle une place de choix au sein du Nouveau Front populaire? Le député de la Somme jouit en tout cas d'une position assez indépendante des mélenchonistes au sein de la famille insoumise. Ainsi que d'une popularité notoire à gauche. De quoi entrevoir une ouverture des portes de l'hôtel de Matignon en cas de victoire de la gauche?

"Je m'en sens capable", a déclaré le député de la Somme pour ceux qui le plébisciteraient.

"Si jamais il y a un consensus qui devait aboutir à un nom (de Premier ministre), je suis prêt à prendre la place qu'on voudra pour transformer la vie des gens", a-t-il assuré au micro de France Bleu.

"Quel que soit le poste que je puisse occuper, si c'est à Matignon comme Premier ministre, pourquoi pas. Mais si c'est comme ministre des Sports et que je parviens à donner le sport pour tous, pour tous les enfants de notre pays, j'en serai fier", a-t-il ajouté.

Roussel, Premier ministre "populaire, rassembleur, bienveillant"?

Même enthousiasme du côté du leader communiste. Évoquant les divers noms possibles pour le poste de Premier ministre en cas de victoire de la gauche aux législatives anticipées, Fabien Roussel a estimé sur RTL qu'il existe "plusieurs" profils possibles.

"Il faudra un Premier ministre populaire, rassembleur, bienveillant, qui parle à tout le monde", a dit-il jeudi 13 juin, pendant les dernières tractations pour aboutir au Front Populaire. Un descriptif qui ne semble pas, dans l'esprit du communiste, correspondre au profil de Jean-Luc Mélenchon. Mais qui pourrait lui ressembler à lui.

"Bien sûr, je fais partie (des aspirants à Matignon) comme d'autres", a-t-il affirmé.

"Ce qui compte aujourd'hui, c'est d'abord de présenter aux Français notre programme, d'avoir une majorité et le plus de députés possibles", a-t-il toutefois soutenu.

Qu'en dit le principal intéressé?

Pendant la campagne des législatives de 2022, le nom de Jean-Luc Mélenchon était sur toutes les lèvres à gauche. Après avoir fini troisième au premier tour de la présidentielle avec 22% des voix, le candidat avait fait acte de candidature pour le poste de Premier ministre, poussé par l'alliance de la Nupes.

Si Jean-Luc Mélenchon s'est bien dit mercredi 12 juin sur France 2 "capable" d'être à la tête d'un gouvernement de gauche en cas de victoire du nouveau "Front populaire" aux élections législatives anticipées 2024, il a appelé à "attendre" le résultat du scrutin.

"Je sais quelle est ma contribution à la vie de la gauche. Je dis la chose suivante: on va en rester à la formule qu'a proposée Olivier Faure (le chef des socialistes), c'est le groupe parlementaire le plus important qui propose un Premier ministre", a déclaré le triple candidat à la présidentielle sur France 2.

"Je ne m'élimine pas, mais je ne m'impose pas", a également précisé le fondateur de La France insoumise. Il a d'ores et déjà décliné l'invitation des chaînes de télévision à débattre avec le duo Attal-Bardella.

"Je remercie TF1 et France 2 pour leur invitation aux débats avec Attal et Bardella. Le nouveau Front populaire n'a pas encore désigné son candidat Premier ministre", a-t-il expliqué.

Article original publié sur BFMTV.com